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Comment le SCA s’attaque à la crise de l’habillement


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Loin des catwalks de la Fashion Week de Paris, l’habillement reste une source majeure de mécontentement pour les militaires français. Fragilisé et insuffisant, ce pôle majeur est à présent l’objet d’un vaste plan de modernisation mené par le Service du commissariat des armées (SCA), annonçait dernièrement son directeur central, le commissaire général Stéphane Piat, devant la Commission défense de l’Assemblée nationale.

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Entre la déflation des ressources humaines, une sous-capitalisation chronique et des outils et processus datés, la qualité du soutien n’aura été maintenue que par des moyens financiers importants (500M€ par an) et, surtout, par le professionnalisme et l’engagement du personnel du SCA, constate le CRGHC Piat. Le statu quo étant inenvisageable au vu de la remontée en puissance des armées, son entrée en fonction en 2016 donna le coup d’envoi du plan SCA 2022, vaste processus de transformation destiné à renforcer le soutien de proximité et à en moderniser la qualité. Manifestement, les 18 mois consacrés au travail préparatoire n’auront pas été de trop pour échafauder les 14 chantiers qui structureront l’évolution du service, à commencer par celui de l’habillement.

De fait, malgré les efforts déjà consentis et un budget annuel de 230M€, le taux de satisfaction du pôle habillement plafonne difficilement à 55%, contre 75%, par exemple, pour la fonction transport. Bien que paraissant accessoire, cette question « continue à peser sur la vie quotidienne des militaires, la fragilité des processus conduisant à des ruptures d’approvisionnement y compris pour des effets de service courant ou des tenues de cérémonie », rappelait le dernier rapport annuel du Haut comité d’évaluation de la condition militaire.

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La courbe de satisfaction du pôle habillement, en baisse depuis 2016 (Crédit: HCECM/CICoS)

Héritées des réformes passées, les difficultés du pôle habillement sont avant tout structurelles et résultent de la conjonction d’une poignée de facteurs, à savoir l’« absence de système d’information logistique de bout en bout, tissu industriel fragile et peu réactif, gamme encore trop large d’articles et de références, règles de gestion complexes », énumère le CRGHC Piat.

En conséquence, le SCA a dû trancher entre l’externalisation de cette compétence ou sa modernisation.

La seconde option l’a emporté, avec une première mise en oeuvre prévue dès le mois prochain et l’ouverture d’un nouvel entrepôt logistique 2.0 à Châtres (Aube). Une étape préliminaire accompagnée de travaux sur les uniformes féminins, « afin de permettre une meilleure intégration des femmes dans la communauté militaire », mais aussi de la généralisation de la distribution par correspondance, « qui débutera en juin par l’armée de l’Air ». Car c’est un fait, répondre à l’enjeu de la digitalisation permettra de dégager de la productivité et d’affronter sereinement la crise des effectifs vécue par le SCA, ajoute le CRGHC Piat.

Mais la modernisation du volet habillement commence dès l’étape d’approvisionnement et doit nécessairement inclure le rôle de l’acteur industriel dans ses réflexions. Cette filière est aujourd’hui composée à 80% de fournisseurs français, dont la moitié sont des PME. Leur place dans la boucle du soutien est donc primordiale et les actions envisagées doivent dès lors être combinées avec « une rénovation en profondeur de la stratégie d’approvisionnement en lien avec nos fournisseurs ». À ce titre, le dossier du treillis F3, à la fois le plus récent et le plus médiatique, se retrouve logiquement au coeur des préoccupations des députés.

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Livrés à 245 000 pour la seule année 2019, ce treillis de nouvelle génération sera commandé à près de deux millions d’exemplaires sur la période de la LPM. Autrement dit, la technicité des treillis et le volume sont proportionnels aux attentes adressées aux industriels par le SCA. Le défi est de taille et se révèle propice à l’établissement d’une nouvelle « politique contractuelle cohérente » susceptible d’apporter de la visibilité aux fournisseurs. « Des actions sont notamment en cours pour le F3 et la SMB [structure modulaire balistique], visant à associer pleinement les partenaires français », explique le SCA. Parmi la valse de questions, les députés sont longuement revenus sur la sous-traitance des premiers contrats de production du F3, qui n’est pas tout à fait à 100% « Made in France ». « La procédure de réalisation de cet effet est décomposée: les tissus sont achetés à certains fournisseurs, notamment français, et la confection des treillis est réalisée par d’autres », précise le CRGHC Piat. Si les deux opérations sont régies par un cahier des charges précis, la phase de confection n’implique in fine que deux entreprises françaises sur les cinq sélectionnées, les trois autres étant belge, roumaine et bulgare.

Un non-choix que le directeur du SCA explique par la destruction de la filière française de l’habillement par la concurrence internationale au cours des 40 dernières années. « Il n’existe quasiment plus de confectionneurs militaires sur le territoire national. Nous cherchons à les aider, mais il faut savoir que la plupart confectionnent nos tenues ailleurs – en Afrique du Nord et à Madagascar notamment, mais aussi au sein de l’Union européenne », déclare-t-il. S’il reste visiblement quelques exceptions françaises, « cette possibilité devient très limitée ». La pérennisation de ce secteur passera sans doute par une adaptation de certains critères de sélection, à commencer par celui du chiffre d’affaires minimal. « Je viens d’ailleurs d’arrêter une procédure car les critères de chiffre d’affaires écartaient la candidature d’un trop grand nombre d’entreprises françaises », explique le CRGHC Piat. Reste que, si ce dernier se dit attentif à entretenir le lien avec le tissu industriel français, les entreprises concernées devront en échange faire preuve d’une plus grande réactivité, avertit-il.

Ya Rab Yeshua.

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