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Mentir en s'engageant ?


Sociostrasb

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Bonsoir à tous, quelques mots de présentation avant de poser ma question :

Je lis beaucoup de témoignages d'engagés volontaires, hélas déclarés inaptes pour port de visses/plaques/broches quelconques. Dans 99% des cas, la certitude profane que leur matériel médical n'était ni un danger, ni un problème, doublait leur déception.

C'est précisément cela qui m'intrigue. J'ai personnellement des cousins/oncles et désormais une sœur aux carrières militaires plus ou moins longues, et qui poursuivent dans le civil des activités sportives (les ultra-marins savent de quoi je parle...). Bref : souvent des blessures aux poignets, aux talons... – toutes les zones sensibles qui inquiètent les recrues et nécessitent parfois la pose desdites broches. Le temps de guérir, parfois quelques mois, dans un cas plus d'une année, aucun n'a été pris.

D'où mon interrogation : pourquoi tous les déçus des visites médicales ont-ils reconnu devant le médecin qu'ils présentaient des motifs disqualifiants, parfois après de nombreux efforts, et toujours en connaissance de cause ? Sont-ils tous passés au détecteur à broches...?

N'y-a-t-il pas un taux de blessés mieux informés qui le cachent ? J'ai du mal à penser que, dans la part de la population la plus physiquement active, il n'y ait pas un taux de blessés domestiques proportionnel, et donc des « grands muets » des visites médicales qui puissent m'éclairer.

J'aimerais me faire une idée pour un éventuel mémoire de sociologie sur le rapport des engagés aux règlements médicaux, au corps et à l'éthique de l'engagement ; mais le cercle familial n'est jamais une source suffisante... Je précise que je ne cherche pas de l'information brute avec sources, coordonnées et que-sais-je (j'ai lu le règlement) : seulement une discussion, des échos ; peut-être même votre avis sur de telles pratiques ? Histoire que mon projet (actuellement en gestation) trouve des pistes avant de passer aux choses sérieuses l'année qui vient.

Merci !

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Il y a 13 heures, Sociostrasb a dit :

D'où mon interrogation : pourquoi tous les déçus des visites médicales ont-ils reconnu devant le médecin qu'ils présentaient des motifs disqualifiants, parfois après de nombreux efforts, et toujours en connaissance de cause ? Sont-ils tous passés au détecteur à broches...?

[...]

J'aimerais me faire une idée pour un éventuel mémoire de sociologie sur le rapport des engagés aux règlements médicaux, au corps et à l'éthique de l'engagement ; mais le cercle familial n'est jamais une source suffisante... Je précise que je ne cherche pas de l'information brute avec sources, coordonnées et que-sais-je (j'ai lu le règlement) : seulement une discussion, des échos ; peut-être même votre avis sur de telles pratiques ? Histoire que mon projet (actuellement en gestation) trouve des pistes avant de passer aux choses sérieuses l'année qui vient.

Merci !

Qu'est ce qui pousse quelqu'un à dire la vérité alors que celle-ci n'est pas dans son intérêt ? Vaste question qui transcende largement la simple problématique d'un questionnaire médical, celui-ci n'étant qu'une illustration, pour se porter sur celle du rapport avec la vérité.

Ayant étudié partiellement la psychologie criminelle dans le cadre de mes études, je dirais, selon mon point de vue, que cela tient surtout de l'éducation et du rapport que l'on du bien par rapport au mal. Freud avait posé le principe selon lequel l'honnêteté affichée tient d'un déséquilibre entre le ça et le sur-moi au profit de ce dernier. Michel Foucault pour sa part avait observé que les individus introduits dans des institutions disciplinaires (école, prison, armée) se conforment naturellement aux codes et consignes (chose qui a été mise en pratique par Milgram dans ses fameuses expériences).

En conjuguant tout cela, on peut dire qu'il faut un ça extrêmement développé, et donc abstraitement peu adapté aux impératifs de la vie militaire, pour aller à l'encontre d'une consigne que l'on sait capital. Si l'on ajoute à cela l'âge relativement jeune des recrues, et donc implicitement un manque de recul utilitariste et une prédisposition à se conformer aux règles, mentir face à un médecin militaire devient un exercice particulièrement complexe.

Il n'est donc pas étonnant (et je l'ai personnellement observé lors de mon propre passage en GRS), de voir arriver benoitement de jeunes recrues, carnet de santé émaillé de moult pathologie et radiographies montrant de belles broches et fractures sous le bras, avant de repartir le lendemain dépité pour inaptitude définitive.

Pourtant, et c'est le paradoxe, nombreux sont les CeR qui conseillent de ne pas trop en dire lors du passage en GRS. Même si le conseil est contestable, il faut dire que depuis quelques années les causes d'inaptitudes ont été renforcées, notamment en relevant les barèmes du SYGICOP. L'instruction 2100, qui est la bible des médecins militaires, prouve que la moindre affliction peut désormais mener à bien des inaptitudes. Malgré cela, beaucoup de candidats pris dans le circuit de la DEI passent outre ces recommandations et se font recaler ... Preuve que Foucault et Milgram avaient raison !

Au final, je pense que c'est de la responsabilité morale de chaque candidat de savoir ce qu'il veut dire car, au final, c'est sa santé personnelle dont il est question, et l'armée ne peut être responsable d'un dommage qui trouve son origine dans le faute personnelle de l'agent.

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"Celui qui n'est que militaire n'est qu'un mauvais militaire, celui qui n'est que professeur n'est qu'un mauvais professeur, celui qui n'est qu'industriel n'est qu'un mauvais industriel. L'homme complet, celui qui veut remplir sa pleine destinée et être digne de mener des hommes, être un chef en un mot, celui-là doit avoir ses lanternes ouvertes sur tout ce qui fait l'honneur de l'humanité". Maréchal Lyautey.

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Je n'ai même plus besoin de travailler avec une telle réponse, merci beaucoup ! Je ne m'y attendais pas, c'était très intéressant et instructif, je note les références, les auteurs et leurs notions. Je note également le renvoi aux textes officiels (l'instruction 2100) et dont je n'avais pas connaissance, ça me facilite beaucoup, surtout qu'un ignorant de la médecine comme moi n'aurait jamais perçu que le profil médical était devenu plus sévère... Les autorités s'expliquent-elles à ce sujet ?

Je retiens également que la visite médicale importe moins comme bilan de santé que comme première mise à l'épreuve de l'obéissance. J'adore l'idée ! elle est très stimulante.

Il y a 9 heures, Cephalyx a dit :

Au final, je pense que c'est de la responsabilité morale de chaque candidat de savoir ce qu'il veut dire car, au final, c'est sa santé personnelle dont il est question, et l'armée ne peut être responsable d'un dommage qui trouve son origine dans le faute personnelle de l'agent.

Sur ce dernier point, j'ai cru comprendre que l'Armée serait responsable juridiquement si une recrue venait à souffrir d'une blessure qu'elle aurait pris la décision de cacher ? ça me paraît tellement improbable (pour ne pas dire injuste). Mais peut-être ai-je mal lu ?

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Le 27/01/2017 à 21:42, Sociostrasb a dit :

Je n'ai même plus besoin de travailler avec une telle réponse, merci beaucoup ! Je ne m'y attendais pas, c'était très intéressant et instructif, je note les références, les auteurs et leurs notions. Je note également le renvoi aux textes officiels (l'instruction 2100) et dont je n'avais pas connaissance, ça me facilite beaucoup, surtout qu'un ignorant de la médecine comme moi n'aurait jamais perçu que le profil médical était devenu plus sévère... Les autorités s'expliquent-elles à ce sujet ?

Ce n'est pas difficile à expliquer. Depuis la fin de la conscription, l'armée fait face à une vague d'inaptitude en cours de service. Il est donc logique que celle-ci durcissement les barèmes médicaux à l'engagement.

Le 27/01/2017 à 21:42, Sociostrasb a dit :

Sur ce dernier point, j'ai cru comprendre que l'Armée serait responsable juridiquement si une recrue venait à souffrir d'une blessure qu'elle aurait pris la décision de cacher ? ça me paraît tellement improbable (pour ne pas dire injuste). Mais peut-être ai-je mal lu ?

Sans entrer dans les affres de la responsabilité administrative qui dépasse le cadre de ton étude, juridiquement responsable ne veut pas dire que l'armée a commis une faute, mais qu'elle est pécuniairement redevable en cas de blessure subie pendant le service. Ensuite, il y a tout le jeu des subrogrations et des mécanismes assurantiels qui vont jouer un rôle de correctif dans le montant alloué en rapport avec la faute de la victime.

"Celui qui n'est que militaire n'est qu'un mauvais militaire, celui qui n'est que professeur n'est qu'un mauvais professeur, celui qui n'est qu'industriel n'est qu'un mauvais industriel. L'homme complet, celui qui veut remplir sa pleine destinée et être digne de mener des hommes, être un chef en un mot, celui-là doit avoir ses lanternes ouvertes sur tout ce qui fait l'honneur de l'humanité". Maréchal Lyautey.

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  • 2 years later...

Par curiosité,que risque le candidat s'il cache une pathologie "bénigne" mais entrainant quand même une inaptitude?si ce n'est être définitivement banni des différentes armées...

Les candidats devraient avoir la possibilité pour ces pathologies de signer une décharge stipulant qu'en cas de soucis,en lien avec cette pathologie,l'armée se dégage de toute responsabilité.Du coup c'est à leurs risque et péril..

D'autant que le dernier bulletin des armées concernant le SIGYCOP remonte à 2012 si je ne me trompe

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il y a 44 minutes, lady35 a dit :

Par curiosité,que risque le candidat s'il cache une pathologie "bénigne" mais entrainant quand même une inaptitude?si ce n'est être définitivement banni des différentes armées...

Les candidats devraient avoir la possibilité pour ces pathologies de signer une décharge stipulant qu'en cas de soucis,en lien avec cette pathologie,l'armée se dégage de toute responsabilité.Du coup c'est à leurs risque et péril..

D'autant que le dernier bulletin des armées concernant le SIGYCOP remonte à 2012 si je ne me trompe

Pour lui pourquoi pas, mais un soldat défaillant met en périls l'unité ... du coup , qui va devoir payer pour les autres ? ?

Sinon si il ment et qu'il y a preuve , il va avoir une saisie d'argent et si part sa faute il y a eu des morts ou blessée , verser une pension a vie après bien sur une saisi des biens !

L'armée c'est avant tout la vie des gens , tu part pas faire des bisous au gens ! Du coup , normal qu'il y est une sélection et des règles , sinon c'est l'anarchie et il y aurais plus rien de républicain la dedans ... 

Je ne peux confirmer ni démentir que c'est une signature. 😶

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Le 27/01/2017 à 12:16, Cephalyx a dit :

Au final, je pense que c'est de la responsabilité morale de chaque candidat de savoir ce qu'il veut dire car, au final, c'est sa santé personnelle dont il est question, et l'armée ne peut être responsable d'un dommage qui trouve son origine dans le faute personnelle de l'agent.

Je crois que la réponse de Stvn éclaire particulièrement ton problème. L'armée ne sera pas uniquement responsable des dégats subis par le militaire qui avait menti, mais surtout des morts et autres dégâts moindres que ce mensonge aura causé, d'où la sévérité actuelle.

Une vis cachée (j'ai bien dit "vis" et pas "vice"), ou un autre problème, peut provoquer l'échec d'une mission, et ça c'est impardonnable. Le militaire n'est pas là pour se palire à l'armée mais pour rendre service à la Nation.

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Militaire d'active

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Je connais plusieurs jeunes qui n'ont pas dit certaines choses au médecin militaire, ils se sont tous faits rattrapés dès les premières semaines d'école... et ont tous dénoncé leur contrat. Au final ça ne leur a rien apporté.

Si les inaptitudes sont là dans la majorité des cas c'est qu'il y a une raison. Le rôle des médecins militaires qui sont au CSO c'est aussi de protéger l'institution, quitte à écarter un peu vite certains candidats. Les inaptitudes temporaires notamment ont l'avantage de permettre au médecin militaire d'avoir des certitudes sur la capacité du candidat à suivre l'entrainement. Ils protègent aussi les jeunes, leur évitant de probables blessures qui peuvent être graves.

Après j'apporterais un bémol à ce que je viens de dire. Durant la formation elle-même (ENSOA pour ma part), nos cadres nous déconseillaient d'aller voir le médecin militaire, pour éviter d'être mis inaptes définitifs ou IRP. Les médecins militaires avaient tendance à avoir la main leste pour les inaptitudes, surement pour protéger l'institution tant que nous étions encore en probatoire car une fois la fin de cette période c'est plus compliqué de se séparer de personnes moins aptes.

L'envers du décor c'est que j'ai vu plus d'un EVSO aller faire un P.O ou passer des examens sous anti-douleurs ou avec des blessures non soignées, en se disant qu'il fallait tenir jusqu'à la fin de la formation... Et j'ai un cas en tête d'un jeune qui s'est tellement blessé qu'il a finit inapte définitif à 2 semaines de la fin. Retour à la maison dans le civil.

Par la suite on est tous plus ou moins méfiants vis à vis des médecins militaires, moi la première je vais consulter dans le civil en premier. Je ne vais voir un médecin militaire que si je n'ai pas le choix. Mais là on dépasse le cadre de ton sujet.

"Si l'administration militaire était bien faite, il n'y aurait pas de soldat inconnu." Louis Jouvet
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Je vous remercie tous pour vos réflexions constructives.

J'ajouterai par contre, qu'il est dommage que les raisons d'inaptitude ne soient pas remises à jour régulièrement car la médecine progresse vite dans certains domaines et ce qui rendait inapte,il y a 10ans n'est plus vrai aujourd'hui .(en 8 ans, la chirurgie notamment chez les gens jeunes,a permis de rendre certaines articulations plus solides que s'ils n'avaient pas été opérés par exemple( mais comme le dernier bulletin date de 2012....)

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L'armée a besoin de source fiable ... une opération récente ,même si elle est bien faite , aura besoin d'un temps de recule nécessaire pour établir une statistique fiable .

Donc non il est normal que les choses ne sois pas actualisé a découverte + 1 jour !

Vous raisonner trop a court terme sans en voir les conséquences sur le métier qu'est militaire . 

Les toubib travail afin de réduire les risques au maximum , que cela vous plaise ou non c'est bien comme ça , sinon cela ouvrirai la porte a trop d'interprétation et donc a des morts ou des blessés .

Je ne peux confirmer ni démentir que c'est une signature. 😶

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Chacun prend ses responsabilités..

Le paradoxe est qu'on va ne prendre aucun risque chez la jeune recrue ,même pour une pathologie bénigne (et encore c'est tellement  subjectif parfois que les décisions sont divergentes selon  les médecins.. ) alors qu'une fois dans le moule, c'est à dire de carrière on va envoyer des gens limites aptes en opex mais comme le commandement ne peuvent se passer d'eux...ou veulent s'en débarrasser en les envoyant à l'autre bout du monde.

Exemple d'une jeune femme qui a eu une crise d'asthme dans son enfance et qui a eu un médicament prescrit au cas où. Elle n'en a jamais fait depuis des années (vraiment de l'asthme ?...) elle déclare dans son questionnaire avoir ce traitement prescrit. Elle franchit les deux visites médicales de sélection et d'incorporation car aucune malformation détectéeaux examens . Elle fait sa formation de gendarme adjoint sans souci et finit major de promo .elle reçoit sont diplôme.la veille de recevoir son affectation elle est convoquée devant le doc qui la met inapte définitive après relecture de son dossier . Cette jeune ne postulait pas pour les marins pompiers ou les forces spéciales avec du matériel respiratoire ou un isolement en mission. Elle aurait croisé 15 pharmacies par jour lors de ses patrouilles en métropole. Bref son commandant de compagnie en a pleuré pour elle . Pourquoi cette décision: au cas où  un jour elle s'engage de carrière elle pourrait voyager etc ...alors que les aptitudes  se revoient en fonction des affectations et des spécialités..je ne dénigre pas le médecin. Mais il aurait dû faire son job à la sélection pas 4 mois après. Et si elle avait pas noté ce fameux médoc qu elle n'a jamais pris depuis son enfance...

 

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il y a des inaptitudes qui sont inutiles.

Un peu comme celle qui vise les chirurgies bariatriques comme la sleeve ou le by-pass.

J'ai un ami qui est commando para pourtant il y a 5 ans il a subit une sleeve qui est je le rappelle un motif d'inaptitude parce que l'armée à comme d'habitude des certitudes qui ne sont pas fondée.

Du coup il a menti mais en attendant il est commando para, j'en connais pas beaucoup des candidats qui ont perdu 80 kilos, sont devenu sportif et qui ont fait autant de sacrifice que lui juste pour pouvoir servir leur pays.

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Bien sur tu peux mentir , mais qu'il lui arrive rien en rapport avec sont affection ...

Entre ne pas pouvoir et pouvoir , la n'est la question , la question c'est le risque et pour ce qui touche a la gestion du risque , il faut prendre des précautions qu'elle sois abusive ou pas n'est pas le problème .

Le mérite du soldat n'est pas non plus a prendre en compte .

Bref , tout le monde a des raisons , c'est comme les trou du cul , tout le monde en a ! Pour autant , si il y a des mis sur le coté ce n'est pas pour le plaisir ... mais juste pour faire fonctionner la boite correctement .

Des menteurs il y en a et en aura toujours , pas pour autant qu'il faut les prendres pour exemple , car je peux te trouver autant d'exemple de personne qui on menti et on fait prendre des risques a sois et au autre par leurs mensonges ... 

Je ne peux confirmer ni démentir que c'est une signature. 😶

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