Moi à 17 ans, j'ai écrit une fausse autorisation parentale, écrit un lettre d'au revoir à ma pauvre mère et je suis parti avec mon baluchon à aubagne pour m'engager dans la légion. J'avais découvert la légion étrangère au travers du livre de paul Bonnecarrère "par le sang versé" quand j'avais 14 ou 15 ans.
Après une discution avec le recruteur, il commence à faire l'inventaire de mes affaires personnelles, et à ce moment la, il trouve dans ma trousse de toilette une ventoline. Avec sa voix grave et son accent de l'est, il me demande, c'est quoi ça ?
Je lui réponds que c'est de la ventoline car des fois je fais une légère crise d'asthme mais que cela ne m'avait jamais empêché de faire du sport et d'être performant. Que c'est allergique et émotionnel et que c'est très rare qu'une crise se déclenche.
Et la il me dit, tu es sûre de toi ? La légion c'est dur.
Même si j'étais très bien informé de ce que peut être la formation d'un légionnaire via mes contacts au 1er RE à aubagne. En effet, je fréquentais beaucoup le fabuleux musée de la légion ou je croisais des légionnaires avec qui j'avais sympathisé et aussi pendant les fête de Camérone. En tout cas, le recruteur à quand même réussi à semer le doute chez moi.
Et là, dans ma tête, tout y est passé. Ma mère, la mort, la culpabilité de laisser ma mère comme ça sans prévenir, le courage, mes amis, ma famille, la confiance en moi, l'honneur, la fierté, ma petite copine, l'avenir, la maturité, l'immaturité, la lâcheté, la honte, mon petit confort de civil, l'égoïsme, la facilité, la difficulté, la vie, le passé, le futur, mes rêves, mes projets, la peur etc...
Le recruteur ma laissé le temps d'y réfléchir, le temps qu'il aille chercher un supérieur pour lui demander au sujet de la ventoline. A son retour, le supérieur me dit, tu fais comme tu veux.
Finalement après court circuit du cerveau, je n'ai pas franchit le pas. Je suis rentré chez moi et j'ai retrouvé ma mère en pleur mais heureuse de me revoir.
Avec le recul, mon analyse est que je n'étais pas assez mûr et j'ai eu peur de quitter le confort du cocon familial. Par contre, sincèrement, si je n'avais pas eu la ventoline sur moi, je pense que j'aurais signé car le recruteur ne m'aurait pas mis le doute et laisser le temps de réfléchir. Comme quoi, la vie ça ne tient à rien.
Pareil à 18 ans, je ne me suis pas rendu à la convocation des 3 jours à lyon après avoir rempli le dossier pour m'engager dans l'armée de terre.
En tout cas moi j'admire et je respecte les mecs comme toi Pierre. Car à cet âge pas facile de savoir qu'est ce qu'on veut, qui on est et où on va.
Je me console en me disant que sans cela, je n'aurais jamais été le papa de ma gentille petite fille.