Aller au contenu
Aumilitaire
  • Rejoignez Aumilitaire

    Inscrivez vous aujourd'hui et recevez le guide gratuit Aumilitaire

     

Comment le COS réduit la charge du combattant


BTX

Messages recommandés

http://forcesoperations.com/comment-le-cos-reduit-la-charge-du-combattant-1ere-partie/

http://forcesoperations.com/comment-le-cos-reduit-la-charge-du-combattant-2eme-partie/

Ne jamais se fier aux apparences… tel pourrait être l’un des credo du COS, dont la taille du stand au 1er Forum Innovation Défense était inversement proportionnelle à l’excellence du portfolio présenté. De celui-ci semblait notamment émerger deux tendances marquantes : l’allègement et la maniabilité des systèmes. Chacune des technologies exposées aurait largement mérité d’être présentée en ces lignes, mais allons devoir, comme souvent, faire un choix difficile et nous concentrer sur deux exemples marquants d’innovations participatives : le kit de bréchage léger Suprakor « Croix de Lorraine » et le drone V-COAX.

46700022_2086853224959258_47675752151001

Le « coeur » du kit Suprakor CL, le pied télescopique n’est visible que partiellement.

Passer à travers les murs relevant toujours de la science-fiction, les forces spéciales restent tributaires de systèmes de bréchage pour assurer une entrée « fracassante » en contournant des portes et fenêtres potentiellement piégées. Mais ces systèmes doivent aujourd’hui évoluer pour correspondre « à l’actuelle stratégie très agressive de réduction des charges portées par le combattant menée par le ministère des Armées », nous explique l’un des créateurs du Suprakor, fort de 21 années de COS dont 12 de bréchage. « Le poids et la portance des systèmes disponibles sont clairement devenus handicapants pour l’opérateur », ajoute-t-il à juste titre.

Lourds et encombrants, les systèmes disponibles dans le commerce ou conçus « artisanalement » sont également trop complexes et mettent en péril le diptyque « rapidité et réactivité » inhérent aux opérations spéciales. En juin dernier, les quatre membres de la cellule « Explosifs » du 1er RPIMa, assistés de la Cellule équipements-prospective, ont dès lors pris le problème à bras le corps. Cinq mois de recherches et un essai concluant plus tard, le kit de bréchage « Croix de Lorraine » est pratiquement mature. Le tout, soutenu par un investissement de près de 100 000€ dégagé par Suprameca. Un partenaire des plus légitimes, la PME varoise étant experte dans l’ingénierie et la réalisation d’équipements utilisant une source énergique d’origine pyrotechnique.

Après cinq mois de développement, les objectifs sont déjà pratiquement déjà atteints. « La masse a été réduite à 3,2 kg hors-charges, l’encombrement est minimal grâce au principe du kit et la durée de montage de deux à trois minutes », se félicite notre interlocuteur. Fini les clous, marteaux, et autres pinces, la phase de montage ne nécessite qu’un tournevis en croix, voire une simple lame de couteau, pour assembler la vingtaine de pièces. L’ensemble est recouvert de velcro, permettant à l’artificier de fixer rapidement les charges, les amorces et le boîtier d’initiation à six voies tout en optimisant leur disposition en fonction de l’obstacle à franchir.

Non content d’améliorer l’aisance de mouvement de l’opérateur, ce kit de bréchage se veut également plus sûr. Sa composition en alliage de plastiques réduit en effet drastiquement la fragmentation du système lors de l’explosion. Le module se transporte en outre non amorcé et rend la phase d’assemblage bien moins délicate.

Reste à affiner certains détails avant d’entamer une éventuelle phase d’industrialisation menée par Supramecar, facilitée par la standardisation des différentes pièces. « La question du placement des charges peut encore être aiguisé » quand « le poids peut sans doute être réduit à 2,5 kg, voire 2 kg, sans toucher ni à la rigidité ni à la facilité d’assemblage », nous indique-t-on. Un second test est prévu en décembre afin de valider de futures améliorations.

Inutile de dire que le kit Suprakor CL risque d’intéresser plus d’une unité spéciale, tant en France qu’à l’étranger. Le Special Forces Group belge, notamment, « à la pointe en matière de bréchage », entretient des liens privilégiés avec le 1er RPIMa, nous explique-t-on. Chaque année, durant une semaine, les deux unités se retrouvent pendant une semaine pour échanger sur leurs expériences respectives. Gageons que le Suprakor CL se retrouvera bientôt au cœur des discussions et exercices communs.

Et pourquoi ne pas imaginer, in fine, une « Croix de Lorraine » fabriquée par impression 3D directement sur le théâtre d’opération en fonction du besoin ? De l’imagination au terrain, il n’y a là qu’un pas que la cellule « Explosifs » du 1er RPIMa est déjà en train de franchir.

Seconde partie de notre zoom consacré aux innovations présentées par le COS au 1er Forum Innovation Défense et susceptibles de diminuer la charge du combattant. On quitte le plancher des vaches avec le mini-drone V-COAX, conçu par le lieutenant-colonel François. Léger, endurant et compact, ce démonstrateur pourrait bientôt chambouler les doctrines d’emploi des mini-drones en service dans les forces spéciales françaises.

FOB_FID_2018_V_COAX_0011-640x506.jpg

Le V-COAX avec son rotor coaxial déployé. La charge utile est visible à la base du drone

Tout démarre d’un brevet déposé en 2012 par le lieutenant-colonel François pour un rotor coaxial sur plateaux oscillants. S’ensuivent cinq années de développement pendant lesquelles cet officier d’état-major crée et assemble, pendant son temps libre, les cartes mères, les circuits intégrés et la structure en carbone. De quoi attirer l’attention de la DGA qui lui octroie, en 2017, un financement de 30.000€ dans le cadre du programme « Mission d’Innovation Participative ». Une vingtaine de configurations différentes et quelques petits accidents plus tard « tout particulièrement lors de la délicate phase de récupération manuelle », le V-COAX est aujourd’hui parvenu au stade du démonstrateur.

S’il doit encore être affiné puis militarisé, ce mini-drone présente d’ores et déjà des caractéristiques impressionnantes, à commencer par son endurance. Sa batterie Li-Ion, « clipsable » d’un simple geste, fournit en effet une autonomie d’une heure, contre 15-20 minutes pour un drone quadricoptère « classique ». Limitée à 60 grammes, la charge utile se compose d’une paire de capteurs visibles et thermiques HD gyrostabilisés, le second étant basé sur une caméra infrarouge Boson, dévoilée en 2014 par FLIR. Les données sont transmises par liaison chiffrée dans un rayon de 5 km. Mais le V-COAX ne se contente pas de « voir », il discrimine également. De fait, la fusion des données multicapteurs permet d’entourer les zones de chaleur en rouge et de pointer les menaces difficilement discernables de jour, tel un adversaire caché par des arbres. « Un atout non négligeable lorsqu’il faut localiser une cible dans un paysage monochrome, à l’image du Sahel », explique le lieutenant-colonel François.

L’ensemble pèse moins d’un kilogramme et reste confiné dans un volume particulièrement compact grâce, notamment, à des ailes rétractables et un rotor inclinable à 45°. C’est également cette capacité d’inclinaison du rotor, limitée à -/+ 45° pour d’évidentes raisons de stabilité, qui autorise à passer instantanément du mode stationnaire au déplacement horizontal. Cette configuration inédite lui confère non seulement une vitesse maximale de 50 km/h, mais également une étonnante stabilité jusqu’à des vents de force 5 (+- 10 m/s).

Et le nano-drone Black Hornet, adopté par le COS en 2016, nous direz-vous ? Si celui-ci remporte logiquement la bataille de l’encombrement, le V-COAX gagne celles de l’autonomie, de la vitesse et, aspect essentiel, de la charge utile. « La qualité de l’image n’est en rien comparable avec celle, plutôt médiocre, du Black Hornet », nous confie-t-on.

À l’image du système de bréchage Suprakor, le mini-drone V-COAX devrait à son tour alléger le paquetage du combattant en facilitant au passage la prise en main. Les drones à capacités égales actuellement en dotation dans les Armées nécessitent effectivement d’être transportés dans d’encombrantes valises et donc d’y affecter un ou plusieurs opérateurs. Une fois abouti, le V-COAX autorisera le binôme ou l’équipe à se désolidariser d’un tel « carcan ». « Il peut être porté par n’importe qui dans une simple poche », nous déclare son créateur. Plus léger, plus maniable, ce drone pourra dès lors passer de main en main, d’un opérateur à l’autre, en fonction des paramètres de mission. Autant d’attributs qui devraient permettre aux forces spéciales de gagner en souplesse en compensant l’apparition d’un trou capacitaire entre le Black Hornet et le futur drone tactique issu du programme SDMR, le Spy’Ranger de Thales.

Peu versé dans les « questions industrielles », le lieutenant-colonel François aura finalement misé sur le Forum Innovation Défense pour attirer les sociétés susceptibles de lancer la phase d’industrialisation. Un pari gagnant, à voir l’amoncellement de cartes estampillées « Safran », « Thales », ou encore « MBDA » récoltées en à peine 24 heures.

Ya Rab Yeshua.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

© Aumilitaire - Contact - CGU

×
×
  • Créer...