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Haute intensité : l’armée de l’Air dispose-t-elle d’assez d’aérodromes pour disperser ses escadrons de chasse ?


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http://www.opex360.com/2021/07/21/haute-intensite-larmee-de-lair-dispose-t-elle-dassez-daerodromes-pour-disperser-ses-escadrons-de-chasse/

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Il faut se garder de mettre tous ses oeufs dans le même panier. Et cela peut être d’autant plus vrai que, en cas de conflit de « haute intensité », il faudra désormais prendre en compte la menace des armes hypersoniques, en plus de celle des missiles, qu’ils soient balistiques ou de croisière.

Or, depuis la fin de la Guerre Froide, et en particulier en Europe, la tendance a été de réduire le format des forces aériennes… et donc de fermer des bases aériennes, avec leur abris durcis [Hardener Aircraft Shelter, HAS]. Ce qui fait, désormais, les escadrons d’avions de combat se concentrent sur un petit nombre d’emprises qui, le cas échéant, seraient, à n’en pas douter, les premières visées par l’adversaire.

Aussi, le 20 juillet, le chef d’état-major de la Royal Air Force [RAF], l’Air Chief Marshal [ACM] Sir Michael Wigston, a fait part de son intention de remettre au goût du jour des « exercices de dispersion sans préavis », lesquels n’ont plus été pratiqués outre-Manche depuis près de trente ans.

L’exercice Agile Stance consistera à donner un ordre de dispersion aux avions de chasse, c’est à dire qu’ils « quitteront leurs bases », sans préavis, « pour atterrir sur des aérodromes civils ou même des autoroutes », a expliqué l’ACM Wigston. Ainsi, cela rendra la tâche de l’ennemi « plus difficile », a-t-il ajouté.

Comme il l’a expliqué au quotidien « The Telegraph« , les bases de la RAF seraient actuellement « vulnérables à une attaque surprise » comme celle de Pearl Harbor. « Nous devons réapprendre à nous disperser » car si « l’arsenal [de missiles] dont se vante [le président russe] Poutine était déplacé vers l’enclave de Kaliningrad, nous serions à portée », a insisté l’ACM Wigston. En outre, a-t-il continué, la « trajectoire » suivie par la Russie au cours de 15 dernières années « oblige les chefs militaires à faire preuve d’innovation face à une menace croissante ».

Quand on sait qu’il a fallu deux avions de transport C-17 pour assurer le soutien de seulement deux avions de combat F-35A en Finlande, on mesure ce que cette manoeuvre de dispersion suppose pour les F-35B de la RAF… D’autant plus qu’il n’est pas question de créer de nouvelles bases. « Il y aura le défi [à relever] de déployer des avions armés sur des aérodromes civils », a souligne l’ACM Wigston. « Nous devons considérer cela comme un défi national et examiner le potentiel des pistes d’atterrissage que nous avons au Royaume-Uni », a-t-il poursuivi. Et de conclure : « Cela ressemble un peu à la guerre froide. Mais nous avons un besoin urgent de nous rappeler comment le faire ».

Cela étant, l’un des problèmes à régler sera la protection des avions quand ceux-ci se seront redéployés sur des aérodromes civils… Certes, le RAF Regiment en sera chargé… Mais cela ne suffira pas, par exemple, pour contrer d’autres menaces, comme celle des drones en essaim. Et contre cette dernière, faute de capacités de lutte anti-drones [et à supposer qu’elles soient efficaces], il faut des abris durcis… Lesquels sont également censés permettre la poursuite des opérations en cas d’attaque NRBC [nucléaire, radiologique, biologique, chimique]. C’est en effet le point de vue développé dans un récent numéro du magazine Air Fan.

Étant donné que la « haute intensité » est devenue l’une des principales préoccupations des chefs d’état-major français, la question se pose aussi pour l’armée de l’Air & de l’Espace.

Or, en quinze ans, sous l’effet des politiques de « rationalisation » et de la réduction du format de l’aviation de chasse, plusieurs bases aériennes ont été fermées, dont celles de Toulouse, de Toul, de Cambrai, de Dijon, de Metz, de Reims et de Colmar. Certaines ont été cédées aux collectivités locales [parfois pour l’euro symbolique], d’autres ont gardé une vocation militaire en accueillant un régiment de l’armée de Terre.

En tout cas, comme l’a souligné Air Fan, la fermeture de ces bases « se révèle aujourd’hui préjudiciable car elle prive l’armée de l’Air [et de l’Espace] d’une réelle capacité de dispersion et de protection passive de ses moyens », ces bases ayant toutes été « généreusement dotées de hangarettes durcies ». Et d’ajouter : « Certes, elles existent toujours, comme celles de la zone de dispersion du terrain civil de Vatry ou encore celles de l’ancienne base de Strasbourg-Entzheim [fermée en 1994, ndlr], mais combien de temps faudrait-il pour rendre les installations – pistes et taxiways compris – à nouveau utilisables par des avions de combat en cas de crise imposant une montée en puissance rapide? Probablement des semaines, voire des mois ».

[*] Dans les titres, on garde l’appellation « armée de l’Air », plus courte que « armée de l’Air & de l’Espace ». Et le sigle AAE a le défaut de ne pas être explicite pour ceux qui ne sont pas au fait des questions militaires

 

Ya Rab Yeshua.

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