Effectifs : Le Drian gagne une bataille, mais récolte un casse-tête budgétaire
C'est à bord du Falcon qui l'emmenait mercredi 14 janvier à Toulon que François Hollande a annoncé à Jean-Yves Le Drian sa décision de «revenir sur le rythme de réduction des effectifs» militaires......................S'il a gagné une bataille, Le Drian n'a pourtant pas gagné la guerre... avec Bercy. Car la mise en oeuvre de la promesse présidentielle, confirmée publiquement lors de la cérémonie des voeux aux armées sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, va s'avérer compliquée.
Dans son discours, le chef de l'Etat a dit trois choses pas forcément compatibles :
1)le «rythme» des suppressions de postes doit être «réduit, revu et adapté».
2)les commandes d'équipements seront «préservées» et «tout sera exécuté comme il est prévu» par la loi de programmation militaire.
3)le budget de la défense est «sanctuarisé» à 31,4 milliards et «ces ressources seront strictement maintenues».
Si l'on résume : on dépensera un peu plus pour le personnel, autant pour les équipements, mais l'enveloppe globale ne bougera pas. Débrouillez-vous avec cette feuille de route. Le ministère de la Défense a jusqu'à lundi pour faire des propositions et les décisions seront prises mercredi lors d'un conseil de défense à l'Elysée.
Pour l'heure, il n'est question que de ralentir le rythme des 33675 suppressions de postes prévues de 2014 à 2019, soit une nouvelle baisse de 12% des effectifs. Les réductions prévues étaient les suivantes : 7500 en 2015, 7397 en 2016 et autant en 2017, 3500 en 2018 et aucune en 2019, pour atteindre un effectif de 242279 militaires.
Mercredi 14 janvier, le ministère de la Défense annonçait que 28000 militaires étaient déployés dans les diverses opérations extérieures et intérieures, dont 10500 sur le territoire national.
Reste qu'il va falloir financer ce coup de frein aux fermetures.
Pour l'heure, une piste est explorée - celle des «sociétés de projets», que le chef de l'Etat souhaite «mettre en oeuvre dès cette année». Au terme d'un montage complexe, il s'agirait de louer des matériels militaires à des sociétés de portage créées pour l'occasion. Ce tour de passe-passe donne des aigreurs à Bercy, mais il pourrait soulager temporairement le budget de la défense de 5,5 milliards sur la période 2015-2017, selon Jean-Yves Le Drian.
Autre piste évoquée : convaincre Bruxelles - et Angela Merkel - d'exclure les crédits militaires du déficit des finances publiques. «Une tarte à la crème», reconnaît-on à la Défense, où l'on ne se fait aucune illusion sur les chances d'y aboutir.
Actualisé : le JDD puis les Echos annoncent que le gouvernement devrait dégager 400 ou 500 millions d'euros supplémentaires pour la sécurité. Réponse (sur ce blog), mercredi, à l'issue du conseil de défense qui se tiendra à l'Elysée à 12h30.
http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/effectifs-drian-gagne-bataille-recolte-casse-tete-budgetaire-20486