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Des pistes parlementaires pour construire une défense NRBC « permanente, immédiate, massive »


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Le ministère des Armées devrait débloquer 2 Mds€ supplémentaires pour construire une capacité NRBC « permanente, immédiate et massive » capable de faire face à l’aggravation des menaces, estiment les députés Carole Bureau-Bonnard (LREM) et André Chassaigne (PCF) dans un rapport parlementaire présenté ce matin. Une enveloppe assortie d’autres propositions portant sur la R&D, les ressources humaines et les coopérations.

 

Une remontée en puissance récente et lacunaire

« La défense NRBC est une fonction essentielle, une véritable assurance-vie des forces armées face à des risques et à des menaces parfois difficiles à discerner. (…) La défense NRBC est une fonction en pleine remontée en puissance dans le cadre de l’hypothèse d’engagement majeur », déclarait ce matin André Chassaigne, co-auteur d’un rapport d’information sur le sujet.
 

Cette remontée en puissance succède à « une désaffectation générale à partir des années 1990 et jusqu’au fameux épisode des enveloppes aux bacilles du charbon en 2001 ». Depuis une dizaine d’années, les menaces NRBC n’ont cessé de se multiplier et de s’aggraver, le conflit syrien, l’affaire Skripal ou la crise sanitaire n’étant que les exemples les plus frappants.

Côté français, la prise de conscience ne date que de décembre 2020 avec la volonté exprimée par le chef d’état-major des Armées de renforcer les capacités NRBC des armées françaises, suivie d’un ajustement de la LPM favorable et de l’adoption d’un plan interarmées en août 2021. Un plan dont l’objectif suppose que « dans les meilleurs délais, les armées, directions et services puissent mener leurs missions dans un conflit de haute intensité sous menace NRBC », souligne Carole Bureau-Bonnard.
 

Pour rattraper ce retard, la DGA a lancé en l’an dernier un programme à effet majeur baptisé CINABRE, pour « Capacité intégrée des Armées pour la défense biologique, radiologique et chimique ». Bien qu’ambitieux et incrémental, CINABRE ne permettra dans un premier temps que de combler les retards accumulés pendant la décennie précédente.

Ce premier programme sera complétée par l’opération EPIA, un « ensemble de protection individuelle des armées » dont les premières livraisons sont attendues au mieux en 2027. L’ensemble est soutenu par un volet R&D porté tant par la recherche publique que par la Direction générale de l’armement (DGA), qui consacre 15 M€ par an à l’innovation NRBC au titre du programme 144.
 

« Mais attention, la défense NRBC est un ensemble capacitaire qui ne peut souffrir d’aucun axe défaillant », ajoute le député communiste. Et si « la France est dotée de réelles capacités de défense » et « se distingue à cet égard en Europe », il ressort des travaux des rapporteurs qu’elle a aussi « accusé ces dernières années un double retard dans le domaine des équipements ». Double, car aux lacunes constatées dans certains domaines, comme la protection collective et la détection biologique, s’ajoute la nécessité de remplacer des matériels anciens.

De fait, les armées françaises ne manquent ni d’expérience, ni de savoir-faire, mais plutôt d’ « épaisseur capacitaire ». « Les forces armées sont confrontées à un risque de rupture capacitaire liée à l’obsolescence des matériels et à l’ancienneté des équipements, en particulier les équipements lourds de l’armée de Terre », complète André Chassaigne.
 

De même, « l’effort de défense NRBC ne peut être soutenable qu’à condition d’assurer le soutien et le maintien en conditions opérationnelles des matériels ». L’exercice se révèle difficile, car beaucoup d’équipements sont voués à péremption et doivent être régulièrement remplacés. Il s’agit d’alors d’assurer une juste gestion des stocks tout en évitant les commandes au coup par coup et en s’assurant de disposer de volumes suffisants dans l’optique d’un conflit de haute intensité.

Des-pistes-parlementaires-pour-une-de%CC Entre autres propositions des parlementaires, un gonflement de l’effectif du 2e RD, seul régiment NRBC des forces armées françaises (Crédit : 2e RD)
 

Des pistes pour une défense NRBC « permanente, immédiate, massive »

Si les ressources matérielles de la France « sont robustes », elles sont aussi limitées « car le domaine NRBC n’est plus considéré comme prioritaire depuis la fin de la guerre froide ». Selon les rapporteurs, l’enjeu principal est donc d’ordre capacitaire. Pour y répondre, il faudrait porter l’effort financier à 2 Mds€ d’ici à 2030, soit 250 M€ par an incluant CINABRE et l’acquisition d’autres matériels, en particulier ceux s’intégrant au programme Scorpion de l’armée de Terre.
 

Parmi les besoins ciblés remontés des militaires, les parlementaires proposent l’acquisition de 25 Griffon NRBC en remplacement des 25 VAB RECO NRBC opérés par le 2e régiment de dragons (2e RD) de Fontevraud. « Pour le moment, le matériel utilisé est obsolète (…). Nous risquons d’avoir une période de couverture insuffisante ». L’an dernier, l’armée de Terre nous confirmait que cette version à part entière du Griffon « est toujours à l’étude ». S’agissant d’une version « système d’arme », son développement est complexe et ne devrait pas aboutir avant 2025.

Même constat pour les systèmes de décontamination collectifs. « Nous ne sommes pas au niveau, par exemple, des Russes », dont le matériel permettrait de traiter 200 véhicules « à une vitesse record » quand « nous, il nous faut pratiquement une heure pour décontaminer un camion ». Sans oublier de soutenir le SSA, particulièrement mis à contribution « dans un contexte de surchauffe opérationnelle et et d’insuffisance d’effectifs ».
 

Autre constat, l’érosion des budgets de la recherche en contradiction avec la volonté de remontée en puissance. Ainsi, seuls 71 M€ seront consacrés en 2022 aux études amonts de l’agrégat « terrestre, NRBC et santé ». Soit une baisse de 24% par rapport à l’exercice précédent. Hormis une inversion de la tendance, il s’agirait de porter l’enveloppe allouée au Commissariat de l’énergie atomique (CEA) pour ses travaux de R&D dans le domaine NRBC de 12 M€ à 15 M€. Et, ensuite, d’en garantir la pérennité.

L’attention doit par ailleurs porter sur les ressources humaines. Ainsi, les rapporteurs évaluent à 100 le nombre de militaires supplémentaires qu’il faudrait ajouter aux 900 dont dispose aujourd’hui le 2e RD. « Compte tenu du niveau annuel de la menace, cela ne nous paraîtrait pas un luxe », observe la députée LREM. La question ne manque pas d’écueils. « Les parcours de carrière des spécialistes du NRBC manquent encore cruellement d’attractivité », avance son co-rapporteur, selon qui il y aurait lieu de créer de véritables parcours de carrière en s’appuyant sur des descriptifs de postes militaires spécifiques ainsi qu’une entité interarmées dédiée au NRBC créée au sein de l’État-major des armées.
 

Favoriser la coopération en France et en Europe

« Il est quand même étonnant et certainement peu pertinent qu’en France, chaque service départemental d’incendie et de secours puisse acheter ses équipements sans aucune harmonisation ni aucune rationalisation ne soit assurée, » relève Carole Bruneau-Bonnard. Les rapporteurs proposent dès lors que « les volets civil et militaire mutualisent davantage l’expression de leurs besoins et leur processus d’achat » en portant ces questions à l’échelon interministériel.
 

La manœuvre aurait au moins deux avantages : non seulement favoriser l’interopérabilité des équipements, mais aussi renforcer les PME d’une filière française « qui reste très fragmentée ». Une filière disposant d’entreprises spécialisées, essentiellement des PME, dotées d’un savoir-faire et d’une expérience reconnue. À l’exception de la filiale NBC-Sys de Nexter et de Thales,« il s’agit de nombreux petits acteurs fabricants des produits de niche » dont la plupart opèrent dans un segment précis. Bien que soutenue par la commande étatique, la filière NRBC doit donc « être mieux structurée », un enjeu auquel participerait le rapprochement entre clients civils et militaires.

Derrière le rôle joué par la France dans un cadre otanien, celle-ci participe à deux projets de R&D de l’Union européenne : « CBRN Reconnaissance Surveillance System », piloté par l’Agence européenne de défense (AED), et le projet « Chemical, Biological, Radiological and Nuclear Surveillance as a Service » (CBRN SAAS) de la Coopération structurée permanente (CSP/PESCO).
 

Pour les parlementaires, il faut aller plus loin. « Nous proposons que cette coopération se fasse aussi au niveau européen, la France ayant une véritable carte à jouer dans le domaine NRBC ». Et pourquoi ne pas commencer par s’appuyer sur le noyau franco-belge issu du partenariat CaMo ? « La Belgique nous semble un partenaire tout désigné pour une coopération bilatérale dans le domaine NRBC ». Un rapprochement est également en cours avec l’Italie pour l’installation d’un polygone d’entraînement en Roumanie dans le cadre de la CSP. Hormis ces deux autres partenaires « tout à fait intéressants », une telle démarche pourrait s’étendre à l’Espagne et à la Grèce et prendre la forme d’une « union latine ».

  • Thanks 1

Ya Rab Yeshua.

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  • 2 mois plus tard...

A ce propos : quelqu'un du 2e RD ou qui connaîtrais un peu le régiment pour nous décrire ce qu'on y fait au quotidien comme en Opex ? Ca m'intéresserait dans le cadre d'un 2nd voeu de spé. pour l'ENSOA. J'ai découvert ce régiment, ainsi que les missions de la sécurité civile récemment. Tout cela m'intéresse beaucoup...

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