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Et s’il fallait sauter en région arctique…


BTX

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http://forcesoperations.com/et-sil-fallait-sauter-en-region-arctique/

Lors de notre visite au salon de défense Armya-2018 qui s’est déroulé du 20 au 25 août 2018 près de Kubinka, non loin de Moscou, nous avons été impressionnés par la variété du matériel dont disposent les troupes aéroportées russes, ce qui leur permet de couvrir un large éventail de missions.

Il est sans commune mesure avec ce qui existe dans l’armée française et, plus généralement, dans les armées de l’OTAN.

Et les Russes continuent à développer des matériels et une doctrine d’emploi qui commencent à couvrir également la zone arctique, vu les enjeux industriels, commerciaux et géopolitiques que crée la fonte des glaces engendrée par le réchauffement climatique.

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Le 2e Régiment Etranger de Parachutistes est formé à opérer notamment en conditions hivernales dures (Photo : 2e REP)

Le débat sur la pertinence de conserver de grandes unités parachutables – pas seulement aérotransportables – varie en intensité au sein de l’OTAN depuis sa création, en 1948. Le souvenir des largages de masse lors des opérations Overlord (Normandie, 5-6 juin 1944), Dragoon (Provence, 15 août 1944), Market Garden (Hollande, 17-25 septembre 1944) et Varsity (passage du Rhin, 24 mars 1945) s’éloigne toujours davantage. Le souvenir n’en est ravivé que par quelques milliers de collectionneurs-reconstitueurs qui, chaque année, font revivre diverses scènes sur les lieux historiques où ils déploient un matériel d’époque impressionnant et même sautent, avec tout l’équipement réglementaire, depuis d’authentiques C-47 Skytrain/Dakota. A ce propos, ne manquez pas de venir voir ce qui est programmé en Normandie pour juin 2019, avec une trentaine de DC-3 et C-47 qui vont traverser l’Atlantique pour se joindre à leurs « collègues » basés en Europe afin de larguer des centaines de reconstitueurs sur des DZ d’époque !

Bref, l’Europe, depuis le Portugal jusqu’à Vladivostok, n’a plus été le théâtre de largages massifs, hormis quelques exercices parfois impressionnants, surtout en Russie. D’où les débats d’intensité variable sur l’opportunité de conserver davantage que quelques unités équipées et formées comme des unités d’infanterie légère accompagnées de génie et de moyens d’artillerie limités. Les Russes, eux, n’ont jamais cessé de considérer différemment les choses, surtout dans la perspective de l’ouverture de l’Arctique à une exploitation géologique et maritime. Leurs forces aéroportées s’équipent et s’entraînent intensivement pour opérer dans cette région difficile.

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L’Arctique se développe intensivement en raison de ressources naturelles – notamment des hydrocarbures – et de voies maritimes importantes. Le commandant de la flotte du Nord, Nikolai Yevmenov, a expliqué que la Russie entendait et pouvait y protéger ses intérêts. Les problèmes sont régis par la politique régionale de l’État russe à l’horizon 2020 et au-delà, ainsi que par plusieurs résolutions gouvernementales.

Lien pour portail Flottes russes http://www.rusnavyintelligence.com/

Les pays n’ayant pas d’accès direct aux régions polaires souhaitent également découvrir et exploiter les ressources de l’Arctique. Rien que cette année, des brise-glace de Corée du Sud, d’Allemagne, des États-Unis et de Chine ont amené des expéditions scientifiques de recherche. La concurrence internationale s’échauffe… Cette concurrence peut, dans des conditions spécifiques, menacer les intérêts nationaux russes, estiment-ils.

D’une manière générale, la présence militaire étrangère se renforce dans l’Arctique et l’OTAN élargit ses missions de reconnaissance et de formation en mer de Norvège. Le grand exercice OTAN Trident Juncture 2018 mené en octobre dernier avec une grande force navale, d’avions stratégiques et de troupes au sol en atteste. Les unités de reconnaissance OTAN aux frontières russes se renforcent, faisant appel aux navires de collecte de renseignements électroniques Marjata et Eger de la marine norvégienne et aux avions de patrouille Poséidon de l’US Air Force. Cette année, des drones stratégiques US Global Hawk ont été engagés à deux reprises en reconnaissance dans la mer de Barents, ainsi que des avions de surveillance Sentinel de la Royal Air Force.

Oslo et Washington ont convenu de prolonger le déploiement des marines américains en Norvège et de doubler leurs effectifs à compter du 1er octobre 2018, juste avant le grand exercice OTAN « Trident Juncture 2018 ». Les forces terrestres et navales norvégiennes sont renforcées et la flotte aérienne tactique et de patrouille est en cours de renouvellement.

Dans le cadre d’une reconstitution de la puissance de l’OTAN sur le théâtre européen, le Royaume-Uni restaure le radar à longue portée Saxa Vord sur les îles Shetland. Le radar d’alerte précoce américain de la base aérienne de Thule, au Groenland, est en cours de mise à niveau. Le radar Globus-3 est construit sur l’île Varde, dans le nord de la Norvège. Les bases aériennes de Bardufoss, Evenes, Banak, Earlann et Rygge sont modernisées, ainsi que le terminal maritime de Grotsund pour l’acceptation des sous-marins nucléaires américains. La montée en puissance militaire de l’OTAN dans l’Arctique se poursuivra dans un avenir proche. La Russie y voit une augmentation du risque de conflit. Il est en tout cas probable que la montée en puissance des deux adversaires historiques multiplie les risques d’accrochages plus ou moins graves.

La Russie s’était peu à peu retirée de l’Arctique depuis la vente – à vil prix – de l’Alaska aux Etats-Unis, en 1867, pour 7 millions de dollars (elle s’en mord encore les doigts ! 7 millions de dollars pour 1.600.000 m², ce n’était pas cher au m²…). Elle y revient en force. Des travaux de construction à grande échelle sont en cours sur les îles et la côte arctiques. Des installations militaires et des habitations ont été construites sur les terres de Franz-Joseph et de Novossibirsk. Des bases aériennes et des ports à double usage civil et militaire sont développés pour assurer la sécurité des transports. Les aérodromes de l’archipel de Novaya Zemlya, des îles de Novossibirsk et de la Terre François-Joseph sont en cours de reconstruction. La plupart d’entre eux seront bientôt opérationnels autour de l’année et accepteront tous les types d’aéronefs. Les ports maritimes de Dixon, Tiksi et Pevek seront reconstruits pour répondre aux nouvelles menaces de navigation sur toute la route maritime du Nord.

Le service hydrographique de la flotte du Nord envoie régulièrement des expéditions à la recherche de l’Arctique dans l’intérêt de la défense et des activités maritimes. Les informations obtenues créent des banques de données océanographiques, tandis que des cartes, des instructions de navigation et des manuels mis à jour sont imprimés. La plupart des informations ont été utilisées par l’Atlas national de l’Arctique.

Une coopération égale et avantageuse pour tous dans l’Arctique est importante pour la Russie. Selon l’accord de coopération russo-norvégien, la flotte du Nord participe annuellement à l’exercice international de Barents. Il s’entraîne avec ses homologues norvégiens à la recherche et au sauvetage de navires en détresse et à l’élimination des dommages environnementaux. Depuis l’année dernière, la flotte participe à des exercices communs de lutte contre les marées noires dans la mer de Barents et dans les zones adjacentes, a déclaré le commandant de la flotte du Nord, Nikolai Yevmenov, au courrier militaire-industriel.

On comprend aisément que les Russes développent leurs moyens militaires, y compris aéroportés, dans la région.

Alors, quels moyens l’OTAN a-t-il pour intervenir dans la région ?

Plusieurs armées disposent de troupes spécifiquement de montagne, avec une aptitude au parachutage, et d’unités parachutistes formées notamment aux interventions sous conditions hivernales. C’est le cas de la France avec des régiments de « la régulière » et de la Légion étrangère. Mais face aux impressionnants moyens russes, ceux de l’OTAN ne font pas le poids, à ce qu’il semble.

Une question cruciale est évidemment celle-ci : aussi puissants et nombreux soient les effectifs et le matériel prévus pour une opération, encore faut-il disposer de la supériorité aérienne nécessaire pour les larguer à l’endroit voulu ! La coopération entre armée de Terre et Armée de l’Air, voire aussi de la marine, s’impose plus que jamais en pareille hypothèse, surtout si un largage devait s’effectuer sur une zone – en Europe ou ailleurs – où la présence massive d’un dispositif adverse serait de nature à hypothéquer sérieusement le succès de l’opération. La perspective de devoir, peut-être, utiliser un jour l’arme aéroportée dans l’Arctique doit faire phosphorer quelques concepteurs d’emploi.

PS. Composition Flotte du Nord russe

- porte-avions Amiral Kouznetsov immobilisé pour deux ans (2017 2019)

- croiseur nucléaire lance-missiles Pierre le Grand

- croiseur nucléaire lance-missiles Admiral Nakhimov (croiseur) (en modernisation, retrouvera le service après 2018)

- croiseur lance-missiles Maréchal Oustinov (Transfert à la Flotte du Pacifique fin 2011)

- les grands navires anti sous-marins Severomorsk, Amiral Levtchenko et Amiral Tchabanenko (deux autres en réserve)

- destroyer Gremiachtchi

- corvette furtive Steregouchtchi (une autre en construction)

- 9 petits navires anti-sous-marins (corvettes anti-sous-marines)

- 3 petits navires lance missiles (corvettes lance-missiles)

- 10 dragueurs de mines

- 5 navires de débarquement (un en réserve)

- sous-marins nucléaires de la classe Typhoon (SNLE), Dmitri Donskoï, Arkhangelsk et Severstal (les deux derniers en réserve)

- sous-marins nucléaires de la classe Delta IV, Iekaterinbourg, Toula, Karelia, Bryansk et Verkhotourie (un en réparation)

- sous-marins nucléaires de la classe Oscar II, Voronej, Oryol et Smolensk

- 13 sous-marins nucléaires d'attaque

- 9 sous-marins d'attaque diesel (dont 7 de la classe Kilo)

- 19 autres navires.

Ya Rab Yeshua.

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  • 1 mois plus tard...

Les enjeux sécuritaires de la Baltique rejoignent les intérêts stratégiques de la France

http://www.opex360.com/2019/01/20/les-enjeux-securitaires-de-la-baltique-rejoignent-les-interets-strategiques-de-la-france/

Lors d’un discours prononcé à l’occasion de la Leçon inaugurale de la Chaire « Grands enjeux stratégiques » de l’Université Panthéon-Sorbonne, en janvier 2016, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, avait souligné le risque d’une « vision divergente de nos intérêts de sécurité, entre Européen. » Et d’ajouter : « Nous devons à cet égard éviter une ‘régionalisation’ des politiques de sécurité » car « tandis que certains Alliés ont le regard tourné vers l’Est, d’autres se concentrent au Sud, où l’instabilité et le terrorisme ne cessent de croître. »

Quelques semaines plus tard, la Pologne donna un exemple de ce risque évoqué par M. Le Drian. Chef de la diplomatie polonaise, à l’époque, Witold Waszczykowski avait en effet expliqué que « l’activité de la Russie [était] une sorte de menace existentielle parce qu’elle [pouvait] détruire des pays ». Et, selon lui, le terrorisme et les vagues migratoires n’étaient que des « menaces non-existentielles. »

Fallait il alors en conclure que les pays de l’Est ne s’intéressaient pas à ce qui pouvait se passer au sud de l’Europe? Cela a sans doute été vrai il y a trois ans. Mais tel n’est plus forcément le cas maintenant [du moins à de très rares exceptions], comme l’affirme la plaquette intitulée « La France face aux enjeux de sécurité en Baltique » que vient de publier la Direction générale des relations internationales et de la stratégie [DGRIS] du ministère des Armées [.pdf].

https://www.defense.gouv.fr/content/download/551358/9392188/file/Plaquette DGRIS_La France face aux enjeux de sécurité en Baltique_vFR.pdf

« La France partage avec ses partenaires de la mer Baltique de nombreux intérêts stratégiques, qui se traduisent par des déploiements communs. Les enjeux majeurs de sécurité au flanc Sud – qui affectent toute l’Europe – étant la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires, les engagements communs se situent en Afrique et au Moyen-Orient », lit-on dans ce document.

« Tous les États du pourtour de la mer Baltique sont engagés soit au Levant, soit en Afrique », relève la DGRIS. « Au Sahel, ils participent à la lutte contre le terrorisme et à la stabilisation de la région aux côtés de la France, dans la MINUSMA [mission de l’ONU au Mali] et EUTM Mali [mission de formation de l’UE]. L’Estonie participe aussi à l’opération française Barkhane depuis l’été 2018, avec le déploiement de 50 soldats. Au Liban, la Finlande relève une compagnie française de la Force Commander Reserve au sein de la FINUL [mission ONU] avec 300 soldats, depuis l’invocation de l’article 42.7 du TUE par la France en 2015 », rappelle-t-elle.

En outre, poursuit la DGRIS, « afin de lutter contre le trafic de migrants en Méditerranée, tous nos partenaires de la région membres de l’UE – à l’exception du Danemark en raison de sa clause d’exemption de la PSDC – participent à l’opération Sophia. »

« Au-delà de ces engagements, les intérêts français doivent être appréciés à la lumière de l’imbrication croissante des intérêts des États européens », souligne la DGRIS. Et en effet, plusieurs pays de la Baltique ont, comme la France, été la cible d’actes terroristes [Allemagne, Danemark, Finlande, Norvège, Suède]. Et d’ajouter que « le dialogue approfondi entre Européens sur les priorités stratégiques font progressivement émerger un nombre croissant d’intérêts partagés. »

Dans le même temps, il n’est pas question de négliger les menaces qui pèsent sur la région de la Baltique qui, pour la France, est aussi une zone d’intérêt, dans la mesure ou 200.000 de ses ressortissants y vivent et qu’elle représente un tiers du produit intérieur brut [PIB] européen. D’où l’engagement des forces françaises dans cette partie du monde, dans le cadre de l’Otan [présence avancée renforcée ou eFP, Baltic Air Policing, c’est à dire la surveillance de l’espace aérien des trois pays baltes]. « Votre sécurité est notre sécurité », avait ainsi lancé Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’un déplacement en Finlande, en août dernier.

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« La remilitarisation de la région, suscitée par la posture de Moscou, s’est généralisée à l’ensemble des États riverains. La Russie a développé une politique d’affirmation de sa puissance et d’intimidation stratégique, incluant déploiement militaire, menace et usage de la force sur plusieurs théâtres [Géorgie, Ukraine, Syrie] et violations du droit international, en particulier avec l’annexion de la Crimée. […] Cette reconstruction agressive de la puissance russe s’inscrit par ailleurs dans une logique de constitution d’une ‘ceinture stratégique’ qui s’étend de l’Arctique au Moyen-Orient », explique la DGRIS.

Depuis 2014, et tous les ans, 4.000 militaires français sont déployés dans la région de la Baltique au titre des mesures d’assurance prises par l’Otan après l’annexion de la Crimée. Et cela pour un « coût annuel de 40 à 50 millions d’euros », précise la DGRIS.

Ya Rab Yeshua.

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  • 3 mois plus tard...

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2019/04/23/l-arctique-theatre-de-la-nouvelle-guerre-froide-20182.html

L'Arctique: théâtre de la nouvelle "guerre froide"

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Le lundi 22 avril, l'US Coast Guards a rendu publique son Livre blanc sur sa stratégie dans l'Arctique. Ce document, intitulé U.S. Coast Guard’s Arctic Strategic Outlook, peut être consulté ici.

Il rappelle que l'Arctique compte parmi les zones d'intérêt des Coast Guards depuis 1867, date à laquelle des brise-glace ont navigué dans les eaux de l'Alaska.

Il rappelle aussi que depuis 2013, année où a été publiée la Coast Guard Arctic Strategy, de nombreux bouleversements sont intervenus dans ce secteur du globe : bouleversements climatiques d'abord puis économiques (réduction des temps de transit maritime. Voir page 12 du document) et stratégiques puisque deux autres super-puissances (la Russie et la Chine) ont annoncé que l'Arctique constituait l'une de leurs priorités nationales et qu'elles entendaient accroître leur influence dans cette région. 

Pour les USA, l'Arctique est aussi une région-clé comme le rappelle ce tableau publié en page 3 du document:

us arctique.jpg

Les Coast Guards estiment qu'ils sont amenés à jouer un rôle capital puisqu'ils constituent un service doté de pouvoirs civils et militaires et qu'ils peuvent relever les "défis juridiques" qui se posent et qui retardent la mise en place d'une "bonne gouvernance" de la zone.

Sur le sujet de l'Arctique, on lira cet article paru dans Ouest-France, il y une semaine (cliquer sur l'image pour l'agrandir):

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On lira aussi mon post du 9 janvier dernier ici.

Enfin, un autre article sur le passage du Nord-est (aussi paru dans OF mais le 1er avril):

nord es-t.jpg

 

 

Ya Rab Yeshua.

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  • 1 year later...

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2020/07/30/les-ambitions-chinoises-en-arctique-21357.html

Les ambitions chinoises en Arctique se portent vers le grand Nord canadien

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Voici une suite, en quelque sorte, à mon post du 23 juillet sur l'Arctique. J'y parlais, entre autres, du voyage du Secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, en Scandinavie où il avait dénoncé les appétits de certaines nations et la nécessité de mettre en place une réponse régionale concertée à ces appétits.  

"Cette mission est encore plus urgente face à la nouvelle compétition dans la région de pays qui ne respectent pas toujours ou pas du tout les règles", avait ainsi déclaré Pompeo lors d'une conférence de presse. Dans son collimateur: la Russie bien sûr mais aussi la Chine.

Pékin qui est membre observateur du Conseil de l'Arctique depuis 2013 et se considère comme une puissance "proche de l'Arctique", veut développer des "routes de la soie polaires" (voir la photo ci-dessus du brise-glace chinois Xue Long 2). 

Illustration de la poussée chinoise en Arctique: l'achat d'une mine d'or en territoire canadien.

Le gouvernement canadien va-t-il bloquer la vente de la mine de Hope Bay et de la société TMAC Resources Inc. à la société chinoise Shandong Gold Mining Co ? 97 % des actionnaires de TMAC ont approuvé la vente pour 149 millions de dollars US.

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Or, avec cette mine viennent un aérodrome et un port. Ceux-ci pourraient permettre à la Chine de prendre pied au cœur de l’Arctique canadien et d’y mener des activités duales comme l'explique, dans un entretien à Ouest-France, Mikaa Mered, professeur de géopolitique des Pôles (Arctique et Antarctique) à l’Institut Libre d’Étude des Relations Internationales (ILERI, Paris), auteur de Les Mondes Polaires (PuF, 2019) et expert-évaluateur auprès de la Commission européenne.

Cet achat chinois au Canada a une dimension stratégique. En quoi consiste-t-elle ?
En rachetant l’opérateur canadien TMAC, le groupe chinois Shandong Gold mettrait la main sur le site aurifère de Hope Bay, actif depuis 2017. Son exploitation est potentiellement très importante pour l’économie du Nunavut, qui a déjà généré 1,5 milliard de dollars canadiens d’investissement depuis 30 ans. Malgré des voix appelant depuis janvier 2020 au rachat de TMAC par l’une des sociétés autochtones locales, seul SD Gold s’est manifesté et a trouvé un accord de rachat en mai dernier. Depuis, la polémique fait rage car SD Gold est en réalité une société détenue et administrée directement par le gouvernement central chinois et mène désormais des opérations immobilières.

Quels sont les dangers induits par cette acquisition ?
Il y a deux dangers. D’abord, la polémique divise une fois de plus les populations locales favorables au rachat et le personnel politique d’Ottawa qui privilégie les considérations géopolitiques. Mais surtout, le véritable danger est que cette mine peut devenir un point d’ancrage territorial et logistique majeur pour la Chine au cœur même de l’Arctique canadien. En effet, la mine de Hope Bay, détenue à 100 % par TMAC, est en réalité un vaste terrain côtier de l’océan Arctique de 80 kilomètres de long sur 20 de large, soit 16 fois la superficie de Paris. Le site dispose déjà d’un port, d’une centrale électrique, d’une piste de 1 525 m, d’un réseau routier  et de tout le nécessaire pour bâtir une petite ville autonome. L’important dans ce rachat est bien plus l’opération immobilière que la mine elle-même. Après avoir échoué à acquérir des terrains en Norvège, en Islande et au Groenland depuis 2011, le gouvernement chinois, via SD Gold, pourrait enfin acquérir un vaste territoire au cœur du Passage du Nord-Ouest et y construire des infrastructures stratégiques d’envergure en toute légalité et y mener des activités duales, civiles et militaires, en toute discrétion.

Quelle est la stratégie arctique chinoise ?
Elle est particulièrement ambivalente. D’un côté, la Chine affiche un respect des prérogatives et des territoires de chacun des huit États de la région et une volonté de coopération scientifique appuyée. Grâce à cela, elle a été accueillie comme observatrice ou comme partie prenante active, non sans réticences, au sein de nombreuses instances de dialogue et de gouvernance du Grand Nord. En 10 ans, Pékin a développé une véritable clientèle arctique captive sur les plans politique, industriel et scientifique, parmi lesquels on retrouve des acteurs français.Dans le même temps, elle joue sur toutes les zones d’ombre et les négligences occidentales ou russes possibles pour essayer de bousculer l’ordre établi, même à la marge. Politique agressive de captation de matières premières à long terme, jumelages déséquilibrés, récupération d’associations autochtones, promotion de concepts questionnant la légitimité géopolitique des États riverains, offres de subventions et financements d’infrastructures stratégiques ou encore prises de participations capitalistiques par des entreprises d’État, comme dans le cas de Hope Bay. Bref, en forçant les États-Unis, la Russie, le Danemark ou encore le Canada à se positionner sur elle, la Chine parvient, lentement mais sûrement, à orienter le jeu arctique vers ses intérêts.

Ya Rab Yeshua.

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  • 7 mois plus tard...

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/03/16/regaining-arctic-dominance-l-us-army-devoile-a-son-tour-sa-21971.html

"Regaining Arctic Dominance": l'US Army dévoile à son tour sa stratégie arctique

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Après l'US Air Force, la Navy et les Coast Guards, voici la stratégie arctique de l'armée de Terre US. Ce document est à consulter ici.

Le document est daté du 19 janvier mais il n'a été rendu publique qu'hier soir. Il s'inscrit dans la stratégie globale du DoD dans l'Arctique, telle que présentée en 2019.

L'un des intérêts du document de l'US Army réside dans l'état des lieux de ses moyens dans la zone. Sur trois bases: Fort Wainwright, Joint Base Elmendorf-Richardson (JBER) et Fort Greely, l'US Army déploie environ 11 600 soldats sous le commandement de l'U.S. Army Alaska (USARAK). L'Alaska Army National Guard (AKARNG) ne dispose que d'à peine 2 000 soldats et l'US Army Reserve (USAR) peut compter sur 2 000 hommes regroupés dans 5 unités. 

Voici l'organisation actuelle:

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/media/02/02/1392839070.jpg

 

Structurellement, les forces seront réorganisées autour d'un commandement de niveau divisionnaire avec des brigades ce combat spécialement équipées et entraînement pour le combat en zone polaire. Rien n'est précisé, en revanche, sur les moyens supplémentaires qui pourraient renforcer les forces actuelles.

Cinq efforts sont annoncés:
- améliorer les capacités dans l'Arctique
- être compétitif en renforçant les partenariats avec des forces allies/amies
- faire face aux menaces
- mettre en place des capacités multi-domaines 
- projeter de la puissance en Arctique lors de conflits et de crises

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/media/00/01/2683501956.jpg

Ya Rab Yeshua.

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  • 2 mois plus tard...

https://fr.sputniknews.com/international/202105191045623080-en-arctique-malgre-les-pressions-americaines-la-russie-se-donne-les-moyens-de-sa-puissance/

Alors que débute la réunion du Conseil de l’Arctique ce 19 mai à Reykjavik, les États-Unis ont haussé le ton face à la Russie, dénonçant la militarisation de l’océan Arctique. Pour Eugène Berg, ancien diplomate français, Moscou développe en effet sa puissance dans un espace redevenu stratégique.

«Nous assistons à des lamentations sur le fait que la Russie développe son activité militaire dans l'Arctique. Tout le monde le sait parfaitement et depuis longtemps: c’est notre territoire, notre terre. Nous répondons de la sécurité de notre littoral arctique et tout ce que nous faisons là-bas est parfaitement légal et légitime», a fermement averti Sergueï Lavrov le 17 mai.

Le chef de la diplomatie russe n’y est pas allé par quatre chemins pour rappeler la position dominante de Moscou dans l’océan Arctique. À l’avant-veille de la réunion ministérielle des pays du Conseil de l’Arctique, celui-ci a balayé d’un revers de main les critiques occidentales sur la «militarisation» de la région.

Des critiques réitérées le 18 mai par Antony Blinken, Secrétaire d’État américain, qui a exprimé ses «inquiétudes» sur «l'augmentation de certaines activités militaires» russes dans la région.

Face aux convoitises des pays riverains, la première puissance arctique en termes de km2 a effectivement renforcé son dispositif militaire, en multipliant les exercices, déployant ses systèmes de défense antiaérienne S-400 tout en modernisant plusieurs bases et aérodromes qui dataient de l’ère soviétique.

Le retour d’un espace conflictuel dominé par la Russie

Une «militarisation» qu’Eugène Berg, ancien diplomate et essayiste (il a notamment publié La Russie pour les nuls, Éd. First), juge «normale».

«La Russie, c’est la puissance arctique. Il n’en existe pas deux comme elle, puisqu’elle a le plus grand rivage […] Elle est la seule puissance notable qui est présente en Arctique et qui se donne les moyens de sa puissance, des moyens conséquents par rapport il y a une dizaine d’années.»

Le premier face-à-face entre Sergueï Lavrov et Antony Blinken à Reykjavik ce 19 mai pour le Conseil de l’Arctique risque donc d’être tendu. Car depuis janvier, les relations bilatérales se sont fortement dégradées: Moscou a expulsé en avril des Américains –en représailles à des sanctions de Washington– et Joe Biden a utilisé un langage peu diplomatique, qualifiant Vladimir Poutine de «tueur».

 

 

Île Wrangel en Arctique

Un antagonisme croissant qui s’est exporté au Pôle Nord, chacun s’accusant mutuellement de militariser la zone.

En effet, «maintenant les États-Unis se réintéressent à l’Arctique», observe Eugène Berg. La publication en mars de la stratégie arctique de l’US Army, après celles de l’US Air Force, de la Navy et des Coast Guards (respectivement Armée de terre, de l’air, marine et garde-côtes), ne le démentira pas.

À l’occasion de cette même conférence de presse, le ministre russe des Affaires étrangères en a donc profité pour dénoncer «l’offensive» de l’Otan dans la région depuis plusieurs années.

En février, le Pentagone avait déployé quatre bombardiers stratégiques en Norvège via l’Otan, après avoir envoyé en 2020 des bâtiments en Mer de Barents, dans la zone économique exclusive de la Russie, suscitant les protestations de Moscou.

Déjà en 2018, l’Alliance de l’Atlantique nord avait organisé en Norvège son plus grand exercice militaire depuis la fin de la Guerre froide, «Trident Juncture 18» mobilisant 50.000 soldats et 10.000 véhicules.

Une militarisation exacerbée par des enjeux économiques

«L’Arctique a dormi pendant vingt-cinq ans après la Guerre froide», souligne Eugène Berg, qui a représenté Total à Mourmansk, dans le Grand Nord russe, pendant cinq ans. Aujourd’hui, la région est redevenue un espace stratégique à mesure de la glaciation des relations russo-américaines et du changement climatique, avec la découverte d’immenses réserves d’hydrocarbures et de l’ouverture de potentielles routes maritimes.

C’est dans ce contexte que le chef de la diplomatie russe a préconisé la relance de rencontres régulières entre les chefs des états-majors des pays membres du Conseil afin de «faire baisser les risques sur le plan militaire».

 

L'Arctique, source de revendications territoriales

© SPUTNIK
L'Arctique source de revendications territoriales.
C’est Vladimir Poutine qui a fait de l'exploitation économique de l'Arctique une priorité économique, notamment via le développement de la voie maritime le long des côtes nord de la Russie pour relier l'Europe à l'Asie et concurrencer les routes traditionnelles. Avec la fonte progressive des glaces, la route maritime du Nord-Est, reliant l’Asie à l’Europe, représenterait un gain de temps considérable, d’environ 30% en temps, en distance et en coût, par rapport aux détroits de Suez et de Malacca.
En outre, le sous-sol de la région recèlerait 30% des réserves mondiales de gaz, «dont une très grande partie se trouve sous la juridiction et les droits exclusifs de la Russie» et 13% des réserves mondiales de pétrole non découvertes, comme le constatait dans nos colonnes Laurent Mayet, président du think tank Cercle polaire et ancien représentant spécial des Affaires étrangères pour les questions polaires.

Les États-Unis à la traîne dans le Grand Nord

De potentielles sources de richesses que souhaitent évidemment contrôler les huit pays riverains de l’Arctique. Dans la région, c’est Moscou qui en détient la majeure partie, revendiquant à l’Onu 1,2 million de km2. Ottawa, Oslo et Copenhague ont également demandé l'extension de leur «plateau continental» au-delà de leur zone économique exclusive de 200 milles marins, ce qui leur ouvrirait des droits sur et sous les fonds marins.

La plate-forme russe Prirazlomnaya en Arctique

© SPUTNIK . ALEXEI DANITCHEV

Les États-Unis en sont encore à constituer un dossier pour appuyer d’éventuelles revendications, même s'ils n'ont pas ratifié la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Concentré sur «son économie et la crise sanitaire», la priorité de Joe Biden n’est pas l’Arctique, conclut ainsi Eugène Berg, qui doute de l’ambition réelle des États-Unis, évoquant une guerre de rhétorique. «Même les Canadiens sont relativement limités, ils n’ont pas de présence militaire, ils envoient des militaires tous les trois mois», ajoute-t-il.

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Contrairement à la Russie, qui «possède huit brise-glaces à propulsion nucléaire alors que les États-Unis n’en ont aucun».

Ya Rab Yeshua.

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http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/05/19/dans-le-nord-suedois-des-soldats-s-entrainent-au-combat-arct-22153.html

Dans le nord suédois, des soldats s'entraînent au combat arctique

 

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Toutefois la mise en garde russe a inévitablement suscité une réponse de l'Américain Antony Blinken, qui a appelé mardi à "éviter une militarisation" de l'Arctique mais aussi ce genre de "déclarations", qui "affaiblissent" l'objectif "d'un avenir pacifique" pour ce vaste territoire aux conditions extrêmes, riche en ressources naturelles, autour du Pôle Nord.

Sur fond de divergences russo-américaines, les pays riverains de l'Arctique se préparent à toute éventualité militaire. Illustration avec un reportage réalisé à Boden (Suède) par Tom Little de l'AFP (photos de Jonathan Nacktrand):

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"Dans une forêt tapissée de neige tout au nord de la Suède, des centaines de soldats en tenue de camouflage blanc creusent des abris, patrouillent à ski et dressent des embuscades pour tester leurs aptitudes au combat dans l'environnement impitoyable de l'Arctique.


Savoir se battre dans le Grand Nord est devenu une capacité recherchée tant en Suède qu'ailleurs à mesure que les tensions montent dans une région abritant des ressources naturelles que le retrait de la banquise rend plus accessibles.


L'exercice annuel "Winter Sun", qui se tient à 80 kilomètres sous le cercle polaire met aux prises 900 soldats avec chars et canons. Souvent, Français, Britanniques et Américains viennent aussi s'y faire la main.


Sous ces latitudes où il arrive que le mercure tombe à -30°C, des détails comme changer régulièrement de chaussettes peuvent faire la différence entre la vie et la mort. "La moindre erreur peut être fatale", explique le lieutenant-colonel Fredrik Andersson, observant sous sa casquette de camouflage ses troupes creuser dans le sol glacé, près de la petite ville de Boden. Ces abris de fortune serviront à se protéger de l'"ennemi" et du froid.
"Tout prend plus de temps en hiver", renchérit Oscar Sandström, un sous-officier de 25 ans. Au loin, des coups de feu crépitent.
Les soldats appartiennent à un bataillon de Rangers spécialistes du combat par grand froid, rompus aux missions de reconnaissance et aux embuscades derrière les lignes ennemies, à ski ou en motoneige. Dans leurs épaisses bottes d'hiver, des appelés mettent la dernière main aux abris dans lesquels ils disparaissent après avoir dissimulé leurs traces avec une pelle.


Davantage d'unités de ce type vont voir le jour dans le cadre d'une remilitarisation plus globale du nord du pays. La Suède a annoncé fin 2020 une augmentation de 40% de son budget de la Défense sur cinq ans.

La Suède a restauré la conscription en 2017 après des années de réaffirmation de la puissance militaire russe: annexion de la Crimée, violations de l'espace aérien suédois... Pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, le royaume nordique a aussi redéployé un contingent sur l'île de Gotland dans la Baltique.

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 'Situation sécuritaire changeante' 
"Il y a un changement de la situation sécuritaire" en Europe, dit le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist, évoquant "l'agression russe en Géorgie en 2008, l'annexion de la Crimée en 2014 et le conflit en cours en Ukraine". Un nombre croissant de pays veulent étendre leur influence dans le Grand Nord, observe-t-il.
Les huit pays riverains de l'Arctique, dont les Etats-Unis et la Russie, se retrouvent mercredi à Reykjavik pour la réunion du Conseil de l'Arctique, centré sur la coopération. "On voit que le changement climatique rend davantage de ressources naturelles accessibles dans cette zone et cela incite différentes puissances à accroître leur influence", ajoute-t-il.
Dans l'Arctique, la Suède, qui n'est pas membre de l'Otan, s'entraîne aussi, sur terre et dans les cieux, avec ses voisins nordiques, la Norvège, le Danemark et la Finlande. Pour les analystes, cette coopération avec des armées étrangères envoie un message sans équivoque à d'éventuels ennemis, susceptibles de tomber sur des troupes autres que suédoises. "C'est un signal clair à l'adresse d'un agresseur potentiel qui ne peut pas vraiment prévoir quel serait le contexte opérationnel", décrypte Niklas Granholm, directeur adjoint de la recherche à l'Agence suédoise de recherche pour la défense.

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S'il accentue l'intérêt stratégique de la région, le changement climatique pourrait aussi affecter les modes d'opération des troupes confrontées à des conditions météo plus difficilement prévisibles. "Les hivers ne sont plus ce qu'ils étaient et les conditions opérationnelles et tactiques peuvent donc varier", souligne l'expert. Les lacs ou les tourbières ne gèlent par exemple plus toujours suffisamment pour supporter le passage de véhicules militaires.
Dans les forêts environnantes de Boden, le lieutenant-colonel Morgan Gustafsson, chef du centre suédois de combat subarctique, observe ses troupes manoeuvrer. Chez les Rangers depuis 1986, l'officier dont la barbe grise se confond avec la tenue de camouflage a vécu aux premières loges les changements de la doctrine de défense suédoise. Mais pour lui, le combat dans ces contrées immenses repose plus que tout sur la maîtrise des fondamentaux: "On commence avec les choses les plus essentielles --comment changer vos chaussettes, rester sec, quoi manger, quoi boire-- et puis, on passe aux armes, aux skis, aux raquettes de montagne et aux motoneiges".

Ya Rab Yeshua.

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