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Haute intensité : et si on associait les opérateurs privés à la réflexion et aux exercices?


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http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/07/19/massifier-22316.html

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La "haute intensité", c'est un peu la "maritimisation" d'il y a dix ans. Des termes que l'on prononce et écrit, sans satiété, avec urgence. Comme pour mieux exorciser une menace péremptoire... Comme pour se convaincre que prononcer distinctement ces termes suffit pour maîtriser une réalité intrusive et inédite, mais qui est toutefois indiscutable.

La haute intensité, ce n'est peut-être pas ce que nos soldats vivront demain, voire la semaine prochaine. Mais c'est bien ce à quoi ils doivent se préparer dès aujourd'hui. Et l'exhortation du CEMA à se préparer à ce type d'engagement est irréprochable.

Elle se base sur quelques constats faits dès 2016 dans le document Action Terrestre Future (ATF) dont l’objectif est d’anticiper les besoins de l’armée de Terre sur le long terme.

L'ATF menait une réflexion qui, à la base, rejoint l’analyse des quatre "illusions" ("four fallacies of future war") du général américain H. R. McMaster sur la manière de conduire les prochains conflits :
- 1st Fallacy : une approche technologiste et systémique de type "shock and awe" suffira à provoquer le délitement de l’adversaire;
- 2nd Fallacy : le raid de forces spéciales porté au rang de martingale stratégique;
- 3rd Fallacy : la guerre pourra être menée par procuration, grâce à l’emploi de proxys;
- 4th Fallacy : l'ennemi nous laissera choisir nos types d’engagement.

La prise en compte de ces quatre "illusions" explique, par exemple, l'effort de renforcement des forces conventionnelles US en Europe et la volonté d'éprouver le renforcement express (par voie aérienne et maritime) des capacités déjà déployées. D'où la massification des moyens américains pour disposer, plus vite, de plus d'effectifs, d'équipements et de munitions à lancer dans une éventuelle bataille sur les frontières de l'est de l'Europe. 

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Elle explique aussi la volonté de l'actuel chef d'état-major des Armées de mieux préparer les forces françaises qui doivent "changer d'échelle".

Certes, "il faut gagner la guerre avant la guerre", comme l'estime le général Thierry Burkhard qui sera mercredi devant les députés. Mais l'adversaire, on l'a dit, aura le choix des armes. D'où le besoin de capacités robustes dans les domaines de la guerre informationnelle, du cyber et du spatial. D'où la nécessité également de disposer d'un volume de forces conventionnelles humainement et technologiquement égales ou supérieures à tout ennemi potentiel.

Il faut massifier car, lors de conflits de haute intensité, "l'attrition sera sans commune mesure avec celle rencontrée dans les conflits passés" (lire l'étude de l'IFRI: "La masse dans les armées françaises : un défi pour la haute intensité", Focus stratégique, n° 105, juin 2021, p. 69), avec des engagements consommateurs en effectifs et en équipements.

De récents exercices en Estonie (exercice Springstorm) et dans l'est de la France (exercice Dompaire) ont témoigné de cette érosion intense des capacités (voir ici et ici). Une telle attrition implique des capacités pour régénérer, rapidement, effectifs, matériels et stocks (en particulier de munitions). 

Comment massifier ? Certainement pas en piochant dans le parc patrimonial des musées militaires (quoi que...). Il s'agit moins de "combler des vides capacitaires" (ce qui se fait actuellement en matière d'externalisation) que d'augmenter le volume de matériels disponibles d'une part et celui des effectifs d'autre part. 

La part du privé.
Sur ce dernier point, le recours aux réservistes permettra de soulager la charge des unités d'active et de combler les trous suite aux meurtriers chocs initiaux. Dans "La masse dans les armées françaises: un défi pour la haute intensité", il est ainsi fait référence aux réserves mais également au "recours à des opérateurs privés" pour étoffer cette masse.

C'est ce que dit aussi un document de 2016 produit par l'armée de Terre: L'action terrestre future. Le document ATF précise que "la coopération peut aussi demander d’être capable d’échanger, avec les organisations non-gouvernementales et les entreprises privées de service de sécurité et de défense, sans qu’il soit question en l’espèce d’interopérabilité". Il y a donc une place pour les ESSD (entreprises de service de sécurité et de défense) dans ce grand projet pour développer la masse au sein des forces terrestres, projet qui envisage clairement "l’engagement d’opérateurs privés (MCO, tâches organiques et logistiques, de protection de la force)". 

Un tel recours aux capacités du privé n'est pas dans la culture tricolore. Et pourtant, il va bien falloir cesser de parler de "mercenariat" et considérer l'apport des entreprises commerciales dans le domaine du soutien. Et admettre par exemple que le MCO peut être externalisé sur les théâtres d'opérations. Arquus et Nexter attendent d'ailleurs des clarifications sur ce point. Mais de l'aveu d'un proche de Florence Parly, "la réflexion est un peu congelée" sur ce sujet. 

En attendant, non pas un conflit de haute intensité mais une décision tricolore réfléchie, il faut anticiper:
- en se penchant d'abord sur réglementation nationale et le droit du travail pour clarifier le champ d'intervention du privé;
- en identifiant ensuite les domaines où le privé peut intervenir (cernera-t-on enfin le fameux coeur de métier?);
- en identifiant les acteurs commerciaux capables de fournir ces prestations dans le cadre de la haute intensité; 
- enfin en associant les ESSD rapidement aux grands exercices qui s'annoncent dans les mois qui viennent.

Ya Rab Yeshua.

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