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Influence : les écoles militaires françaises vont doubler leurs capacités d’accueil d’élèves africains


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Ces dernières années, et malgré l’opération Barkhane, la France a perdu de l’influence en Afrique, notamment en Centrafrique, au Mali et, plus récemment, au Burkina Faso. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer, à commencer par celles menées de la Russie, voire de la Turquie et de la Chine. Mais l’une d’elles avait été évoquée, dès 2014, par le général Denis Mercier, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air [et de l’Espace].

Ainsi, avait-il souligné, « tous les chefs d’état-major » des forces aériennes des pays africains liés à la France par des accords de défense étaient à l’époque issus des « rangs de notre École de l’Air ». Ce qui constituait une « plus-value » en cas de sollicitation des forces françaises tout en offrant un « bon levier d’influence ». Seulement, pour des raisons budgétaires [pour économiser « quelques millions d’euros », avait-il dit ], « on a réduit la voilure », avec des budgets divisés par deux.

« Alors que la France prenait à sa charge les coûts de formation des futurs officiers africains, c’est désormais la Chine qui s’en occupe », avait ensuite déploré le général Mercier, avant de prévenir que « l’effet s’en fera sentir dans quelques années ».

Chef d’état-major de l’armée de Terre à la même époque, le général Bertrand Ract-Madoux, avait établi le même constat. « C’est pour des raisons d’économie que l’on accueille moins de stagiaires africains en France », avait-il confié aux députés Gwendal Rouillard et Yves Fromion, auteurs d’un rapport sur la présence militaire française en Afrique. La formation dans les écoles françaises permet de « développer des relais d’influence » pouvant constituer un « atout […] utile en cas de crise pour améliorer notre réactivité », avait-il soutenu. Aussi, selon lui, il fallait donc accueillir davantage d’élèves africains en France tout en continuant à proposer des formations « sur place ».

Près de dix ans plus tard, le ministère des Armées s’apprête à corriger le tir, comme l’indique le rapport mis en annexe du projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30.

« S’appuyant sur une expertise française reconnue, nos partenariats se nourriront de capacités accrues de formation sur différentes thématiques. Après une longue période de réduction des places dans ses écoles militaires, la France rompt avec cette tendance et va proposer aux pays partenaires, quel que soit leur continent d’appartenance, d’y inscrire en formation de nombreux cadres officiers comme sous-officiers », est-il avancé dans ce document.

Lors d’une audition organisée par la commission des Affaires étrangères, à l’Assemblée nationale, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a évoqué ce sujet. « En Afrique, notre présence n’est plus complétement adaptée pour plein de raisons. La première, déjà, est que, malheureusement, dans les diminutions budgétaires de ces vingt dernières années, on a fermé beaucoup de capacités qui étaient ouvertes aux armées africaines en matière de formation », a-t-il d’abord reconnu, estimant que l’on paye « cher » cette approche parce que « l’intimité opérationnelle n’a pas de prix ».

Pour M. Lecornu, on a « trop diminué » l’offre de formation proposée par les écoles militaires françaises aux pays partenaires. « Je vous proposerai dans la Loi de programmation militaire de multiplier par deux le nombre d’accueils des élèves pour les seuls pays africains avec lesquels nous avons des accords de partenariat », a-t-il annoncé.

« Je crois que, aujourd’hui, on est autour de 300 par an. Et donc, l’idée est d’arriver très vite à remonter pour avoir une cible, au moins pour commencer, à 600, ce qui me semble absolument clé. Et d’ailleurs en ne regardant pas que la cible des officiers parce que la cible des sous-officiers est toute aussi importante », a expliqué M. Lecornu.

Actuellement, l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan compte 90 élèves officiers internationaux [EOI], originaires de 26 pays différents… Et 55% sont Africains… Ce qui donne une idée de l’effort à accomplir.

Par ailleurs, s’agissant de l’évolution de la présence militaire en Afrique, le projet de LPM 2024-30 précise qu’elle vise à répondre pleinement et de manière spécifique aux attentes de chaque pays hôte [c’est à dire le Sénégal, le Gabon, la Côte d’Ivoire et le Tchad].

« C’est ainsi que les bases sur lesquelles des forces françaises sont déployées vont évoluer, avec une présence permanente réduite, mais accueillant davantage de renforts ponctuels spécialisés de forces françaises pour répondre aux sollicitations des pays partenaires. Les domaines émergeants [drones, cyber, etc.] seront par ailleurs davantage présents dans les actions de formation, de coopération et de préparation opérationnelle », indique le texte. « Ces partenariats seront définis en commun et sur-mesure, et comprendront un volet capacitaire en lien avec notre BITD [Base industrielle et technologique de défense], ajoute-t-il.

À ce propos, M. Lecornu entend mettre la pression sur les industriels. « Je le dis de manière diplomate mais il est clair que nous avons des industriels qui ont parfois trop regardé les grands arbres, comme aurait dit [André] Malraux et beaucoup trop peu les partenaires africains », a-t-il dit aux députés. « Et là, pour le coup, il y a un enjeu sur les équipements terrestres. […] Il y a des perspectives en plus à l’export, avec les formations qui vont autour de ces matériels », a-t-il souligné. « Il est clair que l’on doit faire mieux, surtout au moment où d’autres pays commencent à s’approcher de nous et à créer des concurrences auxquelles nos industriels n’étaient pas toujours habitués, il faut bien le reconnaître, et sur lesquelles j’essaie de les stimuler actuellement », a-t-il conclu.

Ya Rab Yeshua.

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