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« Haute intensité » : La France va renouer avec les grandes manoeuvres militaires


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http://www.opex360.com/2021/06/26/haute-intensite-la-france-va-renouer-avec-les-grandes-manoeuvres-militaires/

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Après la guerre franco-prussienne de 1870, l’Europe entra dans une période de paix [longue, pour l’époque] qui favorisa les progrès économiques et technologiques, ce qui fit écrire à Charles Péguy que « le monde a[vait] plus changé entre 1880 et 1914 que depuis les Romains ».

Cette époque est d’ailleurs considérée comme ayant été celle de la « première mondialisation ». Cependant, des deux côtés du Rhin, elle fut marquée par les « grandes manœuvres militaires » [« Kaisermanöver » en Allemagne], dont l’enjeu était d’affiner les tactiques, de tester les nouveaux matériels et d’affirmer sa puissance militaire. Comme celles qui, organisées en 1901 dans l’est de la France, mobilisèrent pas moins de 130’000 soldats, répartis entre les Armées A et B.

Comparaison n’est pas raison, dit-on. Mais la « Belle Époque » présente quelques traits communs à la période actuelle, avec un contexte internationale qui se durcit et des menaces ne cessent de s’accentuer. Et désormais, un conflit [ou d’un engagement] de haute intensité fait partie des hypothèses que l’on ne peut écarter d’un revers de main.

Lors de sa dernière audition au Sénat en qualité de chef d’état-major des Armées [CEMA], plaidant pour un maintien de l’effort budgétaire en matière de défense en dépit des difficultés économiques causées par la pandémie de covid-19, le général François Lecointre a affirmé que « nous avons tous le devoir de faire prendre conscience à nos concitoyens que le monde qui les entoure est un monde violent et qu’ils vont être rattrapés par cette violence très rapidement, quoiqu’il arrive, qu’ils le veuillent ou non. » Et d’insister : « On ne peut pas faire d’impasse sur la protection de nos intérêts stratégiques et sur le rang de la France dans le monde ».

Cela étant, si elle ne sera pas actualisée comme prévu en raison des incertitudes économiques pour ses deux dernières annuités, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 fera toutefois l’objet d’ajustements afin de prendre en compte de nouvelles priorités. Et cela, selon trois axes : « Mieux détecter et contrer », « Mieux se protéger » et « Mieux se préparer ».

Selon les explications du général Lecointre, « mieux se préparer » signifie qu’il « s’agit surtout de conforter l’effort de préparation opérationnelle des armées, en parallèle de ce qui est conduit en faveur de leur réparation et de leur modernisation ».

« Pour être tout à fait franc, je pense que, au moment de l’élaboration de la LPM, nous avions sous-estimé les besoins en ressources budgétaires dans ces domaines. Aujourd’hui, il nous apparaît nécessaire de les renforcer, en rehaussant la disponibilité des équipements requis pour assurer une plus grande homogénéité de l’entraînement opérationnel, en compensant des fragilités logistiques mises en évidence par la crise sanitaire dans le domaine du maintien en condition opérationnelle et en améliorant les moyens permettant la valorisation de l’entraînement : simulation, centres de préparation opérationnelle et exercices, qui sont coûteux », a détaillé le CEMA.

Justement, s’agissant des exercices, le général Lecointre a confirmé que la France allait renouer, en quelque sorte, avec les « grandes manœuvres »… mais avec des effectifs évidemment beaucoup moins importants que par le passé.

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« Nous prévoyons […] d’organiser en 2023 un exercice, dénommé Orion, qui sera multi-milieux, interarmées, interallié, de niveau divisionnaire et qui impliquera 17’000 à 20’000 hommes et 500 véhicules de l’armée de Terre, deux porte-hélicoptères amphibies, le porte-avions Charles-de-Gaulle pour la Marine et 40 avions de l’armée de l’Air et de l’Espace », a résumé le général Lecointre.

« Il nous faut acquérir des moyens permettant de garantir la cohérence d’ensemble et la maîtrise par les armées de la force dans des environnements moins permissifs », a-t-il continué, avant d’estimer qu’il est aussi nécessaire de renforcer les « activités notamment de l’armée de Terre et de l’armée de l’Air et de l’Espace, en augmentant les heures de vol de chasse et les heures d’entraînement sur blindés, à partir de 2022. »

Pour le CEMA, de telles manœuvres sont une manière de « signifier notre détermination » Et elles constituent aussi une « autre façon de contrer des stratégies hybrides car dans cette cette confrontation de volontés, nous devons penser que chacune de nos actions peut être, et doit pouvoir être, interprétée par nos compétiteurs ou par nos ennemis ».

Or, a-t-il poursuivi, « être capable de conduire un exercice de haute intensité participe de cette volonté de signifier à nos compétiteurs que nous nous défendons, que nous agissons et que nous sommes capables de contrer ces actions. » Et d’enfoncer le clou : « Les exercices que cette préparation nous amène à réaliser constituent, en eux-mêmes, une forme de démonstration de puissance, donc de confrontation. »

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Reste que, depuis maintenant plusieurs années, la Russie organise régulièrement des manœuvres de grande ampleur, comme cela sera encore le cas avec celles appelées « Zapad 2021 », qui auront lieu en Biélorussie en septembre prochain. L’Otan n’est pas non plus en reste, avec des exercices d’une ampleur qui n’avait plus été vue depuis la fin de la Guerre Froide.

Ya Rab Yeshua.

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  • 2 semaines plus tard...

http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/07/08/haute-intensite -le-choc-des-titan-a-un-cout-tres-lourd-22294.html

Haute intensité : un choc avec les Titan aurait un coût très élevé

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Après 20  ans de lutte anti-insurrectionnelle, tant en Afghanistan qu’au Sahel, les forces françaises sont-elles en mesure de relever le défi de la haute intensité (photo ci-dessus armée de Terre) ?

"L’armée de Terre n’a jamais abandonné la haute intensité", rappelle le chef de la 2e brigade blindée, le général Giraud (photos ci-dessous PH. CH.).

"Le choix de nos matériels le prouve : regardez nos chars Leclerc ou nos hélicoptères Tigre, par exemple. Par ailleurs, dans nos centres d’entraînement du CENTAC (le Centre d’entraînement au combat) et du CENZUB (le centre d’entraînement aux actions en zone urbaine), nous sommes toujours restés sur la préparation à la haute intensité. Les fondamentaux sont là mais il va falloir durcir, par exemple, nos capacités sol-air parce que nous n’aurons pas toujours la supériorité aérienne. Et il faut aussi durcir l’entraînement".

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Ce durcissement de l’entraînement est déjà en cours. Ainsi, les soldats de la 2e brigade blindée ont récemment participé à deux exercices majeurs : Springstorm en Estonie (voir mes différents post dont celui-ci et celui-ci) et Dompaire dans l’est de la France.

En attendant Orion
Dompaire n’est qu’une petite commune des Vosges mais en septembre 1944, la 2e DB et la 112e Panzerbrigade, s’y sont affrontées dans le cadre de la plus grande bataille de chars de la campagne de France.

Dompaire, c’est aussi un millier d’hommes et 300 véhicules qui ont manœuvré pendant 15 jours début juillet, "dont la moitié du temps en terrain libre", comme le précise le général Giraud. L’autre moitié de Dompaire a été jouée en simulation, à partir de Saumur où est installé le Centre de Simulation Opérationnelle (CSO) SOULT.

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"Il est toujours complexe pour les unités de s’intégrer dans un environnement interarmes. Ce que l’on réussit à faire au niveau des groupements tactiques (de 800 à 1 500 hommes) au Sahel, il faut désormais qu’on le réalise au niveau des brigades (7 000 hommes) puis des divisions (25 000 hommes)", explique Vincent Giraud.

Dompaire ("un préambule à Orion", l’exercice de niveau division qui aura lieu en 2023) s’inscrit dans la préparation au combat de haute intensité où les belligérants disposent d’armement et d’effectifs équivalents, de techniques et de tactiques similaires. L’ennemi est alors dit de type  "Mercure" (armée étatique de haut niveau et du haut de spectre) ou "Titan" (armée étatique de 2e rang/dissymétrique), par opposition à "Tantale" (force armée non étatique, guérilla très consistante) et "Deimos" (ennemi non conventionnel, GAT).

Outre la complexité à faire manœuvrer des forces importantes dans un environnement non permissif, ce type de combat se caractérise par sa létalité. "Les unités de mêlée (infanterie et cavalerie) subiront de lourdes pertes", comme le montre la simulation. Pendant Dompaire, l’action de l’artillerie et de l’aviation ennemies a coûté aux forces amies "entre 75 % et 85 % de leurs capacités" humaines et matérielles.

 

"Pertes élevées donc, mais aussi grande consommation de munitions, ce qui pose un enjeu logistique pour approvisionner les combattants et régénérer hommes et matériels. Et enfin, vulnérabilité des postes de commandement, leur neutralisation obligeant à disposer aussi de moyens dégradés", énumère le général Giraud, avant de poursuivre avec "l’accélération du tempo".

En effet, les troupes évoluent en permanence en zone d’insécurité, souvent sous le feu ennemi, tout en étant menacées par des infiltrations de l’adversaire. Ce qui induit de la fatigue et a un impact négatif sur les capacités de décision.

Malgré tout, rassure le général Giraud, "on est encore capable de faire parce qu’on n’a jamais lâché". Et le cavalier de conclure : "On se remet en selle mais on n’est pas tombé de la selle".

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Ya Rab Yeshua.

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  • 4 semaines plus tard...

http://www.opex360.com/2021/08/08/haute-intensite-pour-le-senat-les-forces-francaises-devront-trouver-un-compromis-entre-la-rusticite-et-la-technologie/

Pour le Sénat, les forces françaises devront trouver un compromis entre la « rusticité » et la technologie

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L’engagement dit de « haute intensité », hypothèse autrefois jugée « improbable » avec la fin de la Guerre Froide, est un thème désormais régulièrement – voire systématiquement – évoqué par les responsables militaires français. Et cela n’est pas sans conséquence en termes capacitaires, comme l’a souligné un récent rapport du Sénat qui s’est penché sur la dernière guerre du Haut Karabakh, laquelle a opposé l’Azerbaidjan d’un côté et, de l’autre, la république d’Artsakh associée à l’Arménie, à l’automne 2020.

En effet, compte tenu de la relative « symétrie » des belligérants, cette guerre du Haut Karabakh donne une idée de ce que peut être un engagement de « haute intensité » au 21e siècle. D’où l’intérêt d’en tirer quelques enseignements…

Ainsi, en premier lieu, le rapport des sénateurs Olivier Cigolotti et Marie-Arlette Carlotti souligne que ce conflit a été « mal anticipé », malgré des signes avant-coureurs, comme « l’impact du renforcement des liens entre l’Azerbaïdjan et la Turquie » et la détérioration des liens entre l’Arménie et la Russie ».

En outre, la « possibilité d’une importation, dans la région du Caucase, de certaines caractéristiques de conflits récents [Syrie, Libye], n’a pas été perçue ». Or, poursuivent les rapporteurs, « à l’évidence, une meilleure anticipation aurait permis d’être plus vigilant, d’agir préventivement auprès des parties et de leurs alliés, et de se préparer à réagir de façon coordonnée avec nos partenaires ».

Et cela pose la question de « l’enjeu majeur de la réactivité », étant donné que le « conflit du Haut-Karabagh interroge […] la notion de montée en puissance ».

Sur ce point, rappellent les sénateurs, les « hypothèses d’engagement majeur, dans les schémas de l’Otan permettent une montée en puissance sur une durée de six mois », ce qui insuffisant, la guerre du Haut-Karabakh s’étant « déclenchée quelques semaines après les premiers signaux d’alerte [juillet 2020] ».

Aussi, estiment-ils, les « hypothèses d’engagement majeur doivent prendre en compte la possibilité d’un préavis très court et donc d’une montée en puissance très rapide », ce qui suppose donc d’approfondir « nos efforts en matière de renseignement et d’anticipation, s’agissant non seulement des ‘capteurs’ mais aussi des moyens d’analyse, notamment en termes de ressources humaines ».

Par ailleurs, ce conflit du Haut-Karabakh a démontré, s’il en était encore besoin, que la « guerre de haute intensité est une guerre de stocks, une guerre économique, très consommatrice en équipements et en munition » et qu’elle « signifie aussi, potentiellement, des pertes humaines et matérielles beaucoup plus importantes que celles que subissent aujourd’hui les armées occidentales dans leurs opérations extérieures ».

Or, avec les restrictions budgétaires qu’elles ont connues, les forces françaises sont devenues « échantillonaires », c’est à dire que la prime a été donnée à la « qualité » [et à la haute technologie] au détriment de la quantité [et donc de la masse]. Ce qui réduit leur marge de manoeuvre étant donné que l’on hésite d’autant plus à engager des équipements coûteux quand on risque de les perdre. Par ailleurs, l’accent a également été mis sur des matériels pouvant être utilisés en opérations extérieures, dans des conditions où la supériorité aérienne est acquise. Ce qui a d’ailleurs conduit à réduire les moyens dédiés à la défense anti-aérienne des unités de l’armée de Terre… alors que le guerre du Haut-Karabakh a montré leur importance pour parer à la menace des drones et des munitions rôdeuses.

« Les moyens dont nous disposons aujourd’hui en courte ou en moyenne portée, Crotale et SAMP/T [qui relèvent exclusivement de l’armée de l’Air, ndlr], permettent de défendre les bases aériennes et les bases à vocation nucléaire dans le cadre du contrat opérationnel en matière de dissuasion, mais ils ne permettraient pas d’accompagner au combat une manœuvre mobile offensive d’un dispositif terrestre », avait ainsi déploré le général François Lecointre, l’ex-chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition parlementaire.

Pour les sénateurs, « de façon générale, la notion de saturation de l’espace aérien, y compris pour la défense des unités terrestres, est essentielle » et la « notion de ‘lutte antiaérienne toutes armes’, pour l’autodéfense des unités, redevient d’actualité. Il ne s’agit pas de faire forcément usage des dernières technologies disponibles, mais de pouvoir tenir dans la durée ».

Plus généralement, le retour de la haute intensité suppose de se réapproprier des capacités jusqu’alors délaissées [comme par exemple les moyens lourds de déminage] et de planifier « l’accroissement des volumes d’équipements et de munitions » au cours des années à venir, lit-on dans le rapport.

Quoi qu’il en soit, ses auteurs posent la question de savoir s’il faut choisir entre la « masse » et la « technologie », notamment pour l’armée de Terre. Mais ils n’y apportent pas de réponse définitive dans leur rapport.

La « très haute technologie reste nécessaire. D’une part, tous les conflits de demain ne ressembleront pas à celui du Haut-Karabagh. Des opérations asymétriques, dans un contexte de supériorité aérienne, doivent bien sûr continuer d’être envisagées » et la haute intensité étant « aussi une bataille du ‘temps d’avance' », elle reste un « atout majeur », écrivent M. Cigolotti et Mme Carlotti.

Cependant, les deux rapporteurs estiment que « l’arbitrage entre technologie et rusticité doit être repensé en profondeur ».

« Nous avons besoin de haute technologie mais peut-être pas toujours de ‘très haute technologie’ dans certains domaines », avancent-ils, citant le général Thierry Burkhard, l’actuel CEMA.

« Oui, il faut conserver une certaine supériorité technologique mais si c’est pour disposer d’une F1 qui est efficace seulement sur un circuit avec une écurie autour d’elle, c’est un leurre. Il ne faut donc pas se laisser entraîner dans la très haute technologie. Il faut que nos systèmes d’armes soient toujours relativement résilients et stables et qu’en plus, ils soient capables de fonctionner en mode dégradé », avait en effet expliqué le général Burkhard, alors qu’il était encore chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], en octobre 2020.

Les rapporteurs en ont conclu que les « équipements doivent demeurer suffisamment ‘rustiques’ pour que leur soutien puisse être assuré directement sur les théâtres d’opération, à coût raisonnable et sans dépendances majeures vis-à-vis de nos compétiteurs et adversaires », d’autant plus que crise liée à la covid-19 a « montré les effets possibles d’une rupture d’approvisionnement ». Et de demander : « En cas de crise avec la Chine, dans quelle mesure pourrions-nous continuer à nous approvisionner, s’agissant par exemple des matériels comportant des terres rares? ».

Trouver le bon équilibre entre la rusticité et la technologie susceptible de donner l’avantage sur le terrain sera « l’un des enjeux du programme Titan de rénovation du segment lourd de l’armée de Terre », estiment les sénateurs. Mais cela ne réglera pas le problème de la masse…

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Ya Rab Yeshua.

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