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L’armée de Terre souffre de fragilités capacitaires « majeures »


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Il est à espérer que la « remontée en puissance » des Armées que laisse entrevoir le projet de loi de programmation des finances publiques pour les prochaines années ne soit pas compromise par les coups de rabot budgétaires dont on a l’habitude à chaque fin de gestion. (Et sur ce point, l’on peut nourrir quelques craintes).

Pour rappel, après une hausse de 1,8 milliards d’euros pour 2018, il est prévu d’augmenter le budget des armées de 1,7 milliard par an, jusqu’en 2022. Or, aussi important soit-il, cet effort reste insuffisant pour atteindre, en 2025, les 50 milliards d’euros de dépenses militaires, promis par le président Macron lors de la course à l’Élysée. Sauf à y « mettre le paquet » pendant les trois années suivantes.

Au passage, cette somme de 50 milliards ne correspondra probablement pas à un effort équivalent à 2% du PIB… étant donné que ce dernier, sauf grave crise économique grave, augmentera d’au moins 1,5% par an (en tout cas, c’est le but des mesures prises par le gouvernement). En un mot, cela veut dire que les Armées pourrait s’attendre à davantage. Mais on n’en est pas encore là.

Car pour le moment, il s’agit de remédier à des fragilités capacitaires inquiétantes.

Ainsi en est-il pour l’armée de Terre. Selon le rapport pour avis que vient de rendre le député Thomas Gassilloud, ces dernières, majeures, sont de nature à limiter « à court et moyen terme la protection et la réactivité des forces en opérations, ainsi que leur niveau d’activité et de préparation opérationnelle avant l’engagement. »

Première fragilité, qui n’est pas vraiment une surprise : le segment des blindés médians, comme les chars AMX-10RC et ERC-90, ou encore les VAB. « Leur disponibilité technique est particulièrement faible et le coût de leur maintien en condition opérationnelle [MCO] est celui de matériels ‘en fin de vie' », note le député.

Et cela pose deux problèmes : le faible nombre de véhicules disponibles sur le territoire national rend compliqué la préparation opérationnelle des forces et le maintin de blindés vieillissants « conduit à engager en OPEX [opérations extérieures, ndlr] des véhicules dont les standards de protection sont dépassés. » D’où la nécessité d’accélérer le programme SCORPION, avec de recevoir au plus vite les Jaguar et autres Griffon.

Plus préoccupant : la réduction temporaire de capacité dans le domaine de l’artillerie. Selon son contrat opérationnelle, l’armée de Terre doit disposer de 109 canons, dont 77 camions équipés d’un système d’artillerie (CAESAr) et 32 AUF1, ces derniers devant être indisponibles d’ici 2025, c’est à dire demain.

Cela étant, les canons AUF1 ne sont plus utilisés en opérations, « en raison des contraintes opérationnelles que fait peser leur mobilité limitée sur les théâtres d’OPEX des dernières années », note le rapport. Du coup, les CAESAr sont sur-sollicités, notamment avec l’opération Chammal. « Sur les 77 canons en parc, 27 sont trop usés pour être réemployés avant de lourdes opérations de maintenance », souligne le rapport. Soit plus d’un tiers.

Quant à l’arme du Génie, elle dispose de matériels désormais trop anciens. « Les engins blindés du génie (EGB) sont actuellement l’unique moyen de déblaiement puissant dont dispose la force opérationnelle terrestre, mais leurs obsolescences sont nombreuses », relève le député. Aussi, ajoute-t-il, « l’armée de Terre plaide donc en faveur d’un remplacement rapide de ces capacités, à partir de 2023, par le module d’appui au contact (MAC) prévu au titre de l’étape 2 du programme SCORPION. »

S’agissant des moyens de transport, rien n’est actuellement prévu pour remplacer les camions GBC, à bout de souffle après 40 ans de service.

Les moyens C4ISR (pour Computerized Command, Control, Communications – Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) de l’armée de Terre ont des faiblesses. Le rapport fait état d’une « rupture technique sur les réseaux de transmission de théâtre liée à la fin de vie du système de réseau intégré des transmissions automatiques (RITA) », d’une « insuffisance du nombre de plots du système de drone tactique (SDT) disponibles pour répondre aux besoins », d’une « très forte sollicitation opérationnelle des moyens tactiques de renseignement d’origine électromagnétique » et, enfon, d’un « manque de radars dits ‘de déconfliction’, nécessaires à la maîtrise des approches aériennes pour le combat aéroterrestre. »

Autre lacune identifiée, qui n’est pas nouvelle : le sous-investissement en faveur des « petits » équipements dits de cohérence. Manquant de visibilité par rapport aux grands programmes d’armement, ils passent souvent à la trappe quand il s’agit de grappiller quelques euros. « Les ‘petites’ d’opérations d’équipement ont été négligées dans la programmation militaire en cours et dans la précédente », fait observer le député.

Les fragilités concernent également les ressources humaines. Avec des effectifs d’une force opérationnelle terrestre portés de 66.000 à 77.000 hommes, l’on pourrait penser qu’il n’y a (plus) de problème. Erreur! Car en matière d’équipements, toutes les conséquences de la hausse de ce format n’ont pas été tirées, c’est à dire que les véhicules (de liaison, blindés, de transport) et des matériels spécifiques ne sont pas en nombre suffisant. Ainsi, par exemple, au 3e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa), seulement 4 compagnies sur 5 sont dotées d’équipements FELIN (fantassin à équipement et liaisons intégrés).

« Globalement, porter le format de la FOT à 77 000 hommes aurait supposé que l’ensemble du parc d’équipements ait une dimension cohérente avec celle des effectifs, et c’est pour l’heure un ‘angle mort’ de la programmation aux yeux du général Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre », souligne le député.

Enfin, les propos concernant les effectifs tenus par le général Bosser lors de son passage devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées n’étaient pas anodins, sachant que le projet de loi de programmation des finances publiques prévoit d’attribuer 1.500 postes supplémentaires au ministère des Armées.

Dans le cadre du modèle « Au Contact », l’armée de Terre aurait en effet besoin de 1.150 emplois supplémentaires pour les années 2019 à 2022 et de 3.825 de plus pour la période 2019-2025. Et cela pour trois raisons : « préserver le capital humain des forces, par un effort de revalorisation de la condition du personnel », « combler les lacunes capacitaires, qui portent aussi sur les effectifs » et « repyramider les effectifs », c’est à dire renforcer l’encadrement car, explique le rapport, « une armée d’intervention et de haute technologie suppose des compétences solides, qu’il s’agisse de compétences techniques pour les sous-officiers supérieurs ou de compétences opérationnelles pour les officiers. »

Ya Rab Yeshua.

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