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Hornet, l’atout d’Arquus pour s’imposer dans le segment des tourelleaux téléopérés


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Unique en France, la filière du tourelleau téléopéré petit calibre lancée par Arquus a en quelque sorte soufflé sa troisième bougie au début de l’été. Entre les premières livraisons au client français, le lancement d’une marque Hornet dédiée et la prospection à l’export, le groupe français ne ménage pas ses efforts depuis 2018 pour se positionner dans un segment ultra concurrentiel.

Derrière Hornet, les T1, T2 et T3
 

La prise d’images est interdite dans cette zone excentrée du site de Marolles-en-Hurepoix (Essonne) consacrée à la gamme Hornet. Si Arquus souhaite rester discret sur le processus d’assemblage, c’est parce que ses tourelleaux téléopérés (TTO) sont une pièce maîtresse du programme Scorpion de l’armée de Terre et parce qu’ils font figure de nouveaux venus face à des compétiteurs étrangers solidement établis.

Cette activité, « c’est un métier nouveau pour Arquus. C’est une opportunité qui nous a été offerte par le programme Scorpion », explique Jean Boÿ, directeur de la nouvelle division Hornet lancée en février dernier. Un métier nouveau ? Pas tout à fait. « Nous avons été capables de réussir ce pari technologique parce qu’il y a eu dans l’histoire d’Arquus l’acquisition de la société Panhard, qui avait travaillé un premier tourelleau téléopéré appelé WASP [Weapon under Armor for Self Protection] », rappelle Jean Boÿ.
 

Conçu il y a une décennie et retenu par le ministère des Armées dans le cadre d’une urgence opération, le tourelleau WASP aura permis à Arquus de disposer d’un noyau de compétences des plus précieux pour répondre aux enjeux de Scorpion. Clé de voûte de ce programme, l’évolution vers le combat collaboratif infovalorisé nécessitait en effet de franchir plusieurs jalons technologiques tout en généralisant l’intégration des TTO sur les véhicules de nouvelle génération.

 
Hornet_filie%CC%80re-en-plein-de%CC%81co Un TTO Hornet (ou T1 dans le langage Scorpion) en cours de montage sur la ligne de production de Marolles-en-Hurepoix (Crédits : Arquus)
 

De ce besoin sont nés les tourelleaux T1, T2 et T3, ou Hornet, Hornet Lite et Hornet S dans la nomenclature Arquus.

Le premier, qualifié et en service dans l’armée de Terre, est destiné à appuyer le combattant débarqué. Il peut emporter trois types d’armement : une mitrailleuse type MAG 58 de de 7,62 mm, une mitrailleuse lourde MH2B de 12,7 mm ou un lance-grenades de 40 mm.

Son « petit frère », le T2 embarque une mitrailleuse légère et s’oriente vers le VBMR léger Serval et certains véhicules spécialisés tels que le Griffon EPC, ce calibre étant suffisant pour fournir une auto-protection.

Très innovant, le T3 combine les fonctions d’observation et de visée et d’armement secondaire du Jaguar. Sa qualification n’a pas encore été actée par l’armée de Terre.

Entre le bureau d’études et la production, une cinquantaine de salariés sont aujourd’hui rattachés à cette nouvelle activité. Près de deux exemplaires sont produits chaque jour à Marolles. À ce jour, plus de 200 exemplaires de T1 ont été livrés dans le cadre de Scorpion au site roannais (Loire) de Nexter, où sont assemblés les véhicules Griffon, Jaguar et Serval. La livraison des premiers T2 de série interviendra quant à elle début 2022.
 

« Tous ces équipements Scorpion, c’est aussi l’opportunité pour Arquus d’aller gagner des parts de marché sur d’autres programmes en France, mais aussi et surtout à l’international ». Pour se positionner intelligemment, l’entreprise a choisi de dissocier entièrement la marque Hornet de sa gamme de véhicules. Un choix qui répond à une double ambition : vendre non seulement aux forces armées, mais aussi aux véhiculiers concurrents. Avec succès, car les discussions sont désormais bien avancée avec au moins un prospect export. Un projet d’intégration sur un robot terrestre étranger est également en cours.

 

Innovations et RETEX

Avec la marque Hornet, Arquus place la barre bien au-dessus des premiers tourelleaux adoptés au début des années 2000 par les Américains dans le cadre du conflit afghan. Aujourd’hui, un « bon TTO » doit allier plusieurs optiques, être stabilisé pour autoriser le tir sur des cibles en mouvement, et être capable de recevoir différents armements, voire de pouvoir dissocier l’axe de l’arme de celui de l’optronique.
 

Arquus est pratiquement parti de zéro pour résoudre cette équation.

« C’est tout l’avantage de partir d’une feuille blanche que de ne pas être retenu par les architectures du passé », souligne Jean Boÿ. L’industriel a notamment dû développer de nouveaux savoir-faire relevant de l’installation de l’arme dans son support, de son asservissement et de son pilotage par rapport au moteur électrique. « Tout cela, c’est de l’empirique. Ce sont des heures et des heures passées sur le terrain à tirer afin d’améliorer sans cesse les algorithmes de pilotage ».

 

De ces recherches découlent une poignée d’innovations maison pensées pour coller au objectifs de Scorpion et exploiter les retours d’expérience des militaires français.

L’industriel a ainsi joint une capacité d’auto-protection au duo armement/observation. « Dans le cadre du programme Scorpion, il nous a été demandé de trouver une solution qui va venir diminuer la charge mentale du chef d’engin et en même temps pouvoir déployer ce masque de la façon la plus efficace ». Résultat ? Une seconde couronne de lance-pots fumigènes Galix contre-rotative placée en dessous du système d’arme, et non plus sur la caisse du véhicule. Soit une architecture difficile à développer, mais qui permet de dissocier les axes et d’aligner automatiquement la fonction protection sur une seconde menace sans modifier à la fonction feu grâce au couplage avec les détecteurs acoustique et d’alerte laser.

Le Hornet S reprend cette logique d’axes multiples et l’applique cette fois au viseur PASEO de Safran. Celui-ci est intégré dans une couronne indépendante qui pourra être pilotée soit par le chef d’engin, soit par le tireur. Trois axes différents entrent dès lors en jeu : le PASEO, la mitrailleuse de 7,62 mm et le canon de 40 mm. « L’avantage de cette architecture, c’est aussi qu’on ne vient pas y rajouter encore de la hauteur. les seuls au monde à présenter ce type de configuration », indique Jean Boÿ.
 

Autre intérêt de ces TTO, la prise en compte des RETEX lors de leur développement. Le bloc optronique, par exemple, peut être être orienté vers le bas. D’apparence triviale, cette particularité concourt cependant à protéger la partie la plus vulnérable du tourelleau, ses capteurs optiques. Secundo, Arquus y a ajouté une fonction nettoyage. Ici aussi, rien de très « rocket science ». Ce bloc lavage repose sur un compresseur d’air et deux buses de projection de liquide pour éliminer le sable, la boue ou tout autre élément susceptible d’aveugler les optiques. Pratique lorsque la situation empêche toute sortie du véhicule, en environnement NRBC par exemple.

 
Hornet_filie%CC%80re-en-plein-de%CC%81co À gauche de l’arme, le bloc optronique commun aux TTO Hornet et Hornet Lite (T1 et T2). En dessous, la couronne Galix indépendante, l’une des particularités de la gamme Hornet (Crédits : Arquus)
 

Le TTO au cœur du combat Scorpion

Une décennie après le WASP, Arquus s’est une nouvelle fois tourné vers Safran pour les blocs optroniques. Les Hornet et Hornet Lite sont dotés du même modèle, le MINEO. Il rassemble une voie thermique non-refroidie, un télémètre et trois caméras dans le visible avec des champs de vision de 40°, 10° et 3°. Proche de l’œil humain, la première sert pour balayer large et offrir une compréhension globale de la situation. Si quelque chose ou quelqu’un capte son attention, le tireur pourra basculer sur le champ moyen puis se concentrer sur l’identification de la menace grâce au plus petit champ. Idem pour la caméra thermique, cette fois dotée de champs de 14° et 7°. Le télémètre fournit quant à lui la possibilité de marquer une cible. « Cette capacité, c’est quelque chose qui existait sur les chars. Désormais, nous allons la retrouver sur un véhicule de transport de troupe ».
 

Pourquoi ? Parce que chaque tourelleau est contributeur de la chaîne d’acquisition et de partage du renseignement et se doit donc d’embarquer une optronique cohérente avec la portée de l’arme principale. En l’occurrence, la mitrailleuse de 12,7 mm du Hornet. En tant qu’équipements communs Scorpion, ces systèmes sont les « yeux » du combat collaboratif. Chaque TTO est intégré à la vétronique du véhicule, elle-même reliée aux autres composantes d’un SGTIA ou GTIA au travers du Système d’information du combat Scorpion (SICS), et participe à la manœuvre en envoyant et en recevant de l’information tactique. Le TTO d’un véhicule A sera ainsi en mesure d’engager une cible identifiée par le TTO d’un véhicule B.

 

Ces T1, T2 et T3, ce sont autant de « Rolls-Royce qu’il va falloir apprendre à piloter ». Ils sont annonciateurs d’un sursaut technologique majeur pour l’armée de Terre, à qui il va falloir plusieurs années pour concevoir une doctrine d’exploitation et en tirer tout le potentiel possible sur le terrain, estime Arquus. Avec, au fur et à mesure de la prise en main, des RETEX qui viendront alimenter un argumentaire commercial déjà bien rôdé pour un « rookie ».

Ya Rab Yeshua.

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