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Le ministère des Armées s’interroge (à nouveau) sur la relocalisation d’une filière de munitions de petit calibre


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https://www.opex360.com/2023/01/04/le-ministere-des-armees-sinterroge-a-nouveau-sur-la-relocalisation-dune-filiere-de-munitions-de-petit-calibre/

L'idée d'une filière française de munitions de petit calibre définitivement  enterrée par la DGA - Zone Militaire

L’été dernier, et selon un responsable de l’Otan récemment cité par le New York Times, l’armée ukrainienne aurait tiré entre 6000 et 7000 obus d’artillerie par jour… soit six à sept fois moins que les forces russes. À titre de comparaison, l’industrie française de l’armement ne peut actuellement en produire que 20’000 par an. Et cela vaut aussi pour les munitions dites « complexes », comme les missiles et autres bombes guidées.

Aussi, pour faire face au premier choc d’un engagement de haute intensité, et au-delà des considérations sur les équipements et leur maintien en condition opérationnelle [MCO], la question des stocks de munitions se pose. Or, en France, la gestion en flux tendus a prévalu durant ces dernières années. Du moins était-ce la logique portée par les politiques de « rationalisation », comme la RGPP [Révision générale des politiques publiques] entre 2008 et 2012 et la MAP [modernisation de l’action publique], qui prit le relais.

« En abolissant la logique de stock, l’impératif budgétaire s’est traduit par la montée en puissance d’une logique de fonctionnement en flux tendus, dépassant très largement le seul cadre des biens réservés pour s’étendre à celui des munitions et des parcs opérationnels. Initialement développée dans le cadre industriel, la logique de flux tendu cherche à limiter au maximum la déperdition et l’inactivité de la valeur par l’optimisation du flux, mobile, au détriment du stock, inactif », rappelle ainsi Leo Péria-Peigné, dans une note de l’Institut français des relations internationales [IFRI], publiée en décembre [.PDF].

Cette logique de flux tendus a commencé à être remise en cause par l’État-major des armées [EMA] durant la crise liée à la pandémie de covid-19. Pour les munitions mais aussi pour certains composants critiques des équipements… Puis, la guerre en Ukraine a fini par convaincre de la nécessité de constituer à nouveau des stocks…. Et de mettre sur pied une « économie de guerre ».

« La reconstitution d’un certain nombre de stocks, notamment de munitions, est l’enjeu de l’économie de guerre », a ainsi souligné Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 30 novembre [le compte-rendu vient d’être publié, ndlr].

Seulement, et au-delà des aspects réglementaires [avec la législation liée à l’environnement par exemple], des problèmes de recrutement de personnels qualifiés et des difficultés d’approvisionnement en matières premières, cette entreprise n’est pas aisée, comme l’a expliqué M. Chiva.

« Comment faire en sorte d’aller plus vite ? Les étapes de coulage constituent forcément des goulots d’étranglement. Les matériels sont très onéreux et constituent autant de points de passage complexes. Le doublement des chaînes d’assemblage et de montage nécessiterait plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissement, mais à la charge de qui ? La question n’est pas encore tranchée », a développé de le DGA. « Nous réfléchissons également à l’utilisation d’autres chaînes de production, à l’étranger, pour accélérer les cadences en France », a-t-il ajouté.

En outre, a-t-il rappelé, durant ces vingt dernières années, les « questions liées aux stocks et à la production n’étaient pas à l’ordre du jour de la politique industrielle » car « les stocks étaient synonymes de mauvaise gestion ». Et quant à la production, a poursuivi M. Chiva, « elle ne présentait pas autant d’intérêt que les enjeux de recherche et développement ». Or, a-t-il admis, « nous nous rendons compte aujourd’hui que la production a été délaissée ».

Ceux qui défendirent cette logique de « flux tendus » n’ont pas fini de manger leur chapeau… Car, après avoir été fermement écartée par la Direction générale de l’armement, parce que jugée non stratégique, l’idée de relocaliser une filière de munitions de petits calibres n’est visiblement plus un tabou. Pour rappel, elle avait cependant été avancée par Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense en 2017, avant d’être abandonnée par la suite. Depuis, le sujet revient régulièrement dans le débat public, à la faveur de rapports parlementaires, notamment.

« Quid de la relocalisation de la filière de munitions de petits calibres ? Pendant des années, la réponse a été négative puisqu’il était possible de recourir à des fournisseurs facilement accessibles. Aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine, le ministère des Armées considère qu’il est temps au moins de se poser à nouveau la question », a en effet avancé M. Chiva devant les députés.

S’agissant des munitions de petit calibre, « les produire chez nous est très confortable à la condition de maîtriser les coûts, les produire entre alliés est une solution médiane acceptable, moyennant une certaine vigilance. Mais s’il faut aller les acheter à l’autre bout du monde, ce n’est probablement pas raisonnable : nous offrons à nos adversaires des vulnérabilités ce qui réduit notre capacité de dissuasion », avait par ailleurs estimé le général Thierry Burkhard, alors à la tête de l’armée de Terre avant de devenir chef d’état-major des armées [CEMA].

Le lieutenant-général Frédéric Goetynck à la tête de la DGMR – À  l'Avant-Garde

Une solution pourrait être trouvée avec la Belgique, qui a récemment fait part de son intention de lancer une production de munitions de petits calibres « intelligentes » en s’appuyant sur la FN Herstal. « Ce projet pourrait être soutenu par la France, les Pays-Bas et le Luxembourg, l’idée étant, à terme, d’avoir en commun, des armes et des munitions identiques, ce qui permettrait de sécuriser les stock », avait d’ailleurs soutenu le général belge Frédéric Goetynck, le chef de la Direction générale des ressources matérielles [DGMR].

Ya Rab Yeshua.

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  • 1 mois plus tard...

https://www.forcesoperations.com/filiere-petit-calibre-vers-la-fin-dun-serpent-de-mer/

Filière petit calibre : vers la fin d’un serpent de mer ?

 

Régulièrement déterrée par la représentation nationale, la relance d’une filière souveraine de munitions de petit calibre trouve un nouvel écho avec l’enjeu de la relocalisation de certaines productions stratégiques pour les armées. Deux options sont étudiées, indiquaient hier les députés Vincent Bru (MoDem) et Julien Rancoule (RN), auteurs d’un rapport sur les stocks de munitions français.

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Abandonné depuis deux décennies par la France pour des raisons économiques, ce marché du petit calibre « était unanimement considéré il y a encore peu comme abondant et fortement concurrentiel », rappelait Julien Rancoule. Pour ce dernier, cette analyse est désormais datée. L’inflation des prix, les pénuries de matières premières, une demande en croissance et l’évolution du contexte stratégique contribuent à rebattre les cartes dans les ministères concernés.

« Le ministère de l’Intérieur nous a fait part de ses difficultés à s’approvisionner en munitions de petit calibre au profit des forces de l’ordre au début du conflit ukrainien », complétait le député RN. Résultat : impossible de se fournir sur le marché international pour recompléter un stock dont la visibilité était descendue à deux mois. Et un projet de relocalisation aujourd’hui porté par le ministère de l’Intérieur.
 

« Particulièrement intéressant », ce projet vise à créer une filière de munitions de calibre 9 mm « à partir de la réhabilitation d’anciennes usines ». Bien qu’initialement destinée aux forces de sécurité intérieures, celle-ci pourrait ensuite s’ouvrir aux besoins des armées. Le plan, « semble-t-il assez avancé », passerait par la formation d’une société « type SAS publique-privéece qui permettrait d’avoir un avantage sur les prises de commandes directement par le ministère et la DGA ». Cette structure pourrait reposer sur l’entreprise bretonne Nobel Sport, plusieurs fois citée auparavant et « effectivement impliquée sur ce dossier ».

De 40 à 100 M€ seraient nécessaires pour mettre sur pied une filière du 9 mm jugée « viable » grâce aux seuls besoins exprimés par les forces de sécurité intérieure et les armées, mais aussi par d’autres acteurs tels que les douanes et les agents pénitentiaires, voire les sociétés de sécurité privée. Derrière l’indépendance des approvisionnements, l’intérêt est aussi d’ordre économique. Relancer l’activité en France permettrait d’économiser six centimes par munition de 9 mm par rapport à l’export. Pour le député RN, ce n’est « qu’une question de volonté politique pour que ce projet aboutisse à assez court terme au final parce qu’on nous a parlé de munitions dès fin 2024 ».
 

L’opération ne va cependant pas sans plusieurs réserves. « Tout d’abord, ce n’est qu’un projet, un projet qui n’est pas abouti », tempérait Vincent Bru. Sa rentabilité, ensuite, doit être garantie tant par l’assurance de débouchés à l’export que par l’élargissement à d’autres références, à commencer par les calibres 5,56 mm et 12,7 mm utilisés par les armées. À défaut de filière nationale, un autre scénario a priori moins risqué est avancé, celui d’une coopération avec « un voisin européen tel que notre partenaire belge ». Un voisin qui « a fait des propositions dans ce sens ».

Les BITD française et belge, faut-il le rappeler, disposent chacune d’un munitionnaire de premier plan : Nexter d’un côté et FN Herstal de l’autre. Les deux pays partagent par ailleurs un « ADN » commun par l’entremise de Nexter Arrowtech Belgium et du groupe EURENCO, tous deux implantés des deux côtés de la frontière. Qu’importe le format retenu, une telle alliance franco-belge capitaliserait en partie sur des moyens et savoir-faire existants et réduirait par là l’investissement étatique. Un paramètre qui aurait pour intérêt de rendre les deux projets compatibles, leur combinaison ne faisant que contribuer à renforcer la sécurisation des approvisionnements.
 

Crédits image : FN Herstal

Ya Rab Yeshua.

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  • 2 semaines plus tard...

https://www.forcesoperations.com/de-nouvelles-commandes-de-munitions-attendues-pour-ce-mois-ci/

De nouvelles commandes de munitions attendues pour ce mois-ci

https://www.forcesoperations.com/wp-content/uploads/2021/12/En-Sue%CC%80de-une-solution-inte%CC%81rimaire-en-attendant-le-MMP.jpg

Entre les obus, les missiles Mistral et autres missiles moyenne portée, plusieurs commandes de munitions ont été anticipées et d’autres vont être actées d’ici peu, annonçait le ministre des Armées ce mercredi au Sénat. Des opérations qui s’accompagnent d’efforts côtés industriels pour accélérer la production. 

 

Comme annoncé depuis un moment, les armées bénéficieront d’une enveloppe de 2 Md€ cette année pour reconstituer leurs stocks de munitions. Une hausse de 500 M€ par rapport à 2022 et « un effort bienvenu » pour les parlementaires à l’origine d’un rapport sur le bilan de la LPM 2019-2025.

Plusieurs pointes d’effort récentes ou à venir ont été détaillées ce mercredi par Sébastien Lecornu. Après les 5000 obus d’artillerie de 155 mm commandés l’été dernier, 16 000 unités supplémentaires seront acquises ce mois-ci, a-t-il révélé. 
 

D’autres actions sont prévues en mars, dont la notification de « lettres de commande » pour un volume annuel de 15 000 obus de 155 mm ainsi que pour des missiles sol-air Mistral et antichars MMP. Deux tranches avaient déjà été « anticipées » en décembre 2022 pour les deux derniers, l’une de 29 M€ pour 100 Mistral et l’autre pour 200 MMP. 

Le tout devrait donner de la visibilité à des industriels auxquels il est en échange demandé de s’adapter pour augmenter les cadences de production. Pour le Mistral, par exemple, l’objectif confié à MBDA sera de passer de 20 missiles produits par mois l’an dernier à 40 en 2024. 
 

Pour le ministre des Armées, cette sortie sur un sujet rarement chiffré servait aussi à rappeler que « quand on dit que l’on fait un retour d’expérience de l’Ukraine, nous le faisons vraiment. Nous n’avons aucune raison de travestir la réalité ». 

« Un tel effort doit être approfondi et amplifié lors de la prochaine LPM afin de gagner en épaisseur et en réactivité. C’est la condition sine qua non pour qu’on ne puisse plus affirmer que ‘la France est prête pour la guerre, mais pas pour une guerre qui dure’ ». Le renforcement des stocks se poursuivra, assurait un ministre qui présentera la « copie munitions » de la LPM 2024-2030 « le moment venu ». 
 

Crédits image : MBDA

Ya Rab Yeshua.

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  • 2 mois plus tard...

https://www.forcesoperations.com/lpm-2024-2030-quelles-orientations-pour-le-pilier-munitions/

LPM 2024-2030 : quelles orientations pour le pilier munitions ?

 

À moins d’un improbable arbitrage défavorable, 16 Md€ seront consacrés aux munitions des armées françaises dans la prochaine loi de programmation militaire. Un effort qui, pour l’armée de Terre, se traduit par l’achat de plusieurs milliers de missiles moyenne portée (MMP) supplémentaires. 

2,6 Md€ pour l’armée de Terre
 

Le chiffre est connu depuis un moment, mais le détail des 16 Md€ alloués entre 2024-2030 au pilier munitions ne se précise que maintenant à l’aune des auditions parlementaires successives.

Leçon parmi d’autres du conflit russo-ukrainien, l’inflexion doit permettre « de compléter les stocks de munitions complexes et de remédier aux fragilités identifiées dans certaines secteurs », relevait le général de brigade aérienne Cédric Gaudillière, chef de la division « cohérence capacitaire » de l’état-major des armées, mi-avril en audition parlementaire.

Dans les faits, les deux tiers de la manne, environ 11 Md€, alimenteront les programmes à effet majeur, lesquels incluent des munitions complexes comme le missile antichar MMP. Restent 3 Md€ consacrés aux munitions « classiques » comme les obus d’artillerie et 2 Md€ nécessaires pour assurer le maintien en condition opérationnelle de l’ensemble des stocks. 
 

De ces moyens, plus de la moitié sont fléchés vers une armée de l’Air et de l’Espace dont l’arsenal s’avère aussi plus complexe, donc plus coûteux. L’armée de Terre en captera une portion moindre. Environ 2,6 Md€ selon le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill. Côté terrestre, les ressources représentent néanmoins 16 millions de munitions de petit calibre et 300 000 obus de mortier. Elles alimenteront aussi la commande de 3000 missiles antichars MMP auprès de MBDA, une cible en hausse de 50% par rapport à celle fixée dans la LPM en cours de finition. Et si la question des volumes d’obus d’artillerie, remise à l’avant-plan par le conflit en Ukraine, est passée sous silence, la LPM « prévoit bien l’acquisition de munitions d’artillerie de précision », annonce le CEMAT. 

 

Le document prévoit par ailleurs 300 M€ pour « concrétiser le développement incrémental de drones, qui permettront de disposer de munitions téléopérées [MTO] » et parvenir à une première capacité opérationnelle courant 2027. Environ 2000 MTO seront acquises sur la période au profit de l’armée de Terre, de quoi commencer à équiper les régiments d’artillerie, d’infanterie et de cavalerie. Le rattrapage dans ce segment a néanmoins un prix, celui du lissage du programme SCORPION. 

 

Produire et concevoir autrement

Sujet majeur de la LPM, la problématique des munitions se limite pas au recomplètement des stocks. Ces enjeux de volumes et de calendriers sont étroitement liés au « produire plus et moins cher » prôné par le ministère des Armées et aux mécanismes que celui-ci met en place depuis plusieurs mois en coordination avec la filière industrielle. 
 

Si la LPM privilégie la cohérence et la réactivité plutôt que la masse et l’endurance, elle devrait également offrir « de la visibilité sur le volume global de commandes en échange d’une plus grande réactivité dans les cadencements de production », souligne le général Gaudillière. Une logique déjà retenue pour les obus d’artillerie de 155 mm. Environ 20 000 ont été commandés il y a peu, et d’autres tranches suivront pour permettre au secteur d’anticiper les approvisionnements et d’accélérer les cadences « si nécessaire ». Leur livraison « ne sera pas aussi rapide qu’espéré, car les poudres, qui arrivent d’Allemagne, se trouvent sur le chemin critique », note le général Gaudillère. Les premiers arriveront l’an prochain. Le rythme s’accélérera ensuite à partir de 2025. Bien que le schéma retenu ne soit pas exempt d’obstacles, les armées espèrent l’étendre au plus vite aux missiles MMP et Mistral.

 

Le chef d’état-major des Armées, le général Thierry Burkhard, « a souligné l’importance de faire des choix cohérents, avant de chercher à augmenter la quantité et la taille de nos moyens militaires. Dans cette optique, la différenciation est une des clés pour générer de la masse », complète le général Gaudillière. Dit autrement, plutôt que de commander « 10 000 missiles antichar haute technologie, longs et coûteux à produire », les armées optent pour « un équilibre entre la haute technologie et l’utilisation de munitions à bas coût ». 

 

Ainsi, les quelques milliers de MMP envisagés s’assortissent d’un travail mené simultanément sur « un missile différencié à bas coût répondant à certains besoins spécifiques, tels que les tirs de char en milieu urbain ». Un missile « abordable et pouvant être acquis en grande quantité » et qui traduirait en réponse technologique « les leçons tirées de l’expérience ukrainienne ». Et une illustration concrète de cette volonté prioritaire de cohérence devant garantir de « finalement atteindre une certaine masse ».

Ya Rab Yeshua.

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  • 6 mois plus tard...

https://www.forcesoperations.com/filiere-petit-calibre-et-si-la-solution-etait-en-belgique/

Filière petit calibre : et si la solution était en Belgique ? 
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Et si la France se tournait vers le voisin belge pour sécuriser ses approvisionnements en munitions de petit calibre ? La Belgique vient justement de jeter les bases d’un partenariat stratégique multinational avec FN Herstal dans ce segment, partenariat ouvert à d’autres pays et qui semble susciter l’intérêt de la France. 

Approuvé hier par le gouvernement, cet accord majeur avec FN Herstal garantira la sécurité d’approvisionnement de la Défense belge en matières de munitions et d’armement léger pour les 20 prochaines années. « Grâce à ce partenariat, nous renforçons notre autonomie stratégique nationale et contribuons à l’autonomie stratégique européenne », se félicite la ministre de la Défense belge, Ludivine Dedonder, dans un communiqué. 
 

Coût estimé de l’investissement pour la Belgique : 1,7 Md€. De quoi permettre au groupe belge d’investir sur son site liégeois, d’installer une ligne de production supplémentaire à Zutendaal, dans le nord du pays, et de mener des activités de R&D « sur la base et en fonction des besoins des utilisateurs ».

« Aujourd’hui, plusieurs pays européens manifestent déjà leur intérêt pour rejoindre le partenariat afin de pouvoir eux aussi compter sur la fiabilité de notre industrie belge de défense et de sécurité dans l’intérêt de leur sécurité », signale la ministre de la Défense. Les Pays-Bas, le Grand-Duché de Luxembourg et la France en feraient partie selon l’agence de presse Belga. Pour la France, ce pourrait être une réponse aux appels réguliers de certains parlementaires à renforcer l’autonomie nationale en terme de munitions de petit calibre. 
 

L’idée d’un ancrage européen plutôt que national ne date pas d’hier. Elle avait déjà été soulevée à demi-mot dans un rapport sur les stocks de munitions français publié en février dernier par les députés Vincent Bru (MoDem) et Julien Rancoule (RN). « À défaut d’une filière nationale, une filière de petit calibre en coopération avec un pays européen serait à envisager », estimait Vincent Bru, celui-ci faisant alors état d’une proposition belge de production commune. 

Si elle n’a fait l’objet d’aucune officialisation, cette option aurait plusieurs avantages. Financier, premièrement, en réduisant la facture par la participation à une dynamique de longue terme et la perspective de commandes conjointes. Elle écarterait également l’épineuse question de la rentabilité d’une éventuelle filière franco-française, seulement garantie par l’export et nécessaire pour amortir un investissement initial évalué à 100 M€.
 

Elle réduirait ensuite le nombre de fournisseurs actuels, de l’ordre d’une dizaine pour les seules munitions de 5,56 mm, 9 mm et 12,7 mm. Autant de calibres inscrits au catalogue de FN Herstal, qui fournit par ailleurs une partie de l’armement individuel et la quasi totalité des armes collectives de petit calibre des armées françaises. Condenser les sources d’approvisionnement sera sans doute audacieux à l’heure où la demande explose, mais permettrait néanmoins de se recentrer sur le seul marché européen en misant sur un interlocuteur belge dont la fiabilité n’est plus à démontrer.

 

Une souveraineté incomplète contre un moindre risque financier et la sécurisation des approvisionnements. Voilà un compromis typiquement belge qui, tout en amenant son lot d’inconnues, a le mérite d’ouvrir une seconde voie et permet d’envisager d’en finir avec l’un des vieux serpents de mer des armées françaises. 

Crédits image : FN Herstal

Ya Rab Yeshua.

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  • 4 semaines plus tard...

https://www.forcesoperations.com/la-viabilite-dune-filiere-petit-calibre-nationale-auscultee-par-la-dga/

La viabilité d’une filière nationale petit calibre auscultée par la DGA
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La Direction générale de l’armement (DGA) a été chargée d’étudier la viabilité économique de la relance d’une filière de munitions petit calibre sur le sol français, un exercice déjà mené auparavant et un nouvel épisode dans une saga au long cours.

« J’ai confié une mission au DGA [Délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva] il y a de cela maintenant quelques semaines pour documenter le coût de la recréation d’une filière en la matière », déclarait hier le ministre des Armées Sébastien Lecornu au Sénat. 
 

Cette analyse, la DGA l’établira « en travaillant de concert avec l’ensemble des environnements concernés par les munitions de petit calibre », ajoutait le ministre lors de débats entourant l’adoption du projet de loi de finances pour 2024.

Derrière les armées, bien d’autres acteurs sont susceptibles d’y jouer un rôle. Le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer et les douanes, évidemment, mais également la Fédération française de tir car le sujet « pose aussi la question des débouchés civils ». 

Un petit calibre n’est pas l’autre et il s’agira aussi de caractériser le marché en tenant compte de sa segmentation. « Le petit calibre, ce n’est pas uniforme », rappelle le ministre des Armées avant de mentionner un 9 mm sur lequel « il y a quelque chose à faire ».
 

Cheval de bataille des parlementaires du Rassemblement national, la question de la recréation d’une filière souveraine a maintes fois été posée par le passé. Dès 2017, les analyses préalables du ministère relevait l’absence de compétitivité d’un tel projet. Entre le retour à une logique de stock, le durcissement de la préparation opérationnelle, la demande accrue et le protectionnisme appliqué à certaines matières premières, le contexte a depuis lors bien changé. Mais si le fond fait consensus, la forme fait toujours autant débat.

« Cela aura forcément un coût », rappelle le ministre des Armées. Un investissement initial évalué à 100 M€ par le sénateur Aymeric Durox, à l’origine d’un amendement proposant d’ôter cette somme du programme 144 «  Environnement et prospective de la politique de défense » pour la réinjecter au profit des équipements. Sans succès. Hors de question, en effet, de grever les budgets fléchés vers l’innovation et le renseignement alors que s’amorce une loi de programmation militaire allouant 16 Md€ aux munitions entre 2024 et 2030, une ligne en hausse de 7 Md€ par rapport à la période en finition. 
 
Pour Sébastien Lecornu, il est impensable d’y aller à l’aveugle. « Si on recrée une filière sans modèle économique et sans débouchés avérés, le risque est d’y mettre de l’argent public et de le voir disparaître à terme, et cela évidemment personne ne le souhaite ». C’est tout l’enjeu du mandat confié au DGA.
 

« Je reviendrai devant le Sénat, et devant le parlement de manière globale, je pense d’ici à la moitié de l’année 2024 pour donner une orientation définitive sur ce sujet », clôturait Sébastien Lecornu. En cas de nouvel échec, restera l’idée d’un partenariat stratégique avec un allié proche. Une voie médiane qui sacrifie la pleine souveraineté à la maîtrise des coûts, car potentiellement synonyme de communalisation des  besoins. 

Crédits image : Matthieu L./35e RI

Ya Rab Yeshua.

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