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DRONEX 2021 : derrière le challenge, l’apprentissage tactique des télépilotes de l’armée de Terre


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Pourquoi DRONEX ?

Ici, ni cérémonie, ni parcours d’obstacles, ni public en liesse. Pour le colonel Loïc de Kermabon, chef de corps du CENTAC-1er BCP*, DRONEX « n’est pas une épreuve de modélisme durant laquelle il faut aller vite et piloter correctement son drone ».
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Non, ce challenge se focalise sur « l’utilisation des drones comme un outil de combat au service du chef tactique. Contrairement à un certain nombre de challenges, ici nous ne sommes pas là pour constater ou évaluer la maîtrise technique du drone mais bien pour encourager son appropriation et développer la culture tactique des télépilotes ».

La création de DRONEX découle d’un constat. « Nous avons remarqué au cours de nos exercices tactiques que les télépilotes ne tiraient pas toute la plus-value tactique de leur drone. Il manquait cette dimension ‘culture tactique’ à des télépilotes avant tout sélectionnés sur base volontaire et selon leur capacités techniques ». Or, le télépilote doit impérativement allier l’aisance technique à la compréhension de l’environnement tactique.
 

DRONEX répond donc, au-delà de l’aspect compétition, à trois objectifs : gagner de l’expérience en pilotage tactique, recycler les qualifications annuelles des télépilotes présents et offrir un espace d’échange unique pour les utilisateurs. « C’est le seul moment durant lequel nous pouvons nous retrouver au niveau interarmes pour échanger sur le sujet », indique l’adjudant Samuel, instructeur drones au sein du 3e RAMa et compétiteur lors de l’édition précédente.

DRONEX-2021-derrie%CC%80re-le-challenge- Le nanodrone Black Hornet 3 : 33 grammes, une voie jour ou nuit et une autonomie de 25 minutes en conditions idéales (Crédits : CENTAC-1er BCP)
Des épreuves plus nombreuses, plus complexes
 

DRONEX 2021 comprenait quatre ateliers qui vont « mettre en situation opérationnelle les télépilotes, en leur demandant de savoir lire un ordre tactique, de savoir comprendre et exploiter une situation tactique pour savoir où chercher, que chercher et comment il faut le chercher pour préserver la discrétion de la troupe ».

Les épreuves sont plus nombreuses, plus exigeantes et plus réalistes. Un durcissement conforme à la Vision stratégique du chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Thierry Burkhard, et qui s’appuie tant sur l’édition inaugurale que sur les RETEX issus des exercices traditionnels du CENTAC et des théâtres d’OPEX. 
 

« Le CENTAC se base sur l’avis des télépilotes et des instructeurs pour améliorer le challenge et le rendre de plus en plus intéressant. La preuve : nous sommes beaucoup plus nombreux que l’an dernier », explique l’adjudant Samuel.

Qui dit tactique dit nano et microdrones, et DRONEX est pour l’instant centré sur le nanodrone Black Hornet 3, mis en œuvre à l’échelon de la section. Outil d’aide à la décision au combat, ce nanodrone fait maintenant partie de l’équipement du combattant, de la section d’infanterie à la section d’aide à l’engagement amphibie.
 

Les trois épreuves diurnes « classiques » sont cette fois complétées d’une séquence de nuit, tirant pleinement parti de la vision infrarouge du Black Hornet 3 (indicatif « Frelon » durant DRONEX). Chacune reprend des situations réalistes directement inspirées des OPEX, comme la défense de base opérationnelle avancée (FOB), la reconnaissance d’itinéraire ou encore l’identification d’engins explosifs improvisés.

Personnel, mannequins, véhicules, armements ou indices tactiques disséminés et plus ou moins camouflés sur le terrain constituent l’éventail de menaces. Aux télépilotes de les déceler et de rendre compte à leur chef tactique. S’y ajoutent des contraintes techniques de durée de vol, de plafond et de zone d’évolution, notamment pour des soucis de discrétion. Le tout « reflète mieux que l’année passée ce que nous rencontrons en OPEX », rapporte l’adjudant Samuel.
 

Ouvrir le challenge à d’autres

Seul évènement du genre dans l’armée de Terre, DRONEX 2021 aura vu s’affronter 21 binômes télépilote-référent instructeur drone. Une capacité d’accueil dédoublée par rapport à l’édition 2020, mais qui reste néanmoins conditionnée par le potentiel d’arbitrage du CENTAC. « Nous avons même dû refuser un certain nombre d’équipes », souligne le colonel de Kermabon.
 

Cette vingtaine d’équipes, c’est en effet « la limite que nous nous sommes fixés compte tenu de nos capacités de contrôle ». Pour y parvenir, le CENTAC doit par ailleurs faire appel aux renforts extérieurs, notamment en provenance du 61e régiment d’artillerie (61e RA) de Chaumont, unité de référence drones de l’armée de Terre.

Tous les contrôleurs impliqués dans DRONEX sont des instructeurs drones. Leur nombre devrait augmenter concomitamment aux perceptions en régiment et permettre à DRONEX d’évoluer en terme d’ambition.
 

À terme, l’idée reste en effet de pouvoir accueillir davantage d’équipes et d’ouvrir ce challenge aux armées alliées. Un format élargi qui pourrait se construire autour du Black Hornet, opéré par une dizaine de pays de l’OTAN, dont l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Espagne. « Nous n’avons pas voulu franchir cette étape trop tôt, mais il s’agit bien d’un vrai projet qui pourrait être possible dès l’année prochaine ou d’ici deux ans ».

 

Le drone au cœur de l’entraînement

En seulement quelques années, le CENTAC est devenu, de par sa surface et ses installations, l’un des centres majeurs de mise en œuvre du drone dans un cadre tactique.
 

Son usage, à l’origine axé sur la captation d’images à des fins d’analyse après action (3A), s’est rapidement élargi aux unités entraînées non dotées et à la force adverse (FORAD). Il contribue à présent à bâtir des scénarios d’entraînement adaptés aux nouvelles menaces, répondant à l’un des objectifs de la Vision stratégique du CEMAT.

Pour autant, ce type d’adversaire n’est pas suffisamment prise en compte par les entraînés, pour qui surveiller le ciel n’est pas encore devenu un réflexe. À l’inverse, le drone est parfois créateur d’un effet de surprise favorable à la FORAD. Sa présence, volontairement accentuée par le télépilote, peut en effet capter l’attention d’entraînés qui, images à l’appui, se feront simultanément surprendre par l’adversaire arrivant dans son dos.
 

Le parc du CENTAC, constitué pour l’instant de deux microdrones Mavic Pro, s’élargira prochainement avec l’arrivée de microdrones Anafi USA et de Black Hornet 3.

DRONEX-2021-derrie%CC%80re-le-challenge- (Crédits : CENTAC-1er BCP
3000 vecteurs et 2500 télépilotes à l’horizon 2023
 

DRONEX est significatif des transformations en cours dans l’armée de Terre. Pour 2023, celle-ci ambitionne de disposer de 1200 systèmes de différentes classes, soit 3000 vecteurs aériens opérés par 2500 télépilotes. Commandes, livraisons et perceptions progressent dès lors à marche forcée.  

L’année 2021 est une étape majeure pour le segment tactique, avec l’acquisition en janvier d’un premier lot de microdrones Anafi USA sur les 500 à 600 exemplaires prévus pour l’armée de Terre, puis de 20 systèmes NX70 Block 2 supplémentaires et d’un nouveau lot de Black Hornet 3. Plus de 200 systèmes Black Hornet 3 à trois vecteurs sont en service dans les régiments. Cent de plus sont attendus en 2021 pour porter progressivement le parc à 555.
 

Droniste depuis plus de 18 ans, l’adjudant Samuel a connu les drones Crécerelle, CL-289 SDTI et autres DRAC. Il salue l’effort en cours, tant quantitatif et qualitatif que réglementaire. « Avec le Black Hornet 3, nous ne sommes plus aussi contraints qu’auparavant en régiment. Dès qu’un télépilote a une heure ou deux devant lui, il suffit de rendre compte au chef de corps et de consigner le vol sur le cahier d’ordres. Il peut ensuite faire décoller son drone de pratiquement n’importe où et gagner plus rapidement en expérience ».

« Aujourd’hui, le drone est omniprésent sur le champ de bataille. Il faut qu’on apprenne à utiliser les drones comme à s’en protéger », rappelle le colonel de Kermabon. L’armée de Terre construit la lutte anti-drones autour de trois axes : la protection des emprises fixes avec MILAD (Moyen Interarmées de Lutte Anti-Drones), l’appui dynamique des GTIA et SGTIA avec le système AR LAD (Adaptation réactive de lutte anti-drones) monté sur VAB Ultima et la protection des éléments débarqués avec des fusils brouilleurs.
 

Si des fusils anti-drones sont opérés en OPEX depuis l’an dernier, MILAD et AR LAD complèteront le dispositif dès cet été. La LAD Terre agit en complément du futur segment sol-air basse couche (SABC) intégré dans le programme TITAN, des capacités C2 MARTHA et de détection S3D GM60 du système de commandement et de conduite des opérations aérospatiales (SCCOA).

 

*CENTAC-1er BCP : Centre d’entraînement au combat – 1er bataillon de Chasseurs à pied basé à Mailly-le-Camp (Aube)
*40e RA (2), 3e RH (3×2), 16e BCP (2), 13e RG (2), 511e RT (2), 3e RAMa (2), 2e REI (2), 1er RCP (2), 1er RS (1).

Ya Rab Yeshua.

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