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L'ENSOA durcit la formation des sous-officiers d'une armée de Terre de combat


BTX

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http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/10/11/l-ensoa-durcit-la-formation-des-sous-officiers-d-une-armee-d-23377.html

Comment forger une "armée de Terre de combat", comme l’ambitionne son chef, le général Pierre Schill ? En reconnaissant qu’ "à deux heures de vol de Paris, on a des duels de blindés" et qu’un affrontement classique majeur est en cours en Ukraine, confirmant des intuitions pas si récentes de responsables militaires français, ajoute le général Alain Didier, qui commande l’École nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent-l’Ecole (Deux-Sèvres).

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Une "armée de Terre de combat", c’est une dotation en équipements modernes et performants ; c’est le choix d’exercices majeurs de niveau brigade, voire division comme ce sera le cas en 2023 avec l’exercice Orion ; c’est aussi la reconnaissance que la haute intensité est consommatrice d’hommes et de matériel et qu’il est urgent de renforcer la masse des armées.

En école, la haute intensité reste souvent une réalité théorique, une pratique que les jeunes soldats, quel que soit leur grade, découvriront surtout dans leurs unités et lors de leurs déploiements sur les vastes terrains de manœuvres de l’Est. Un Est qui peut être français mais aussi estonien et roumain.

A l’ENSOA, école qui fêtera ses 60 ans en 2023, la guerre de haute intensité est un horizon, à défaut d’être à l’horizon. C’est une chose pour laquelle se préparent les bataillons de futurs sergents de l’armée de Terre, même s’il n’existe, heureusement, aucune menace directe d’affrontements majeurs. Pour autant, l’école qui forme annuellement quelque 6 000 sous-officiers, dont 2 500 jeunes sergents issus du recrutement direct (niveau Bac) ou venant des régiments de l’armée de Terre où ces garçons et ces filles s’étaient engagés comme militaires du rang, durcit son enseignement.

"Les sous-officiers, c’est la colonne vertébrale de l’armée de Terre", explique le général Didier. "Ce sont des triathlètes. Ici on les prépare à deux des trois disciplines : ils deviennent des combattants d’abord, puis des chefs qui commanderont et formeront à leur tour. Plus tard, ils deviendront des techniciens et des spécialistes ".

A l’ENSOA, deux mots reviennent constamment : "durcissement" et "aguerrissement".

D’où l’accent mis sur "le combat, le tir, la force physique et la force morale", énumère le général. "Si on fait ça bien, on aura répondu aux exigences".

Effectivement, ce n’est pas à Saint-Maixent que les jeunes sergents découvriront la lutte antichar, la mise en œuvre offensive de drones ou les subtilités de la guerre électronique ; mais ils en sortiront durcis par une pratique intense du sport, des mises en situation de fatigue, une instruction commando et au terme d’un parcours de tradition pour mieux forger des valeurs communes, mieux intégrer le cérémonial militaire et construire une mémoire collective, gage de cohésion.

Le capitaine Gilles, qui dirige le cours EPMS (entraînement physique, militaire et sportif) précise ainsi que son équipe de moniteurs s’étoffe, que l’accent est mis désormais sur l’endurance et la puissance, sur de nombreuses mises en situation. "En fin de formation, tous les élèves passent en centre commando, soit à Épinal, soit à Penthièvre dans le Morbihan, ou encore en montagne à Modane."

L’adjudant Thomas, lui, dispense une instruction MOAL (Maîtrise Opérationnelle de l’Armement Léger) à de tout jeunes élèves issus du recrutement direct. Quinze jours d’école, des treillis encore propres et des équipements qui sentent encore le neuf… Mais pas une minute à perdre : "Montage et démontage des armes, manipulation de base, c’est déjà fait. Aujourd’hui, ce sont les positions de tir et dans deux jours, le premier tir au fusil d’assaut. Dix cartouches pour se familiariser au bruit, au recul".

A 15 kilomètres du campus, le camp d’Avon est "le beau terrain de jeu" du capitaine Côme. C’est là, en pleine nature, que les élèves mettent en application leur formation de combattant et de chef. 130 élèves de la 11e compagnie y sont en cours d’évaluation. "La haute intensité, c’est des missions plus dynamiques et qui demandent plus de moyens. Pour nous, c’est d’abord donner à ces jeunes sergents qui seront chefs de groupe, la capacité de travailler comme chef de section, de commander dix soldats mais aussi 30", explique l’officier, en suivant l’adjudant Christophe. Lui évalue scrupuleusement le chef d’un groupe de combat chargé de reconnaître et de s’emparer d’un bâtiment dans un hameau tenu par l’ennemi.

"On ne laisse rien passer. Il faut être dur mais juste", résume le lieutenant-colonel Boris qui commande le 3e bataillon de l’ENSOA (293 élèves et 48 cadres).

"L’aguerrissement, c’est prioriser le combat et la capacité à commander dans l’adversité. Ca veut dire donner la capacité à décider dans l’incertitude, à être capable de remplacer le chef, à combattre en mode dégradé, sans GPS par exemple mais avec carte et boussole... C’est aussi mettre en priorité la formation tactique, le tir et le secourisme de combat".

Ici, pas de maillon faible. Le taux de départs volontaires en témoigne. "Le choc à l’ouverture est parfois rude", reconnaît le lieutenant-colonel Boris. Mais c’est le prix de cet aguerrissement et de ce durcissement qu’ont adoptés toutes les écoles de formation de l’armée de Terre.

"Pour nous, à l’ENSOA",  conclut le général Didier, "ça passera aussi par une hausse des effectifs à former: 6 000 élèves et stagiaires aujourd’hui, 7 500 à l’horizon 2026-2027. Il faudra plus de bâtiments pour loger et nourrir élèves et encadrement, davantage d’armement et de véhicules, et encore plus de formateurs". Des moyens, c’est là aussi un autre défi pour une armée de Terre de combat.

Ya Rab Yeshua.

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