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SOFINS 2023 : ARTAC, l’armurerie au contact


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https://www.forcesoperations.com/sofins-2023-artac-larmurerie-au-contact/

 
Le salon SOFINS, c’était aussi la mise à l’honneur des bonnes idées venues « de la troupe ». Exemple avec le projet ARTAC, un atelier de maintenance mobile « au contact » conçue par un armurier de l’armée de l’Air et de l’Espace. 
 
Une idée née en Afrique
De prime abord, difficile de percevoir ce que contient cette grosse boîte estampillée « ARTAC ». Mais, une fois déployée, celle-ci se transforme en une petite armurerie contenant tout le nécessaire pour l’entretien et la réparation de tout l’arsenal en service dans les armées françaises, du Glock 17 au fusil de précision SCAR-H PR. Cet atelier, c’est le fruit d’une réflexion entamée il y a 18 mois par le caporal Killian, armurier au sein de la base aérienne 105 d’Évreux. Une base qui accueille la 64e escadre de transport, l’escadre aérienne de commandement et de conduite projetable, mais aussi le groupe aérien mixte 56 Vaucluse, composante aérienne du service action de la DGSE. 
 

ARTAC ne naît pas dans l’Eure mais à quelques milliers de kilomètres de là, au cours d’une mission au Niger. Sur le théâtre africain, ce touche-à-tout passionné d’armes est chargé de soutenir des sites isolés, généralement situés à deux heures de vol de l’emprise principale. « En tant qu’armurier, j’y étais confronté à des problématiques liées à la maintenance sur le terrain. Le sable et la poussière, conjugués à un usage régulier peuvent se traduire par entre 10 et 20% d’armements défaillants au bout d’un mois d’opération, ce qui devient problématique en cas de contact avec l’ennemi ». 

 

Toute casse, panne ou entretien nécessite alors un aller-retour jusqu’à la base principale, soit une paralysie de 48 heures pour une intervention de 15 minutes. « Cela correspondait à une quinzaine de personnels par semaine et par site isolé bloqués sur ma base », souligne le caporal Killian. Et autant de postes temporairement vacants en « première ligne ». ARTAC est issu de ce constat. « Il y avait vraiment une solution à apporter avec pour but de déplacer toute une armurerie sur le terrain, au plus près de nos forces », explique le caporal Killian. Pour faire venir l’armurerie à l’opérateur et non plus l’inverse, ce dernier a alors l’idée de condenser tout le matériel nécessaire dans une caisse de 1 m3 aérotransportable, largable par avion, transportable par un buggy ou un pickup des forces spéciales. « Cela apportera une capacité de réparation immédiate de tout type d’arme dès l’ouverture de théâtre et sur tout type de terrain ». 

 

Comme souvent dans l’innovation participative, la persévérance est la clef. Passée l’incrédulité des premières ébauches, ARTAC est présenté à la cellule innovation de l’armée de l’Air et de l’Espace. Pari gagné, la Direction générale de l’armement (DGA) et de l’Agence de l’innovation de défense (AID) débloquent dans la foulée 15 000€ pour réaliser un prototype avec l’aide des équipes techniques de la base aérienne 204 de Bordeaux-Beauséjour et pour progresser sur plusieurs évolutions. 

 

Ce travail d’équipe « permet aussi de mettre en avant ces savoir-faire internes et de montrer qu’il n’est pas toujours nécessaire d’externaliser ». Confié à un acteur privé, le seul volet d’étude du projet aurait coûté 10 fois le coup de pouce financier alloué, estime le caporal Killian. ARTAC est breveté depuis quelques semaines, une fois encore avec l’aide de la DGA. 

 
SOFINS-2023-ARTAC-larmurerie-au-contact- Après le prototype exposé au SOFINS, ARTAC pourrait évoluer vers un atelier hybride de soutien d’armes et de drones
 
Régénérer armes et drones
 

Dans cet atelier mobile, un plan de travail de 2,1 m dimensionné pour la réparation de six fusils d’assaut en simultané. « Le gain opérationnel est énorme pour l’armurier, donc pour les forces qu’il soutient ». ARTAC permet la réparation et le nettoyage mais aussi des actions d’expertise et de détection des micro-fissures grâce à l’endoscope et aux binoculaires compris dans le lot. Modulaires, évolutifs, ses tiroirs contiennent tout l’outillage et les pièces nécessaires à chaque type d’arme. Une fois repliés, les modules et tiroirs reviennent s’intégrer à la caisse. Moins de deux minutes suffisent pour une mise en place et un retrait par un unique opérateur. 

 

Et le caporal Killian a pensé à chaque détail. La caisse comprend ainsi deux roulettes pour le transport. Ne reste qu’à la basculer pour la manoeuvrer comme n’importe quel diable. ARTAC est aussi autonome en énergie, soit grâce à un kit de panneaux solaires, soit par une batterie intégrée rechargeable grâce aux panneaux ou sur secteur. « Cela va notamment permettre d’alimenter tout mon éclairage ». Utile lorsqu’il s’agit de travailler de nuit pour ne pas retarder la mission en cours. 

 

Le modèle exposé au SOFINS « n’est qu’un premier prototype, il y a des choses à revoir. L’objectif sera de pouvoir le tester dans nos avions avec nos forces spéciales et nos armuriers afin de déterminer ce qui ne va pas et de pouvoir rectifier le tir avec un second prototype ». Entre autres évolutions, l’abaissement du plan de travail, la réduction de sa profondeur, l’ajout d’un caoutchouc plus épais pour absorber les chocs et magnétique pour éviter les pertes de petits objets. 

 

En coulisses, le caporal Killian travaille déjà à une version hybride capable de prendre en charge l’armement et les drones utilisés lors des opérations spéciales. Une autre idée remarquable, la seule provenant de l’armée de l’Air et de l’Espace en lice pour le concours SOFLAB, sorte de mini-concours Lépine organisé durant le SOFINS. Et si ARTAC ne fait finalement pas partie des lauréats, le défilé de services étatiques et d’industriels sur le stand dédié suffit à en démontrer le succès.

 

Derrière, ARTAC pourrait un jour dépasser le seul cadre militaire. « Des gammes civiles sont possibles », estime l’armurier. Rien n’empêcherait de le proposer au tir sportif, aux pilotes de drones amateurs, voire pour aux techniciens habitués à travailler en environnements extrêmes. « J’ai eu la visite d’une société spécialisée dans les pipelines au Moyen-Orient. Tout métier technique requérant des opérations de maintenance sur des terrains un peu inaccessibles peut potentiellement être intéressé ». Qu’importe la déclinaison et l’utilisateur, ARTAC a un bel avenir devant lui. D’autant plus à l’heure où les problématiques de soutien des équipements reviennent à l’avant-plan. 

Ya Rab Yeshua.

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