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La France se dote d’une capacité spatiale de renseignement électromagnétique unique en Europe


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Entré en phase de réalisation en 2015, après avoir été confié à Airbus Defence & Space, en co-maîtrise d’œuvre avec Thales, le programme CERES [CapacitÉ de Renseignement Électromagnétique Spatiale] aurait dû se concrétiser en 2020, avec la mise en orbite simultanée de trois satellites d’écoutes électromagnétiques [ROEM].

Seulement, la Direction du renseignement militaire [DRM], chargée d’exploiter les données collectées par ces engins, a dû patienter un peu et se contenter des informations fournis par les satellites ELISA [Electronic Intelligence Satellite], lancés en 2011. La cause? « Une anomalie sur un boîtier, qui a nécessité une reprise totale du matériel », avait explique Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition parlementaire, en 2019.

C’est donc avec deux ans de retard qu’une fusée Vega a décollé du Centre spatial guyanais [CSG], ce 16 novembre, avec les trois engins du programme CERES à son bord, afin de les placer sur une orbite basse. Et cela, alors que la Station spatiale internationale [ISS] vient d’être mise en danger par des débris générés par la destruction d’un vieux satellite de renseignement électronique soviétique [Cosmos-1408, ndlr] par une arme antisatellite russe.

En tout cas, ce lancement a été un succès. Et il a été salué par Mme Parly, qui a adressé ses « félicitations aux équipes étatiques et industrielles » impliquées dans ce programme. « CERES est un moyen innovant de renseignement qui contribue au renforcement de nos capacités spatiales de défense, déterminantes pour notre souveraineté et notre indépendance stratégique », a-t-elle rappelé. Et de souligner que « quelques semaines après le succès du lancement du satellite militaire Syracuse, la France confirme sa puissance dans le domaine spatial, en alliant des technologies et des ressources que peu de pays au monde maitrisent ».

D’une masse au lancement de 1548 kg, le système CERES va donc collecter des données permettant de localiser et de caractériser les émetteurs [radar, télécommunications,etc], qu’ils soient sur terre ou en mer, après avoir détecté les signaux émis. Pour cela, les trois satellites qui le composent vont être positionnés « en triangle », à environ 700 km d’altitude.

 
« Quand un radar émet un signal, chacun des satellites reçoit ce signal à un instant légèrement différent. C’est en croisant les informations recueillies par chacun et comparant l’heure de réception d’un même signal que l’on peut ainsi situer l’emplacement de l’émetteur : en comparant l’heure de réception du signal par deux satellites, la localisation de l’émetteur est imprécise car elle est matérialisée par une ellipse sur la Terre. En faisant l’exercice pour chaque ‘paire’ de satellites [satellite 1/satellite 2 – satellite 1/satellite 3 – satellite 2/satellite 3], on aboutit à une localisation très précise. D’où la nécessité de disposer de trois satellites travaillant conjointement », avait ainsi expliqué un responsable de la Direction générale de l’armement [DGA], lors du lancement du programme CERES.

Aucune zone du monde n’échappera à ces trois satellites. Les données qu’ils collecteront serviront à préciser les caractéristiques des radars adverses afin d’être en mesure, le cas échéant, de les « brouiller ». Ou encore de les empêcer « de repérer l’un de nos aéronefs ou missiles, en les faisant évoluer hors des couvertures radar adverses », avait également précisé la DGA.

Mais pas seulement… En effet, le programme CERES permettra aussi d’analyser les différents types d’émissions, de déterminer l’architecture de systèmes en réseau et de suivre leurs évolutions techniques, et donc, leurs performances. Et tout cela en fait un système « unique en Europe », souligne le ministère des Armées, pour qui le développement de ce système et sa mise en orbite constituent une « prouesse que peu de nations au monde maîtrisent ».

D’un coût d’environ 450 millions d’euros, le programme CERES est le fruit de plusieurs années de recherches en la matière, la France ayant commencé à se doter d’une capacité de renseignement électromagnétique depuis l’espace en 1995, avec le satellite « CERISE » [Caractérisation de l’Environnement Radioélectrique par un Instrument Spatial Embarqué] qui, pour l’anecdote, fut le premier de l’histoire à avoir été endommagé par un débris spatial. Puis celui-ci fut suivi par le satellite « Clémentine », puis ceux des constellations ESSAIM et ELISA.

Dans le détail, Airbus Defence & Space a assumé la responsabilité de l’intégration des satellites – fournis par Thales Alenia Space – et du système tandis que Thales DMS s’est occupé de la charge utile et du segment sol utilisateurs. Enfin, Arianespace a donc assuré le lancement. Le Centre national des études spatiales [CNES] est aussi impliqué dans ce programme, en tant que maître d’ouvrage délégué pour le développement du segment sol de contrôle et les services de lancement.

Désormais, les trois satellites CERES vont être pris en charge par le Commandement de l’Espace [CDE] et la DRM, celle-ci devant s’occuper de la mise en oeuvre de leurs capteurs.

Ya Rab Yeshua.

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