Après le retrait de la force Barkhane, réadapter de toute urgence les réponses sécuritaires

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Comme souhaité par la junte, la force Barkhane a définitivement quitté le Mali il y a un mois pour se réinstaller au Niger. Avec ce départ des soldats français, Bamako a maintenant l’entière responsabilité de la défense de son territoire. Un défi qui sera difficile à relever avec la recrudescence des attaques terroristes. Pour Aliou Diallo, président d’honneur d’ADP-Maliba, il faudra urgemment réadapter les réponses sécuritaires.

Les derniers soldats français ont quitté le Mali le lundi 15 août pour le Niger, où ils s’installeront provisoirement en attendant une réarticulation de la force Barkhane dans le Sahel. Avec ce retrait, l’armée malienne assume dorénavant seule la défense du territoire national, qui s’étend sur 1,24 million km². La mission sera énorme d’autant qu’elle ne dispose pas de l’effectif ni des équipements adéquats. Et cela malgré le soutien de ses nouveaux partenaires comme la Russie.

Des partenaires gagnant-gagnant avec tout le monde

Les attaques terroristes ont d’ailleurs repris avec une plus grande intensité. Elles ont même visé la garnison de Kati, QG de la junte malienne. Face à cette recrudescence, Bamako doit changer de stratégie en toute urgence. Il semble avoir heureusement pris conscience de cette nécessité à l’analyse de l’intervention du ministre malien de la Défense, le Colonel Sadio Camara. Lors de la 10e Conférence (Mcis-2022) sur la sécurité internationale de Moscou, organisée le 16 août 2022, il a indiqué que le Mali, désormais « déterminé et décomplexé », ne souhaite plus laisser une puissance « prétendre à une quelconque exclusivité de la coopération malienne ».

Ce qui signifie que le pays diversifiera ses partenaires. Mais il choisira uniquement « ceux qui ont la capacité et surtout la volonté de coopérer avec lui dans le respect de sa souveraineté et la préservation des intérêts mutuels », a précisé le Colonel Sadio Camara. Se faisant, les autorités de la transition s’alignent sur les propositions d’Aliou Diallo qui avait publié une tribune sécuritaire en octobre 2021 dans laquelle il appelait à multiplier les partenariats. C’était trois mois après l’annonce d’Emmanuel Macron du retrait de la force Barkhane.

Formation, fourniture d’équipements et renseignement

Le président d’ADP-Maliba avait suggéré la junte de profiter du départ des soldats français pour donner au Mali son indépendance militaire en tissant des alliances ici et là. Notamment avec les Etats Unis, la Chine et la Turquie. Le Mali axerait ses alliances « sur la formation, la fourniture d’équipements, le renseignement… le tout, pour la première fois, sous entière souveraineté malienne ! ». Le milliardaire malien a recommandé en outre de recruter massivement les jeunes afin de gonfler les effectifs de l’armée nationale. Celle-ci aura ainsi les moyens de quadriller tout le pays, deux fois et demi plus vaste que la France.

Enfin, Aliou Diallo aimerait qu’on s’attaque aux racines du mal : l’analphabétisme, la pauvreté et le chômage. Ces problèmes constituent un terreau fertile à l’expansion du terrorisme. Pour les résoudre, le PDG d’Hydroma a concocté un plan Marshall dans le cadre de la prochaine élection présidentielle. Ce programme pharaonique de 15.000 milliards de Francs CFA vise notamment la construction des écoles et universités, des forages d’eau, centrales électriques, centres de santé, ponts, routes, usines, etc. Il prévoit aussi le financement massif de l’entrepreneuriat et la modernisation des FAMA.