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Le mulet prêt à reprendre du service dans les troupes de montagne


BTX

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Ils s’appellent « Victorieux » et « Prunelle » et participent à faire revivre une capacité disparue depuis un demi-siècle dans l’armée de Terre. Ce mulet et cette mule sont aujourd’hui au cœur d’une expérimentation conduite par les troupes de montagne, qui évaluent depuis l’an dernier leur réintroduction en tant qu’ « auxiliaires logistiques ».  

Se réapproprier un savoir perdu
 

Ni les véhicules, ni les robots quadrupèdes, ni les exosquelettes ne sont jusqu’à présent parvenus à égaler son endurance et ses capacités de franchissement et d’emport en terrain montagneux. La technologie faisant défaut, nombreuses sont les armées, essentiellement d’Europe et d’Asie, qui ont conservé cet animal dans leurs effectifs.

 

En France, le mulet disparaît en revanche définitivement des effectifs en 1975. Seul subsistait « Bistouille », mulet retraité des troupes de montagne allemandes utilisé comme mascotte par le 110e régiment d’infanterie jusqu’à sa dissolution, en 2014.

 

Environ 50 ans plus tard, l’armée de Terre envisage sérieusement de « se réapproprier un savoir-faire qui s’était un peu perdu en France », nous explique Thomas Duguy, approché au printemps 2020 par les militaires. Loin des domaines viticoles et forestiers, ce muletier professionnel et ses animaux se sont retrouvés intégrés au 7e bataillon de chasseurs alpins (7BCA) de la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM) lors d’une expérimentation menée l’été dernier dans les Alpes.

 

« Plus personne dans l’armée n’a cette capacité de gestion du vivant. Nous avons donc directement été intégrés à la préparation de l’expérimentation. C’était alors à nous de nous accorder avec les militaires pour déterminer l’itinéraire, les points de passage, les temps de repos, etc. », explique –t-il.

 
Le-mulet-pre%CC%82t-a%CC%80-reprendre-du L’un des trois mulets poitevins intégrés au 7e BCA lors d’une première expérimentation à l’été 2020 (Crédits : armée de Terre)
 

Le Poitou plutôt que les Pyrénées


Cette expérimentation aura duré une dizaine de jours, soit cinq jours de mise en condition puis autant sur le terrain en autonomie totale. Entre ravins et éboulis, les mules ont enchaîné des rotations de sept heures sans broncher, soit de 8 à 10 km de marche et entre 800 et 1000 mètres de dénivelé par jour.

 

Chaque mule ou mulet est capable d’emporter plus de 120 kg de matériel, dont 40 kg pour le matériel de bât. « Ils ont pu emporter jusqu’à 128 kg en configuration maximale, avec deux plaques de mortier de 81 mm », ajoute Thomas Duguy. Soit plus du triple du paquetage maximal d’un soldat. Le détachement intégrait deux mulets chargés et un troisième en réserve, effectif idéal pour alterner les charges et maintenir la cadence. 

 

Résultat une fois arrivé sur site : des fantassins moins fatigués, donc un capital physique préservé qui peut directement être mis à profit en cas de contact avec l’adversaire ou pour assembler les armes d’un groupe d’appui. Une réactivité impensable lorsque le port du matériel se fait à dos d’homme et exige un temps de récupération.

 

Les animaux ont a par ailleurs démontré de solides facultés d’adaptation aux changements d’altitude. Après plusieurs jours d’exercice, le palier des 2500 mètres s’est traduit par une « montée en cardio » potentiellement dangereuse. Après un temps arrêt, cet essoufflement n’a cependant plus été constaté au palier suivant des 3000 mètres.  

 

Autant de performances qui s’expliquent aussi par le choix des mulets engagés, tous d’origine poitevine, l’une des deux races reconnues en France avec celle des Pyrénées. À la différence de sa cousine du sud-ouest, les mule et mulets poitevins disposent d’une morphologie plus robuste et de membres solides. « Ce sont des animaux qui sont à la fois puissants, très porteurs et calmes », détaille Thomas Duguy.

 

La race poitevine présente également un « couple élevé », pour reprendre un langage mécanique. Autrement dit, elle « ne tourne pas vite », mais donne de la puissance. L’objectif, en effet, n’est pas de faire un chrono au prochain Ultra-Trail du Mont-Blanc, mais de maintenir un rythme constant. « On gère du vivant alors le but n’est pas dans les amener à leurs limites mais plutôt de les faire durer dans le temps », souligne Thomas Duguy. Le détachement est néanmoins revenu au camp de base avec plus de deux heures d’avance sur l’horaire imparti.

 

Une première expérience concluante

 

« A priori, la première expérience aura été plus que positive », relève Thomas Duguy. Celle-ci aura rapidement fait effet boule de neige dans le bataillon et parmi les autres régiments de la 27e BIM, qui se sont d’emblée dits « et pourquoi pas nous ? ».

 

C’est le cas du caporal Dimitri, pointeur au sein d’un groupe mortier du 7e BCA. « À l’avenir, l’emploi des mulets peut vraiment être bénéfique pour un groupe mortier parce que, mine de rien, ce sont 80 kg que nous n’avons pas à porter. En termes de physique et d’endurance, ce n’est pas négligeable une fois qu’on arrive en haut », indique-t-il.

 

Le 7e BCA prévoit de réitérer l’expérience au moins une fois cette année, à nouveau pour une dizaine de jours et probablement à la fin de l’été. Et s’il s’agit surtout de confirmer les résultats acquis l’an dernier, rehausser le niveau d’ambition n’est néanmoins pas exclu. Du côté des muletiers, la préparation est dès lors montée en puissance pour pouvoir répondre à un besoin pour six ou sept mules « opérationnelles », de quoi dédoubler l’envergure du dispositif.

Les muletiers s’attachent aussi à enraciner les liens avec les opérationnels. Ceux-ci s’apprêtent ainsi à signer un contrat de réserviste pour intégrer le 7e BCA. L’idée étant que le bataillon puisse disposer de ses propres muletiers, qui à leur tour pourront en former d’autres en interne et « pourquoi pas, un jour acquérir ses mulets et reformer un bataillon de muletiers ».
 
Enfin, même si la « technologie » se veut des plus rustiques, des marges d’évolution sont envisageables. Sur le matériel de bât, principalement, conçu dans les années 1960 et hérité de l’armée suisse. « Aujourd’hui, on sait déjà que l’on pourrait profiter de la généralisation des nouveaux matériaux composites pour diminuer radicalement des éléments de portage », estime Thomas Duguy. Avec à la clef, autant de kilos supplémentaires gagnés en emport et/ou un surplus de confort et une diminution de la fatigue pour l’animal.
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Ya Rab Yeshua.

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