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Comment devenir commando parachutiste (GCP)


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Comment devenir commando parachutiste (GCP)

October 20, 2022

 

Dans l'un des tout premiers épisodes de notre podcast, nous vous avions proposé un entretien avec le Colonel Prod'homme, chef de corps du 8e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine. Aujourd'hui, nous sommes de retour à Castres pour rencontrer l'un des commandos parachutistes du 8e RPIMa. Avec lui, nous allons parler des missions des GCP ainsi que les compétences qu'il faut avoir pour espérer entrer dans cette prestigieuse branche de l'armée de terre, notamment lorsque l'on a commencé comme lui, militaire du rang.

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Présentation

Le Lieutenant Corentin, 28 ans, est issu d’une famille militaire et a toujours voulu rejoindre l’armée. Il a effectué un cursus classique de lycée militaire, puis une classe préparatoire pour tenter d’intégrer Saint-Cyr en filière scientifique. Après deux tentatives infructueuses, il s’engage comme militaire du rang au 8e RPIMa en septembre 2013, attiré par « l’esprit de corps très particulier » de ce régiment. Après ses classes et son certificat militaire élémentaire (CME), il s’élève au grade de caporal et devient chef d’équipe. Pendant quatre ans, il assure plusieurs types de missions, participe à l’opération Sentinelle et à une mission courte durée (MCD) en Nouvelle Calédonie. En parallèle, souhaitant évoluer dans son métier, il s’inscrit au concours de l’école militaire interarmes (EMIA) afin de passer au grade de sous-officier. Cet examen réussi en 2017 l’emmène en Bretagne pendant deux ans de tronc commun, au bout desquels il choisit l’arme d’infanterie, avec pour objectif d’intégrer le 8e RPIMa. Il poursuit par un an de spécialisation à Draguignan, puis est « très heureux et très fier » d’être affecté à l’été 2020 dans le régiment qu’il visait. Enfin, il réussit les tests sportifs des groupements de commandos parachutistes et rejoint le GCP du 8e RPIMa.

GCP, groupement commandos parachutistes, hélicoptère

Chez lui comme pour tous les membres de cette unité particulière des troupes aéroportées, le choix du GCP est motivé par les nombreuses missions et opérations extérieures réalisées par le groupement. Le Lieutenant Corentin ajoute également : « Suite aux différents stages depuis que je suis rentré à l’armée, où ça s’est bien passé, je pense être en mesure de remplir une mission type infanterie ou type GCP. Donc pourquoi ? Parce que je souhaite servir, servir au plus de mes capacités ; et là où je peux toucher mes limites c’est au sein d’un régiment comme le 8e RPIMA. Je vais pouvoir donner un maximum de mon temps, de mon énergie, au 8, pour l’armée en général, au sein du 8, à travers le 8. Je pense que je peux donner tout ce que je peux ici. »

 

 

L’école militaire interarmes

L’école militaire interarmes (EMIA) est la façon pour un militaire du rang ou un sous-officier de devenir officier, à la condition d’avoir déjà accompli trois ans de service et de détenir au minimum un baccalauréat.

EMIA, ecole militaire interarmes, défilé 14 juillet

Il existe deux voies d’accès pour intégrer l’EMIA :

  • Le concours sur épreuves: nécessite au minimum un niveau bac ; il existe trois filières (scientifique, économique et littéraire) ; comprend des tests écrits, oraux et sportifs.
  • Le concours sur titre: nécessite au minimum un niveau licence ; l’unique épreuve est un entretien.

Les militaires du rang représentent environ un tiers des inscrits, et les sous-officiers deux tiers. Le jeune officier indique que sa promo comptait dix militaires du rang inscrits aux épreuves, dont huit ont été retenus pour les oraux, et que quatre ont été retenus pour l’EMIA. Le Lieutenant Corentin explique s’être préparé au concours en parallèle de ses missions classiques, par exemple sur son temps libre pendant Sentinelle. Il a bénéficié grâce à l’armée de cours dispensés par le CNED (centre national d’enseignement à distance) avec des devoirs à rendre, ainsi que des oraux blancs dirigés par des officiers et une amicale du régiment.

Ayant gravi les échelons, il rappelle que l’ascenseur social existe bel et bien dans l’institution et qu’il est tout à fait possible de s’engager comme soldat et de finir sa carrière comme officier : « C’est une chance que nous avons d’accéder à diverses responsabilités pour ceux qui le souhaitent, qui s’en donnent les moyens, et qui peuvent avoir un peu de chance dans leur parcours. » C’est d’ailleurs même un atout selon lui d’avoir été d’abord militaire du rang : « Je pense pouvoir savoir où placer le curseur dans ce que je demanderai à mes subordonnés, ayant commencé en bas de l’échelle et ayant fait ce qu’on m’a demandé de faire. »

 

 

Le groupement de commandos parachutistes

Les missions des GCP

La doctrine d’emploi des groupements de commandos parachutistes est le marquage de zone de saut, lors d’engagement d’une ou plusieurs compagnies de combat parachutiste. Dans ce cadre, une équipe de 10 à 12 paras peuvent s’infiltrer sous voile (ISV), vérifier la zone de mise à terre, la baliser, pour ensuite permettre aux forces de se poser en toute sécurité sur cette zone.

Au sein de la mission Falco, dénommée autrefois Cobra, les GCP travaillent dans la profondeur en patrouille-recherche. Grâce à des véhicules, ils fouillent une zone définie afin de chercher de récolter du renseignement ou de faire réagir l’ennemi pour ensuite tenter de le capturer.

GCP, groupement commandos parachutistes, renseignement, missions, exercice

Les GCP peuvent aussi agir en détachement d’intervention aéromobile (DIA) au sein d’une Quick Reaction Force (QRF, force de réaction rapide), en étant déposé par hélicoptère sur une zone sensible.

 

La sélection pour intégrer un groupement de commandos parachutistes

« J’ai été très bien formé de base quand j’étais militaire du rang au 8e RPIMa, souligne le Lieutenant Corentin. Les classes étaient déjà assez compliquées, donc c’est déjà un bon point pour prétendre réussir les tests GCP. Et moi je me suis préparé… on s’astreint à aller courir, même quand on n’a pas envie, à travailler ses cours même quand on préfère dormir, quand les camarades à Sentinelle partaient en QL (quarter libre, ndlr) pour profiter du bon temps, on travaille à la place. Mais il faut se donner les moyens de réussir ses ambitions. C’est à la portée de beaucoup, peut-être pas de tous mais de beaucoup si on s’en donne les moyens. »

Les épreuves de sélection comprennent un test sportif, durant lequel le candidat doit parcourir 30km en treillis-rangers avec un sac de 11kg, son armement (FAMAS ou HK416), de l’eau et de la nourriture, en moins de 4h30 (donc en courant !) Au total, la sélection s’étale sur deux semaines, une semaine de tests sportifs pour vérifier la capacité à être envoyé au stage de chuteur opérationnel, et une semaine de raid. Dans ce dernier, les soldats sont autonomes en vivres et en transmission et réalisent un circuit individuel comptant marches nocturnes, ateliers le matin sur tous les domaines sur lesquels ils seront amenés à travailler plus tard (topographie, transmission, sanitaire…). « A la fin, il y a une phase de combat et de tir, ajoute l’officier, qui nous permettra de voir en situation de fatigue avancée, car c’est en fin de semaine que nous les faisons tirer, ce qu’ils donnent, s’ils restent lucides, s’ils obéissent toujours, s’il n’y a pas de sautes d’humeurs, si on pourra compter sur eux plus tard. Parce qu’on part à dix, douze avec les appuis, on ne peut pas se permettre d’avoir quelqu’un sur lequel on ne peut pas compter. »

GCP, groupement commandos parachutistes, légion étrangere, tir, exercice

Les qualités requises pour intégrer les GCP sont « la patience et la remise en question, précise le Lieutenant Corentin. Ce n’est pas parce qu’on réussit un test un jour, une semaine, ou un exercice, que c’est bon on connaît tout, on sait tout. Il faut toujours se remettre en question, travailler. » Il rappelle que dans son cas, en tant que chef d’équipe, il ne sera jamais aussi bon que le spécialiste médic dans son domaine. Être admis dans cette équipe, être crédible, nécessite donc de savoir se remettre en question.

 

La formation initiale des GCP

Le Jedburgh, la formation initiale des groupements de commandos parachutistes, comprend deux stages. Le premier se déroule à Caylus pendant deux mois, durant lesquels les recrues apprennent les procédures communes à tous les GCP de la 11e brigade parachutiste (11e BP, dont nous avons d’ailleurs consacré notre dossier dans le n°1 de notre magazine). Cela comprend du tir, du combat, des transmissions, connaissances sanitaires, combat en véhicules ou à pied, un module aéro (descente d’hélicoptère en grappe, en corde lisse, en rappel, de jour comme de nuit) etc. Les recrues suivent ensuite un stage commando d’un mois au CNEC (Centre national d’entraînement commando) afin de continuer leur aguerrissement et être poussé au-delà de leurs limites. Le Lieutenant Corentin explique que la réussite de ces stages dépend de la personnalité de chacun : lui admet être quelqu’un de « très fier », qui ne se voit pas « arrêter un stage alors que d’autres continuent. » Il considère qu’il n’aurait pas sa place, « or cette place je veux la garder ! » Il précise aussi qu’en tant que chef d’équipe, il faut être exemplaire, quel que soit le grade. La devise « faites comme moi, suivez-moi » lui correspond particulièrement. « Quand c’est difficile, on pense à ses subordonnées, car ils ont besoin de vous pour accomplir la mission, on ne peut pas se permettre de baisser les bras ou d’arrêter. »

 

 

 

La préparation mentale

« Le mental prend le dessus quand le corps n’en peut plus, affirme l’officier du 8. C’est pour ça qu’on fait des tests compliqués pour qu’à un moment donné, chaque candidat, aussi fort qu’il soit physiquement, soit au bout, et là c’est le mental qui prend la suite. C’est comme ça qu’on voit les personnes qui en ont, plus que d’autres, qui malgré la fatigue, la faim, la soif ou l’épuisement total, continuent, continuent, et ne s’arrêtent que quand on leur dit de s’arrêter parce que ce n‘est plus possible, parce qu’il y a une cheville qui dépasse de la rangers, ou parce qu’il a tous les maux du monde et là on voit qu’il a donné son maximum, et que c’est pas le mental qui aurait lâché, c’est nous qui lui disons « là il faut que tu t’arrêtes » »

Préparer autant le mental que le physique, appréhender la rusticité, savoir comment l’entretien va se dérouler… Un ancien membre du 13e régiment de dragons parachutistes est intervenu dans l’un de nos webinaires afin de répondre à vos questions sur les forces spéciales Terre. Profitez de son expérience et de ses conseils en cliquant sur l’image ci-dessous :

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Appréhender les risques des missions

Si le Lieutenant Corentin n’est pas encore parti en opex, il pense tout de même que les opérateurs n’ont pas constamment en tête les risques liés à leurs missions. Pour lui, l’entraînement intense des membres du GCP contribue à la préparation mentale des commandos : « Comment on s’y prépare ? En s’entraînant, en s’entraînant, et en s’entraînant encore, pour que les choses qui peuvent paraître compliquées le jour 1 deviennent un réflexe le jour 5 de l’entraînement. Moins on a de choses à penser, qu’on peut préparer avant, en entraînement, plus on a l’esprit libre pour prendre de meilleures décisions rapidement. Donc comment on s’y prépare, en s’entraînant encore et toujours, jusqu’à être prêt. »

L’appréhension du vide quant à elle est rapidement dissipée. Soit le soldat se rend vite compte lors des classes et du brevet para qu’il a le vertige et s’arrête éventuellement à cette étape. Soit il réalise des SOGH (saut opérationnel à grande hauteur) durant son deuxième stage, et enchaîne donc 80 sauts en trois mois : « Vous sautez d’un avion comme vous vous levez du lit le matin. Donc s’il y a des peurs elles sont gommées, s’il y a des hésitations elles sont effacées. » Mais, même si le saut peut être un moment de plaisir pour le parachutiste, celui-ci doit maintenir un niveau de rigueur extrêmement élevé, car « l’erreur ne pardonne pas », affirme le Lieutenant Corentin. La préparation du saut est une mission dans la mission, et si un problème se présente en vol, le para doit aussi savoir le gérer avec sang-froid.

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Dernier conseil

A un jeune militaire ayant pour objectif de gravir les échelons, comme ça a été le cas pour lui, l’officier conseille : « Fais tes preuves en tant que soldat, puis caporal. Il y a un dicton qui dit « si tu apprends à obéir, tu sauras commander. » Il faut passer par l’obéissance pour être en mesure de commander je pense. Donne-toi les moyens de tes ambitions, donnes ton temps et ton énergie au 8 pour tes chefs et ils te le rendront, c’est ce qu’il s’est passé pour moi. Et demande à prendre des responsabilités, même si elles dépassent ta fonction. C’est en demandant une chance de remplir une mission qui te dépasse à l’instant T, que tes chefs verront que tu es en mesure de le faire et te donneront plus. Il faut se porter volontaire. »

 

Retrouvez sur notre chaîne YouTube notre vidéo récapitulative sur les GCP :

 

 

Ya Rab Yeshua.

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