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L’Europe de demain vue par la Défense britannique


BTX

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http://forcesoperations.com/leurope-de-demain-vue-par-la-defense-britannique/

Le ministère britannique de la Défense vient de publier la sixième édition d’une « brique » de 270 pages intitulée « Global Strategic Trends. The Future Starts Today ». Les tendances stratégiques globales décrivent un contexte stratégique pour la défense et la sécurité à partir du milieu du 20e siècle. Ce contexte donne lieu à une vision globale de l’avenir découlant de recherches menées par le Centre de développement, de concepts et de doctrine (DCDC).

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Pas d’apocalypse en vue mais des défis géopolitiques, énergétiques, climatiques et autres à relever, tous colossaux (Illustration : O Universo)

Selon les analystes du DCDC, nous sommes à un point d’inflexion car si de nombreuses tendances futures sont familières (stress environnemental et évolution démographique, accélération du changement technologique, importance croissante de l’information, renforcement du pouvoir humain et transitions nationales et internationales dans les domaines économique, politique et militaire), l’accélération sans précédent de la vitesse du changement génère des interactions toujours plus complexes entre ces tendances. Là, on se trouve devant de nombreuses et parfois inquiétantes inconnues. Leur effet cumulatif représente un défi stratégique qui nécessite une réponse stratégique. Seule une capacité accrue d’innovation et d’adaptation permanentes nous permettra de les résoudre. Et encore…

Comme l’écrivent pertinemment les rédacteurs du DCDC, il s’agit de créer, inventer, concevoir, introduire de nouveaux processus, de nouvelles façons de penser, de nouvelles formes de leadership (là, il y a un fameux travail à réaliser !) et de gestion permettant d’adopter de nouvelles idées, d’exploiter et d’intégrer de nouvelles technologies, transformant notre système actuel en un système en permanence innovant, adaptable, réactif et proactif. Nous devons explorer de nouveaux moyens de trouver des solutions rapides et pertinentes aux menaces futures et imprévisibles, être prêts à exploiter des opportunités éphémères. Cela implique de changer notre façon de penser, d’agir et d’acquérir du matériel, d’exercer le commandement, de diriger. L’ampleur du défi multiforme est celle d’un changement complet de paradigme dans la nature du conflit. D’où la seconde partie du titre donné au document utilisé en référence : l’avenir commence aujourd’hui.

Intéressons-nous à l’un des chapitres, en l’occurrence celui consacré à notre bonne vieille Europe.

Celle-ci n’est certes pas en déclin généralisé mais il est évident, depuis longtemps, que sa puissance historique décline depuis 1945. Jusqu’où ? Qualificatif intéressant donné par le DCDC, cette puissance se maintiendra, considérable, mais « douce » – entendez moins agressive que celle des Etats-Unis ou de la Chine, par exemple – et en dépit d’une part encore décroissante dans l’économie mondiale. Soulignons au passage que, en Europe du moins, le nombre d’acteurs politiques qui contestent la pertinence du modèle économique de croissance est en constante augmentation, vu les dégâts causés par l’économie de marché et les inégalités croissantes qui en résultent. La croissance de la productivité devrait rester faible et le chômage pourrait augmenter, ce que les « experts » européens de toutes obédiences confirment.

Néanmoins, à condition d’adapter certains modes de fonctionnement, les Européens devraient rester relativement riches par rapport aux habitants de la plupart des autres régions du monde, les pays émergents ne cessant… d’émerger dans un chaos économique et géopolitique préoccupant. Adeptes de la méthode Coué de tous pays, unissez-vous ! D’ailleurs, comme l’aurait dit Monsieur Jourdain, le voisinage de l’Europe devrait rester difficile, alors que le Moyen-Orient et l’Afrique connaîtront une croissance démographique rapide et une instabilité qui contraindra la migration vers l’Europe. L’attitude ferme de pays comme la Hongrie deviendra sans doute intenable : on n’arrête pas un tsunami avec des clôtures… Et tant qu’un homme fort comme Vladimir Poutine sera aux commandes, directement ou via des hommes de paille, les relations de l’Union européenne avec la Russie devraient également rester difficiles.

L’impact de ces facteurs ne sera pas uniforme dans les vingt-sept pays de l’Union européenne (plus vingt-huit : faisons semblant que le Brexit aura bien lieu en 2019) ; le sud et l’est de l’Europe seront plus durement touchées par la faible croissance économique, le changement climatique et le vieillissement de la population. Un clivage entre l’Europe du nord et de l’ouest, plus riche, plus compétitive et au climat plus tempéré, et les plus pauvres du sud et de l’est menace déjà la cohésion européenne. Les problèmes engendrés par la gestion des flux migratoires et le budget italien n’en sont que des indices. En outre, la plupart des gouvernements seront confrontés au vieillissement de la population et à la demande croissante de dépenses supplémentaires en matière d’aide sociale.

Les climatologues le crient depuis longtemps tous azimuts : le changement climatique aura des conséquences profondes dans tous les pays européens, sud en tête. Les projections climatiques font apparaître une nette augmentation des températures extrêmes, des sécheresses et des épisodes de fortes précipitations, avec un accroissement des inondations graves comme celles auxquelles on assiste de plus en plus souvent ces dernières années (demandez l’impact aux assureurs !). Des changements dans la répartition et la configuration saisonnière de certaines infections et le risque accru de nouvelles maladies infectieuses sont plausibles. L’Europe méridionale est particulièrement vulnérable au changement climatique, de nombreux secteurs pouvant en souffrir mais d’autres en bénéficier. Se posera le problème de l’approvisionnement en eau, surtout dans le sud.

Venons-en à un sujet qui intéresse plus précisément Forces Operations : le pétrole brut dominera encore un bon moment les importations d’énergie de l’UE avec une part de 69% en 2017, suivi du gaz naturel avec 20%.

En 2017, la Russie était le plus gros fournisseur de pétrole et de gaz de l’UE, devant la Norvège. Si la dépendance énergétique persiste comme prévu, l’Europe importera 93% de son pétrole et 83% de son gaz en 2030, principalement en provenance de Russie et de Norvège, ainsi que du Moyen-Orient. L’UE et la Russie ont une relation énergétique interdépendante qui devrait perdurer au cours des vingt à trente prochaines années : l’Europe a besoin de l’énergie russe et la Russie a besoin de l’argent européen. Le maintien du rythme actuel de développement des énergies renouvelables dans l’ensemble de l’Europe permettrait à l’UE d’atteindre son objectif de générer au moins 27% de sa consommation finale brute d’énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030. Mais bon, il est devenu un lieu commun que d’en appeler au développement des énergies renouvelables – dont la géothermie est stupidement ignorée ou presque, alors qu’elle est la seule qui soit stable tout au long de l’année – et les industries de défense n’y recourent encore que très marginalement. Idem pour nos forces armées. Une réelle tendance inverse aurait de quoi réjouir quelque 520 millions d’Européens !

Ya Rab Yeshua.

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