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AALE de Puyloubier : commémoration à l'honneur des volontaires ukrainiens.


BTX

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Il faut bien reconnaître qu’en ces temps de guerre en Ukraine, tout ce qui touche de près ou de loin à celle-ci est porteur d’intérêt et de nombreux opportunistes pourraient en profiter. Ce n’est pas le cas de l’amicale de Puyloubier qui, chaque année depuis 20 ans, le jour de la fête des morts de notre calendrier grégorien, commémorait avec le concours de la municipalité de Peynier et de l’Association des descendants des volontaires ukrainiens, la mémoire de ces légionnaires venus défendre la France en 1939.
A l’occasion du 70e anniversaire de l’engagement des ukrainiens servant dans la Légion étrangère lors de la dernière guerre mondiale, une cérémonie aura lieu le 2 novembre 2022 à leur mémoire au rocher dit « de la Garenne » sur le sentier des volontaires ukrainiens à Peynier près de Puyloubier.

 

Histoire de ces volontaires ukrainiens :

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De tous temps, l’Ukraine fut l’objet des convoitises de ses voisins proches et d’envahisseurs plus lointains, tartaro-mongols, moscovites, turcs, polonais, autrichiens, allemands, russes et même lituaniens (de 1345 à 1569) !
 

A partir des trois partages de la Pologne-Lituanie (1772, 1793 et 1795), la nation ukrainienne est scindée en deux entités distinctes, l’une dépendant de l’empire russe, l’autre de l’empire autrichien.

Après la période troublée qui a suivi la Première Guerre mondiale, la révolution bolchevique et une éphémère indépendance (22 janvier 1918), la partie ex-autrichienne, avec Lviv comme ville principale, est intégrée à la Pologne en 1921, et la partie ex-russe, avec Kyiv comme capitale, est intégrée à l’URSS créée en 1922. L’Ukraine "transcarpatique" vote son rattachement à la Tchécoslovaquie et la Bucovine, le sien, à la Roumanie.

Histoire de l'Ukraine — Wikipédia

Le traité de Versailles faisait obligation à la Pologne de donner une large autonomie à la Galicie peuplée d’Ukrainiens, ce qu’elle ne fera jamais.

L’Ukraine soviétique connaîtra, elle, un calvaire sous la dictature stalinienne, avec notamment l’Holodomor, génocide par la faim, en 1932 – 1933.

Après l’invasion de la Pologne en Septembre 1939, conformément à l’accord Molotov – Ribbentrop, une République Socialiste Soviétique d’Ukraine sera formée en Août 1940.

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15 Septembre 1939: l’Ambassadeur de Pologne en France lance un appel à la mobilisation de tous les ressortissants polonais en France, y compris donc les Ukrainiens possédant un passeport polonais. Ces derniers se retrouvent devant un dilemme : soit refuser leur incorporation dans l’armée polonaise qui occupait leur nation et les traitait en citoyens de seconde zone, soit accepter de la rejoindre en dépit de leur idéal d’indépendance.

4 Janvier 1940: un accord est signé entre le Président du Conseil français, Edouard Daladier, et le général Wladyslaw Sikorski, chef des armées polonaises exilé en France, pour la constitution d’une armée polonaise de 84 000 hommes sous commandement en chef de l’armée française.

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A noter que, en vertu de cet accord, les engagements des Ukrainiens, qu’ils soient citoyens polonais ou tchécoslovaques, dans la Légion Etrangère sont rejetés.


Pourtant, la ténacité des Ukrainiens, et notamment du Bureau de l’Union Nationale Ukrainienne, finira par payer, et ils auront alors le choix de s’engager soit dans l’armée polonaise, soit à la Légion Etrangère.

Sur 7 000 dossiers de volontaires, ce sont ainsi 5 000 Ukrainiens aptes au service qui vont rejoindre principalement les 21ème, 22ème et 23ème Régiments de Marche de Volontaires Etrangers (RMVE).

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Ils vont participer à la Campagne de France dans les Flandres, sous Sedan, sur la Somme (Mai 1940) et jusque sur la Saône (Juin 1940), laissant sur les champs de bataille des centaines de tués.

On assistera même au paradoxe que la dernière résistance « pour l’honneur de l’Armée française » dans la région de Lyon, le 19 Juin 1940, ait été l’œuvre des légionnaires ukrainiens d’un Bataillon de marche formé à Sathonay et des Tirailleurs du 25ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais, au sein d’un groupement aux ordres du Général de Mesmay. (Rappel : le Maréchal Pétain a demandé un armistice aux Allemands le 17 juin).

19 Juin 1940 à 16H10: les Allemands entrent dans la Préfecture de Lyon. Toute résistance devient inutile et les légionnaires survivants se replient sur Grenoble afin d’échapper à la capture et éventuellement rejoindre une autre zone de défense.

20 Juin 1940: les légionnaires ukrainiens battent en retraite après les combats pour la prise de Lyon. Ils arrivent le 22 juin vers midi à Grenoble sans s’y arrêter, de façon à ne pas être pris par l’ennemi.
le lendemain: ils apprennent que la convention d’armistice franco-allemande a été signée le 22 Juin 1940 à 18H30, dans la Forêt de Compiègne, dans le wagon de l’armistice de 1918. Les combats prennent fin et, le 25 Juin 1940, la France est coupée en deux par la ligne de démarcation, véritable frontière entre la zone occupée au nord et la zone libre au sud. La veille, 24 juin, à 22H, les légionnaires ukrainiens étaient arrivés en train à Aix-en-Provence. Ils sont approximativement 950.

27 juin au matin: les Ukrainiens partent à pied vers la petite ville de Fuveau (immédiatement à l’est de Gardanne, donc au nord-est de Marseille). La guerre est finie mais, pour autant, les légionnaires ukrainiens ne sont pas démobilisés, alors que la démobilisation des unités françaises a commencé. Le bruit court, même, qu’ils pourraient être envoyés au Maroc.

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Le 8 juillet, à l’occasion d’une marche vers le village de Peynier (à 8 km à l’est de Fuveau), les Ukrainiens décident de sculpter un Tryzub (Trident, blason de l’Ukraine) sur un rocher, le rocher de la Garenne, en souvenir du séjour en ces lieux de 8 à 900 légionnaires ukrainiens. Les gravures, à la symbolique ukrainienne et légionnaire, ont été vraisemblablement terminées le 16 juillet 1940 et seraient l’œuvre d’Ivan Kurok.

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Fin juillet 1940: Les légionnaires ukrainiens recevront leurs ordres individuels de démobilisation, accompagnés d’une prime. C’est une nouvelle fois l’occasion pour les Ukrainiens de protester auprès des autorités administratives françaises qui ont inscrit « Polonais » dans la case de la nationalité. Certains devront attendre le mois d’Août, voire plus tard, pour être rendus à la vie civile.


Certains Ukrainiens reprendront le combat en 1944, rejoignant la Résistance ou, à nouveau, la Légion Etrangère, afin de ne pas être rapatriés de force dans une Ukraine devenue soviétique, exemples de la reconnaissance et de l’intégration d’immigrés ukrainiens devenus « fils de France, non par le sang reçu mais par le sang versé ».

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Témoignage de Ivan Kourok, auteur du "journal d'un légionnaire d'origine ukrainienne":

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"– Vous êtes Polonais ? Attendez un instant, un sergent polonais va venir s’occuper de vous.

– Je suis Ukrainien ! Je saurai aller chez les Polonais sans votre aide, mais je ne veux pas aller dans leur armée !

Le secrétaire s’emporta et me mit à la porte, ce dont j’étais ravi pour m’éclipser avant la venue du sergent polonais. Je n’avais pas le choix, il me fallait aller à Sathonay, au centre principal de la Légion. Avec peine, je demandais ma route et partis. J’avais à peine franchi le portail de la caserne à Sathonay que j’entends des chants, j’écoute plus attentivement et je n’en crois pas mes oreilles, c’est une chanson ukrainienne. Nos gars de toutes les « Prosvita » [ass. culturelle ukr.] de France étaient arrivés là pour s’engager à la Légion.
D’autres Ukrainiens d’Ukraine occidentale (alors occupée par la Pologne) iront combattre, sous uniforme polonais, dans les unités constituées sur le territoire français et les pays alliés. A Monte Cassino en Italie (une des plus rudes batailles de la seconde guerre mondiale) ils sont tombés en masse; on arrive à les identifier comme Ukrainiens lorsqu’une croix orthodoxe orne la tombe… Durant la campagne de France, les volontaires Ukrainiens se sont également illustrés aux quatre coins du front. Certains ont, leur vie durant, et avec fierté, arboré une croix de guerre accrochée sous le feu ennemi (comme les frères Czorny, du 23e Régiment de Marche de Volontaires Etrangers).
Chaque légionnaire trouvait en lui ses propres motivations (qui la naturalisation, qui un refuge, qui l’aventure, le prestige ou la solde) mais dans le cas des Ukrainiens, il est caractéristique de voir à quel point le refus de recevoir des ordres en polonais commandait, pour ainsi dire au-delà de toute autre préoccupation, leur farouche désir de servir la France. La Pologne avait trahi ses engagements internationaux vis-à-vis de la minorité ukrainienne, et l’opprimait dans tous les domaines, alors comment lui obéir ?
Sur un des rochers de la douce Provence, on peut lire encore de nos jours ce que désiraient vraiment nos légionnaires Ukrainiens. Il s’agit d’un vers d’Ivan Franko, tiré d’un superbe chant révolutionnaire comme il en avait le secret : « Nam pora dla Oukraïné jét »:  "il est temps pour nous de vivre pour l’Ukraine". On peut encore voir ces paroles sur la roche,  gravées à la baïonnette.
Il faut imaginer ce qu’a pu être ce « rassemblement » de légionnaires Ukrainiens à Peynier, dans la France vaincue. Coupés de leur pays – un pays qui n’existait pas, mais qu’ils s’efforçaient d’expliquer, par des chants, des danses, des poèmes -, la population provençale les reçut avec estime et reconnaissance. Sans doute comprenait-elle un peu mieux ces gens d’ailleurs, attachés comme elle, à ses troubadours et sa culture.
Avec l’armistice, on démobilisa les volontaires, et après la guerre, ceux qui firent le choix de revenir chez eux en Ukraine occidentale (devenue soviétique) furent reçus en suspects, avec tout ce que cela implique; dans le cas des FFI Ukrainiens, c’était une balle dans la nuque."

https://www.legionetrangere.fr/la-fsale/actualites-de-la-fsale/4098-histoire-aale-de-puyloubier-commeration-a-l-honneur-des-volontaires-ukrainiens.html

Ya Rab Yeshua.

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